Dans les montagnes d’Arabie. De Baljuraishi à Al Namas

Al Namas, « Heritage Village »

Saïd me conduit sur les routes de montagne. À nouveau, je pique du nez. Je ne suis pas dans ces montagnes depuis très longtemps et l’altitude continue à rendre ma respiration un peu difficile. À cause de cela, j’ai mal dormi la nuit dernière : je me réveillais fréquemment à cause d’une sensation d’étouffement.

Quand la voiture roule, je suis bercé, et je m’endors par moments. Je suis un peu navré vis-à-vis de mon camarade Saïd qui mériterait au moins que je lui tienne compagnie et discute avec lui.

Nous arrivons en fin de journée dans une ville dont je n’avais jamais entendu parler auparavant : Al-Namas. C’est là que je vais passer la nuit. Je remercie Saïd, qui me dépose à la porte d’un hôtel.

À l’hôtel, je prends une douche, le change et je décide d’aller visiter le centre-ville d’Al-Namas. En sortant, je m’aperçois qu’il fait frais. Pourtant, nous sommes fin juin, en Arabie Saoudite, l’un des pays les plus chauds du monde. Mais ici, il convient de s’habiller pour ne pas attraper la mort. Je préfère retourner dans ma chambre pour prendre une petite veste et un foulard que j’avais emportés par précaution, sachant que je me rendais en montagne.

Toujours un peu vaseux, je commence à marcher dans le centre-ville. J’ai immédiatement une bonne impression. La ville semble dotée de nombreuses maisons à l’architecture intéressante, probablement vernaculaire, mêlant pierre et terre. Il y a aussi beaucoup de monde dehors. On sent une vie quotidienne animée et bon enfant, faite d’un mélange de populations : Arabes, immigrés, travailleurs originaires du sous-continent indien, qui sortent du travail en cette fin de journée.

Il règne une atmosphère détendue, une vie de café, de discussions sur les trottoirs, de rencontres après le travail. Les gens dînent tard, je suppose, car tous les restaurants sont vides entre 18 et 19 h00.

Après avoir marché un bon moment, mon regard est attiré par des bâtiments anciens. Il s’agit d’un vieux quartier qui a été rénové avec soin. Je ne sais pas s’il faut une autorisation pour y entrer, car il semble y avoir des installations à traverser, mais je décide de tenter ma chance. Des travailleurs me voient passer et ne me disent rien, alors j’explore un peu.

C’est bien une vieille ville, un centre historique agréable à parcourir, avec de nombreux petits commerces : cafés, souvenirs, produits locaux. Il semble que ce soit un quartier pensé pour le tourisme, mais un tourisme essentiellement local. Pour l’instant, je ne croise pas de visiteurs.

La scénographie du quartier est soignée : des tapis suspendus au-dessus des allées, des portes traditionnelles assemblées en une sorte de grande paroi, comme une toile abstraite et géométrique. L’ensemble est de bon goût. Je me demande qui est responsable de cette mise en scène.

Je croise plusieurs personnes qui semblent y travailler. À un moment, un Saoudien m’aborde, me salue et me serre la main. Il me demande comment je vais et ce que je fais ici. Il me demande si je suis commerçant, si je travaille dans le quartier.

Quand il comprend que je suis simplement de passage, il m’explique que je n’ai pas le droit de me trouver là. Ce n’est pas un quartier ouvert, mais un village patrimonial encore en rénovation, en préparation pour une grande fête prévue le lendemain.

Il m’invite pourtant à revenir. Il me dit : « Revenez demain, vous êtes invité parmi les VIP pour la grande soirée. »

J’apprendrai plus tard qu’une fête est organisée en l’honneur du gouverneur de la province, l’émir. Je ne sais pas s’il s’agit de son anniversaire ou d’un autre événement, je n’ai pas bien compris. Mon arabe n’est pas encore assez bon.

Je ne promets rien mais assure que si Dieu le veut, je serai là en chair et en os.

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