J’ai reçu le premier exemplaire broché de Lettres du Brésil. Le colis est arrivé par la poste, comme tous les livres que j’achète sur la librairie online. Ce livre-là, on ne le trouvera pas souvent dans les librairies en dur, car les librairies indépendantes n’aiment pas trop les livres indépendants.
Au début, je voulais juste publier un petit texte en version numérique. Je me suis alors aperçu que de nombreux lecteurs préfèrent encore le papier. Soit, je me suis plié à leur exigence, et j’ai proposé le même texte sur le site CreateSpace, une filiale d’Amazon qui permet de voir son livre vendu sur les sites de tous les pays où le libraire étend son empire.
La méthode utilisée est celle de PAD, « Publication à la demande ». A la réflexion, je ne sais pas si ça s’appelle comme ça. C’est une technique venue d’Amérique. En anglais, on dit POD (Print On Demand). Il s’agit de fabriquer un livre quand on l’achète, plutôt que d’imprimer un stock de livres à écouler.
On va me dire qu’il y a là-dessous je ne sais quel projet maléfique. Que cette technologie met au chômage ceux qui faisaient autrement, que cela fait déchoir le livre, la culture et la civilisation. On va me dire que je collabore avec des néonazis.
Ce que je voudrais simplement rappeler, c’est que l’auteur ne paie pas un centime dans ce processus. L’auteur fixe le prix du livre, sachant qu’un minimum est requis car l’imprimeur se paie sur chaque vente.
Quand on reçoit le bouquin, c’est une assez grosse surprise. On le trouve très gros : plus de 300 pages alors que c’était un texte plutôt court. Alors on cherche des qualités à ses défauts : c’est écrit en gros caractères, ce n’est pas plus mal pour celles et ceux dont la vue baisse. Après ce livre est constitué de lettres envoyées à un père qui avait de plus en plus de mal pour lire, et qui utilisaient des loupes à la fin de sa vie.
Sans le vouloir, CreateSpace a réalisé aveuglément un objet qui aurait peut-être plu à mon père.












