Le mariage de la nièce

Cette année c’est une des filles de Nabila qui s’est mariée. Omaima est la nièce de Hajer. Elle a fait un mariage tunisien même si son mari est un gentil Français, militaire fringant retraité.

Nous avions prévu ce mariage depuis la France et avions apporté des tenues appropriées pour l’occasion. Pour moi, costume et chemise en lin. Pour Hajer, trop spécifique pour que je puisse mettre des mots sur la chose.

Après plusieurs soirées consacrées au henné et à d’autres activités traditionnelles, la fête proprement dite eut lieu un dimanche soir, dans un espace loué pour l’occasion. Grosse fête digne des comptes Insragram et de la télé réalité. Robe de Sissi impératrice, musique de DJ professionnel, voiture de luxe allemande. Rien n’était trop beau pour faire oublier la pauvreté et la précarité des situations économiques actuelles.

On me demanda comment mon mariage s’était déroulé. Oh moi, c’était loin d’être aussi grandiose. Nous nous sommes mariés petitement, dans la ferme des parents à Ftiss. Avec les chèvres et les poules. Il y avait tous les habitants du villages mais ce n’était pas aussi somptueux. Intérieurement j’ajoutais pour moi-même : ce n’était pas aussi cher surtout.

Car ce que je voyais ce soir-là me paraissait incroyablement onéreux. Ce doit être mon côté européen coincé et rigoriste. Je ne pouvais me sortir de la tête les coûts exorbitants de tous ces dispositifs. Il doit y avoir une justification anthropologique pour ces dépenses somptuaires. Je pensais à Georges Bataille et aux phénomènes de Potlatch.

Puis j’ai pensé : les plus riches et les plus pauvres d’entre nous tiennent à se marier dans des fêtes qui en mettent plein la vue. Finalement, il n’y a que les mediocres de la classe moyenne, dont je fais partie, qui valorisent les petites fêtes intimes et bucoliques.

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