Ce billet me coûte beaucoup. J’ai un peu honte de l’écrire, et par conséquent, j’ai du mal à l’écrire. Mon problème est le suivant : il est des choses trop belles pour moi, trop extraordinaires pour la sagesse précaire.

À Haïl, j’ai eu la chance de visiter le Musée Régional, qui n’est pas encore ouvert au public. C’est la grande institution culturelle de la région, et elle sera consacrée principalement à l’archéologie. Le musée présentera l’art rupestre, les gravures et inscriptions des peuples qui habitaient la région depuis le Néolithique. Cela m’a immédiatement rappelé mes explorations de l’année dernière à Bir Hima (Najran), un site classé à l’UNESCO. Le personnel m’a d’ailleurs confirmé que ce musée évoquera aussi Bir Hima, et plus largement l’archéologie de toute l’Arabie, avec probablement des liens internationaux. À voir l’ampleur du projet, je suis convaincu que ce sera un lieu important à visiter pour mes amis archéologues.
J’ai appris que la région de Haïl compte aussi des sites archéologiques classés à l’UNESCO. On m’a proposé de visiter Jubbah dès le lendemain, mais pas Shuwaymis, trop éloigné pour eux, nécessitant un 4×4 et une journée entière de route. C’est finalement Mohamed, un membre du musée, qui m’y a conduit.

À Jubbah, j’ai connu une petite déception. Mon point de comparaison restait Bir Hima, et ici, l’expérience était moins forte. La visite commence par un centre d’accueil où un guide récite son texte appris par cœur et où l’on nous fait voir un film, alors que l’on voudrait simplement accéder au site. Tout s’explique ensuite : sur place, il y a finalement peu à voir. On a installé des escaliers métalliques et des passerelles pour donner accès à la gravure principale, impressionnante certes, mais d’à peine un mètre sur deux. En dehors de cela, quelques chameaux et scènes de chasse, mais rien de plus.

Le lendemain à Shuwaymis, ce fut encore plus long et plus frustrant : plus de sept heures de route aller-retour pour un site au contenu limité. Entendez-moi, c’est probablement un site merveilleux pour ceux qui s’y connaissent. Par exemple il y a ce lion gravé dans la roche, unique en Arabie, vieux de plus de 7 000 ans, et c’est exceptionnel. À n’en point douter.
Mais, comment vous dire, visiter ce site archéologique présente quand même quelque chose de décevant, et cela m’embête beaucoup de l’écrire. Pour donner un élément de comparaison, cela est un peu analogue à un voyageur peu connaisseur en peinture qui ferait des heures de route en Belgique pour atteindre un village sans charme particulier, dont la seule attraction serait pour une petite fresque authentique d’un Primitif flamand. Pour un passionné qui a tout son temps, cela vaut le détour. Pour un visiteur non spécialiste, c’est beaucoup demander.

Cela dit, je ne considère jamais ces journées comme perdues. Le voyage et la découverte font partie du plaisir, même quand l’intérêt scientifique dépasse l’intérêt visuel immédiat. Simplement je ne recommanderais pas forcément ces excursions à tous mes lecteurs.
À ce titre, le projet de regrouper ces témoignages dans un musée prend tout son sens : cela permet de donner une vision d’ensemble sans imposer ces longs trajets.





Un moment inattendu m’a cependant enchanté : après Jubbah, Mohamed m’a emmené dans un village oasis voisin, où un homme avait transformé une vieille maison en musée privé. La bâtisse en terre avait beaucoup de charme, et l’intérieur ressemblait à une caverne d’Ali Baba. Sur les murs, des tapis Sadu. Dans les vitrines, des pièces d’argent anciennes, des armes, des pointes de flèches, et, de toute évidence, des objets archéologiques récupérés sans autorisation sur les sites.
J’adore ces musées privés qui couvrent l’Arabie, beaucoup plus nombreux en Arabie Saoudite qu’en Oman d’ailleurs. Ces petites structures sont souvent pleines de passion et d’émotion.
Rien n’était vraiment mis en valeur ni présenté scientifiquement, mais l’ensemble avait une force et une atmosphère qui m’ont davantage marqué que les sites archéologique classés au patrimoine mondial de l’humanité.
Tes musées privés me font penser au musée bricolatoire de mes libraires australiens de Saint-Denis (Galerie Cannibal Pierce)…
J’aimeAimé par 1 personne
Ah ? Mine d’or en perspective. Attention St Denis, le sage précaire arrive.
J’aimeAimé par 1 personne
Un souvenir :
J’aimeAimé par 1 personne
C est vraiment extraordinaire ces découvertes Wouah Émue Hâte que tu nous livres tous ces trésors A très bientôt T embrasse Françoise
Actualités
A LA GALERIE : > 20 décembre : Alain Pouillet, Esperanto
A LA MAISON GALERIE : > 20 décembre : Alain Pouillet, Les portes de Lumière
A LA PETITE GALERIE : > 20 décembre : Alain Pouillet, Cabinet d’art graphique, volet 1
Actualités des artistes
Guénaëlle de Carbonnières > 28 septembre : Le passé est l’inventaire du futur, Jardins de Montperthuis, Chemilli, dans le cadre du parcours* Art et patrimoine en Perche* *> *15 novembre 2025 : L’éclosion du visible, cabinet de curiosités #13, collective, commissariat Guénaelle de Carbonnières, Galerie Valérie Eymeric, Lyon
Jean Charasse > 18 décembre 2025 :* La galerie fête ses 30 ans, *collective, Galerie Art Dialogue, Marseille 13007
Christine Crozat > 2 novembre : *l’atelier d’Eric Seydoux, éditeur et imprimeur en sérigraphie, *collective, au musée départemental Henri Matisse, Palais Fénelon, Le Cateau-Cambrésis
*Marine Joatton * > du 19 septembre au 20 décembre : *payimages : images de paysages, collective, *Musée Robert Dubois-Corneau de Brunoy (Essonne)
*Yveline Loiseur * > au 21 septembre : *Ce qui reste, *collective, espace Cornil musée municipal Paul Dini, Villefranche s/Saône
Xiaojun Song *> *du 19 au 21 septembre : *Pan Gu, Initial infini, *JEP Immeuble les Érables, quartier de la Duchère; Lyon 9ème
J’aimeAimé par 2 personnes