Le Pays où l’on n’arrive jamais: la couverture

L’édition en livre de poche en vente dans les années 1980

Ce roman a connu un succès considérable depuis sa parution, en 1955, donc les rééditions ont été nombreuses, de même que les couvertures. Un jour je ferai une analyse comparée des principales images de couverture du Pays où l’on n’arrive jamais.

Aujourd’hui, c’est celle de mon enfance que je veux mettre en avant. Je ne l’ai jamais vraiment aimée mais elle m’a probablement marqué.

Deux enfants courent sur une colline, accompagnés d’un cheval blanc, et en contrebas, au loin, se distingue une rivière ou un bord de mer.

Le ciel est sombre car c’est la nuit ou le matin. Plutôt le matin si j’en crois la luminosité de la ligne d’horizon.

Les enfants courent-ils pour fuir quelque chose ou par pure excitation ?

Toutes ces incertitudes sont importantes car elles sont au cœur du roman. Le pays dont il est question dans le titre n’est pas un pays merveilleux mais un vrai paysage, concret et cartographié, qui a été approché par des consciences altérées et émerveillées.

L’art de Dhôtel est de nous mettre en état de ne plus savoir si on verra la mer ou la rivière derrière la colline. Si l’enfant qui est apparu en pleine fugue est un garçon ou une fille. S’il est possible ou non que des arbres tropicaux puissent pousser dans les forêts des Ardennes.

10 commentaires sur “Le Pays où l’on n’arrive jamais: la couverture

    1. Alors là… Aucune idée.
      Mais ce serait bien de lui dire combien ce livre m’a marqué. Ça lui ferait peut-être plaisir.
      Et aussi ce serait intéressant de savoir ce qui l’a conduit à nous faire lire ce roman. Nous avons probablement une passion en commun.

      J’aime

      1. J’avoue ne pas avoir lu d’autres ouvrages de Dhôtel, mais tes article m’incitent à le faire. Je ne me souviens plus de ce roman , ou très peu. Je me rappelle vaguement avoir étudié aussi l’or de Cendrars. Le dernier livre étudié au niveau scolaire le fut en B.T.S et c’était « l’oiseau bariolé » de Kosinski.

        Aimé par 1 personne

  1. C’est marrant, j’ai très peu de souvenirs précis du Pays où l’on n’arrive jamais, alors que ce livre m’a marqué définitivement, comme toi je crois. Il faudrait peut-être que je le relise.

    Mes souvenirs sont plutôt des impressions : il y avait cette histoire un peu bizarre d’enfants moitié fugueurs à la Alain-Fournier, moitié romanichels à la Hector Malot ; je retiens aussi une certaine inquiétude, peut-être la peur de ces adultes usurpateurs qui volent des enfants en leur faisant croire qu’ils sont leur père… Il y avait aussi un sentiment três puissant, mais qui n’a pas de nom en français, la nostalgie de ce qu’on a oublié, le sehnsucht des romantiques allemands. Il y avait aussi la campagne des Ardennes et de la Meuse, une campagne vivante, mystérieuse, pleine de replis, pas ennuyeuse du tout, qui pour moi communiquait avec la campagne auvergnate d’Henri Pourrat dans Gaspard des montagnes.

    Mais ce qui a été déterminant pour moi, c’est que ce bouquin donnait un tour extrêmement romanesque à la pratique de la promenade, randonner devenait tout autre chose que du « sport nature » : une aventure, un exploration des confins du rêve et de la mémoire. C’est un livre qui m’a énormément fait marcher.

    J’ai d’ailleurs trouvé mon propre grand pays, c’est un pays qui se trouve au-dessus de Retournac en Haute-Loire, quand on débouche de la vallée de la Loire par les pentes du Gerbizon, il y a là un grand espace tout bosselé, plein de lumière et de lointains bleutés, on n’y arrive jamais mais on y est.

    Aimé par 1 personne

    1. D’ailleurs cette histoire de randonnée résonne beaucoup avec ce que, à la même époque, les situationnistes appelaient les dérives urbaines. Dhôtel est trop peu souvent relié à son temps, aux mouvements de son temps, parce qu’il semble se tenir en dehors des modes.

      J’aime

Répondre à florentbrossard72 Annuler la réponse.