Le malaise des internationaux en Allemagne

Les journalistes allemands rapportent que de plus en plus d’experts venus d’ailleurs font leurs bagages et retournent d’où ils viennent. Que ce soit des scientifiques allemands voulant renouer avec leurs racines ou des chauffeurs de taxi mexicains, ils se heurtent à des conditions de vie et de travail inacceptables en comparaison de ce qu’ils ont connu ailleurs.

Les journaux s’inquiètent de cet état de fait car l’économie allemande, même en récession, a un besoin vital de main d’oeuvre étrangère, à tous les niveaux de la vie active. Des ingénieurs jusqu’aux aides soignantes, le pays vit sous perfusion de l’immigration.

On pourrait croire que ce serait plus facile pour les Allemands qui, comme le sage précaire, se sont expatriés et voudraient revenir dans la mère-patrie. Hélas, c’est tout aussi dur pour eux et ils préfèrent renoncer. Der Spiegel, le célèbre hebdomadaire d’actualité, rappelle que depuis vingt ans, il y a chaque année plus d’Allemands qui partent que d’Allemands qui reviennent.

Pourtant, autant que je puisse en juger, la qualité de vie en Bavière est excellente. On mange bien, les villes sont riches de biens culturels et artistiques qui remplissent avantageusement les journées, on y circule à vélo, les transports publics sont efficaces…

La Précarité du sage va encore devoir mouiller la chemise pour découvrir le fin mot de l’histoire.

4 commentaires sur “Le malaise des internationaux en Allemagne

  1. Citations d’une chronique « Temps Morts » parue dans Les Inrockuptibles à la fin du XXe siècle

     » Voici comment se déroule la vie de l’Allemand. Pendant sa jeunesse, pendant son âge mûr, l’Allemand travaille (généralement en Allemagne). Il est parfois au chômage, mais moins souvent que le Français. Les années passant, quoi qu’il en soit, l’Allemand atteint l’âge de la retraite ; il a dorénavant le choix de son lieu de résidence. S’installe-t-il alors dans une fermette en Souabe ? Dans une maison de la banlieue résidentielle de Munich ? Parfois, mais en réalité de moins en moins. Une profonde mutation s’opère en l’Allemand âgé de cinquante-cinq à soixante ans. Comme la cigogne en hiver, comme le hippie d’âges plus anciens, comme l’Israélien adepte du Goa trance, l’Allemand sexagénaire part vers le sud. …  »

     » Structurellement, la vie de l’Allemand évoque donc d’assez près la vie du travailleur immigré. Soit un pays A, et un pays B. Le pays A est conçu comme un pays de travail ; tout y est fonctionnel, ennuyeux et précis. Quant au pays B, on y passe son temps de loisir ; ses vacances, sa retraite. On regrette d’en partir, on aspire à y retourner. C’est dans le pays B qu’on noue de véritables amitiés, des amitiés profondes ; c’est dans le pays B qu’on fait l’acquisition d’une résidence, résidence qu’on souhaite léguer à ses enfants. Le pays B est généralement situé plus au sud.

    Peut-on conclure que l’Allemagne est devenue une région du monde où l’Allemand n’a plus envie de vivre, et dont il s’échappe dès que possible ? Je crois qu’on peut conclure. … »

    Michel Houellebecq. Repris dans « Interventions », édition de 2020. Je l’ai en numérique, et je peux partager.

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  2. Bonjour Guillaume,

    Je viens de lire tardivement ce billet. Un peu nuance, selon moi, sans toutefois contredire qu’en Bavière – et même en Allemagne d’une manière générale – « On mange bien », comme le rapporte ce billet datant du 09 octobre dernier. Personnellement je trouve que l’équilibre alimentaire fait plutôt défaut un peu partout en Allemagne, c.à.d., un bon rapport entre consommation d’aliments riche en protéines, vitamines et énergie+sels minéraux. Dans ce pays il ‘y pas beaucoup de choix dans des supers marchés. Prééminence des viandes (saucisses+charcuterie), presque pas des poissons ou alors très onéreux, moins des légumes, trop d’aliments transformés et sucrés et/ou salés. C’est quand je suis là-bas que je réalise qu’en France on mange bien (ce n’est pas du chauvinisme:-). À ce sujet, ailleurs, au royaume-uni ce n’est pas top non plus. Espagne, Portugal et Italie sont plutôt comparables à la France. Malheureusement je n’ai pas les données nationales sanitaires de la population allemande pour voir le taux d’obésité et surpoids, maladies cardiovasculaires, hypertension, … dont l’alimentation peu équilibrée serait le déterminant majeur. Bonne semaine

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