Le témoignage d’un sage : Rony Braumann

C’est un homme de confession juive qui est né en Israël et qui a grandi dans une adhésion naturelle au projet sioniste.

Son récit de vie est intéressant et sa manière de mettre en perspective sa biographie intellectuelle est passionnante.

L’entretien que je mets ici en ligne est l’épopée d’une conscience qui se libère de ses dogmes et qui cherche une voie droite dans un monde tordu.

Commission d’enquête parlementaire sur CNews : un exercice démocratique

J’ai apprécié de voir ces quelques députés poser des questions, calmement, aux patrons du groupe Canal, de CNews et à trois animateurs d’émissions. L’ambiance de travail était bonne, tendue comme il sied, avec des critiques, des reproches et des remarques acerbes, mais avec politesse et une remarquable tenue des temps de parole.

Le sage précaire a beau être précaire, il est un peu rigide et autoritaire dans son fonctionnement, et il aime que les choses se passent dans la discipline.

Le grand problème est naturellement qu’un homme d’affaire richissime, multi-milliardaire, possède des médias influents, les téléguide et manipule à travers eux l’opinion du peuple. Cet homme, Vincent Bolloré, est possiblement dangereux pour la démocratie et à tout le moins une anomalie dans une république qui se définit comme « démocratique, laique et sociale ». Son

Ils battent leur coulpe à propos d’une émission pro-catholique qui venait de qualifier l’avortement comme première cause de mortalité dans le monde, devant les cancers. À quelques jours du vote sur la constitutionnalisation de l’avortement, cela faisait mauvais effet. De fait, la critique de l’avortement est légitime, mais le comparer à un meurtre de masse vous fait passer pour un réac d’extrême droite, c’est ballot. Alors ils ont présenté leurs excuses et sont venus à cette audition en renouvelant leurs excuses.

Le rapporteur de la commission, député LFI Aurélien Saintoul, en a alors remis une couche en leur disant que l’émission en question était très anti-avortement dans son ensemble et en cohérence avec le graphique incriminé qui associait l’avortement à un meurtre.

Ce député, je ne le connaissais pas et il m’a impressionné. Sur Wikipedia, on apprend que le citoyen Saintoul est agrégé de lettres classiques mais au vu des dates de sa jeune vie, il semble qu’il n’ait pas beaucoup enseigné. En tout cas il a bien tenu son rôle de rapporteur et il a posé de bonnes questions à des vieux loups de mer de la télé. Ces questions les ont tous tellement énervés que la presse de droite ne retient pas ses coups contre Saintoul et ses camarades députés. Les journalistes avaient pensé venir dérouler leurs argumentaires et story-telling pour enrubanner les petits députés, mais ils furent blessés de voir les députés leur demander de répondre aux questions. Ils furent blessés parce que d’ordinaire c’est leur travail d’empêcher les politiques de noyer le poisson.

Cette audition était donc un bon moment d’instruction politique et de divertissement médiatique : l’arroseur arrosé, le gag marche du tonnerre depuis le film des frères Lumière. Pour le coup, les deux vidéos de deux heures de commission parlementaire sont plus marrantes à écouter que nombre d’interviews politiques menées par de hargneux journalistes cherchant bêtement à destabiliser Mélenchon, Zemmour, Villepin ou un macroniste.

J’ai aimé qu’on aborde frontalement les procédures « bâillons » qui consistent à donner de l’argent à des employés pour qu’ils se taisent jusqu’à leur mort concernant l’organisation de l’entreprise. Des centaines de personnes harcelées par Bolloré et ses hommes de main ont été brisées, puis virées, et en échange de cent cinquante mille euros, on leur dénie le droit de parler, de témoigner, d’informer. C’est choquant à bien des égards quand on sait combien les gens ont besoin d’argent. Pour le milliardaire, ces sommes sont des gouttelettes qu’il asperge négligemment sur la populace. Vous voulez cet argent ? Promettez-moi de vous taire à jamais et il est à vous.

Jean-Christophe Thierry : C’est parfaitement légal ! Je suis vraiment surpris par ce type de commentaire.

Aurélien Saintoul : Vous avez le droit d’être surpris. En l’occurrence cela ne change rien à mon propos. Je trouve curieux qu’on puisse se poser comme le principal défenseur de la liberté d’expression et d’utiliser tous les moyens légaux à disposition pour réduire l’expression des journalistes.

Audition de la commission parlementaire, 1:12:00.

Très bien envoyé, la réplique est juste et précise. Et c’est la raison pour laquelle tous ceux qui militent contre la gauche sont furieux et traitent cette commission de tous les noms. On parle de flics, de dictature, d’interrogatoire, etc. J’ai l’habitude de me faire insulter moi aussi quand je découvre et mets au jour des saloperies dans des textes littéraires. Les réactions sont généralement de l’ordre du scandale : mais comment osez-vous, vous qui n’êtes rien, dévoiler une vérité ?

Une autre séquence de cette commission fut pour moi très intéressante. Le député Aymeric Carron, lui aussi habitué aux insultes en dessous de la ceinture, pose des questions au chef de CNews, non pas aux journalistes : combien y a-t-il de morts à Gaza ? Vous ne le savez pas et pourtant le chiffre de 30 000 morts barre toute la une de Libération. « Vous qui dirigez une chaîne d’infos, vous ne lisez pas la presse. »

Ce qui est important ici est de démontrer que CNews défend outrageusement les crimes d’Israel et fait le silence sur la tragédie de Gaza. Position idéologique qu’on a le droit de tenir, mais sur une chaîne d’opinion d’extrême-droite, privée, et non sur une chaîne d’information diffusée gratuitement sur un canal de la TNT.

Carron pose ensuite les questions suivantes : est-ce que vous dénoncez les meurtres de journalistes par l’armée israélienne ? Est-ce que vous dénoncez la censure du gouvernement israélien qui interdit aux journalistes étrangers de couvrir la guerre à Gaza ? Naturellement, le patron de chaîne de répond pas, essaie de noyer le poisson, et passe la parole à un collègue. Mais c’était un coup de génie de demander s’il était capable de dénoncer puisque ce fut la question lancinante pour déstabiliser la gauche, à savoir de demander une dénonciation du Hamas.

Comme Monsieur Nedjar n’a pas répondu, au bout de l’audition, après deux heures et quarante-deux minutes d’échanges, le rapporteur Saintoul repose les questions. Condamnez-vous la censure et les meurtres de jounalistes dont Israel se rend coupable ? Là encore, refus de répondre et gêne. Le député doit s’y reprendre trois fois pour obtenir la réponse que M. Nedjar « condamne la mort de tous les journalistes, et au-delà des journalistes, de tous les êtres humains qui se trouvent d’un côté ou de l’autre de la frontière. » Chacun y verra ce qu’il veut. Moi je décide d’y voir une volonté de ne jamais critiquer Israel, quelles que soient ses exactions et ses crimes. D’autres interprèteront différemment ces paroles.

Ce qui est certain, en définitive, c’est que les députés de tous bords ont su se rendre indispensables aux débats de notre temps. Des choses ont pu être dites ici qu’on n’a jamais entendues ailleurs, et cette audition constitue un document d’archive important pour prendre des décisions sur l’emprise des médias par l’extrême-droite. Chacun peut dorénavant se positionner en fonction de ses biais idéologiques.

Décompte de L’Heure des Pros sur CNews sur la journée d’hier

Tous les jours, CNews propose matin et soir une émission qui commente l’actualité. Cela donne un panorama de ce qui importe dans notre monde, pour éclairer l’honnête homme.

Mercredi 21 février 2024. Deux émissions de « débat » animées par le même Pascal Praud. Une heure le matin, une heure le soir. Bilan et florilège.

Émission du matin

  • « CNews : le problème c’est que ça marche ». 26 minutes
  • Invité : Henri Guaino. 10 minutes
  • Judith Godrèche et l’emprise. Intervention de la psychologue Marie-Estelle Dupont. 10 minutes
  • Intermède conversationnel avec H. Guaino sur De Gaulle. 1’30
  • La ménopause. Intervention d’un médecin. 10′

Émission du soir

  • Panthéon. Hommage à Missak Manouchian. Marseillaise : 9’30 »
  • « CNews : le problème c’est que ça marche ». 21′
  • Mobilisation des agriculteurs. 6’30
  • Notion d’arc républicain. 4’30
  • Gérald Darmanin dans Paris Match (propriété du milliardaire Bolloré, comme CNews). « Interview remarquable » de L. Ferrari (employée aussi sur CNews). 4’30
  • Gérard Miller encore accusé de viol. 2’30
  • Valérie Bonneton dit du mal de la région Nord. Défense du Nord, et chant de supporters Lensois sur l’air des Corons de Pierre Bachelais. 3′
  • Drame : un homicide à Nîmes. 2′
  • Décès de Micheline Presle à 101 ans. 5′

Bilan

45 minutes consacrées à l’autopromotion et à la défense de CNews.

Les étrangers sont responsables de l’insécurité, sauf quand ils meurent pour la France.

« Nous, contrairement à d’autres, nous respectons la présomption d’innocence » : Gérard Miller est un violeur et Gérald Darmanin un bon père.

Omissions. Ce qui s’est passé la veille et le jour même

Les bombardements d’Israël sur Gaza.

L’opposant russe Navalny est trouvé mort. Sa femme, sa fille et sa mère prennent le relais de la contestation à Poutine.

L’Heure des Pros, sur CNews

Je regarde parfois l’émission animée par Pascal Praud sur CNews parce qu’elle me divertit. Elle me divertit parce qu’elle me fait tantôt rire tantôt réfléchir.

Je la regarde avec la même attention que je prêtais aux prêches d’Éric Zemmour sur la même chaîne, avant que l’étoile de l’idéologue d’extrême droite ne pâlisse. Je la regarde pour savoir comment pensent les ennemis de la France. Une idéologie délétère s’impose en France, qui brutalise les pauvres et divise les Français, un néo-fascisme pour dire le mot, et il importe de connaître ses armes, ses méthodes et son style, pour répliquer de manière convaincante à ceux qui pourraient être séduits.

C’est parce que je regarde cette chaîne que je peux témoigner sans hésiter de son inscription dans le projet d’extrême droite. Pour être plus précis, la chaîne et son propriétaire, le milliardaire Vincent Bolloré,  militent explicitement pour « l’union des droites », c’est-à-dire de l’absorption de la droite par l’extrême-droite.

L’idéologie à l’œuvre dans les émissions repose sur quelques certitudes qui n’ont jamais le droit d’être même discutées :

  • Le principal problème de notre pays vient des immigrés.
  • Les inégalités sont bonnes car elles sont le reflet de notre liberté.
  • Il ne faut pas toucher aux milliardaires.
  • Israël doit être défendu sans nuance.
  • L’extrême-droite n’existe plus depuis la guerre. Seules des nuances de droite existent.
  • La gauche doit être nommée extrême gauche.
  • La seule gauche qu’on peut nommer comme telle (et qui peut respecter) est constituée par les anciens du PS, le printemps républicain, les laïcs, bref ceux qui sont compatibles avec le projet de l’union des droites.
  • Le service public est d’extrême gauche et se sert de notre argent pour imposer sa propagande wokiste, islamo-gauchiste et antisémite.

En dehors de ces points, on peut discuter de tout. Préférer Poutine ou Zelinsky ? Trump ou Biden ? Macron, Hollande ou Sarkozy ? Sardou ou Johnny ? On est libre d’en penser ce qu’on veut et on en débat volontiers.

Les chroniqueurs qui s’autoproclament de gauche ne sont que l’alibi nécessaire pour prétendre que la chaîne respecte son devoir de pluralisme. Ces gens dits « de gauche » ne se permettent jamais de briser le tabou des points indiscutables que j’ai listés ci-dessus. Ceux qui l’ont fait se sont fait crier dessus, humilier, et ont disparu de cette antenne.

Cela étant bien posé, L’Heure des pros peut être un divertissement adapté aux tâches ménagères du sage précaire, à écouter en sandwich entre des podcasts de France culture, des séances de lectures, et des vidéos de chaînes Youtube de gauche. Un divertissement de droite, abject parfois, drôle souvent, et qui ne manque pas d’être instructif pour celui qui veut se préparer à des temps toujours plus sombres à venir.

Un dimanche pas au niveau

Pendant que ma moitié et la sagesse précaire en corps constitué se promenaient au lac Tegern, Tegernsee en allemand, les médias français tournaient des entretiens politiques.

Sur BFM, Benjamin Duhamel interrogeait Adrien Quatennens sur Lula, le président du Brésil. Au moment au Israël bombardait sans répit des pauvres gens sans défense, pris au piège d’un territoire fermé, l’intervieweur voulait qu’on commente une phrase de Lula.

Le président brésilien, en effet, avait comparé l’action gravissime d’Israël avec la Shoah, ce qui était choquant aux yeux de M. Duhamel mais qui est une banalité inévitable dans l’esprit des hommes depuis cinquante ans déjà.

Sur France 3, Éric Zemmour refusa de parler des bombardements d’Israël. Francis Letellier fut pourtant moins hors-sujet que son confrère M. Duhamel, et rappela les enfants morts dans un hôpital détruit par Israël, mais Zemmour préféra parler des crimes du 7 octobre 2023. Un journée d’horreur d’il y a quatre mois pèse plus lourd que cent cinquante journées d’horreur commises depuis le 7 octobre.

Zemmour déclara finalement : « Nous n’avons pas à exiger quoi que ce soit des Israéliens. Les Israéliens conduisent leur guerre comme ils veulent. Ils doivent éradiquer le Hamas après ce qui s’est passé le 7 octobre. »

L’inénarrable CNews a invité ce dimanche l’inénarrable Michel Onfray, on sait donc par avance ce qui fut dit, et que ce ne fut pas à la hauteur des temps que l’on vit. Par acquit de conscience, j’ai écouté cette heure indigente en lecture accélérée, tout en cuisinant une ratatouille. Je confirme qu’il n’y a eu aucune surprise, donc je vous fais le décompte de l’émission présentée par Sonia Mabrouk :

  • Publicité : 14 minutes
  • Introduction et sommaire : 1 minute
  • CNews est la seule chaîne pluraliste en France : 21 minutes
  • La colère agricole : 12 minutes
  • Russie/mort de l’opposant Navalny : 5 minutes
  • Israël comparé au nazisme : 6 minutes
  • Conclusion/présentation du dernier livre de Michel Onfray : 1 minute.

Sur la tragédie qu’Israël fait vivre aux Palestiniens, Onfray aura eu cette phrase extraordinaire : « Israël se défend, ce n’est pas au Hamas de dire jusqu’où Israël peut aller. » Le philosophe a aussi parlé des « jérémiades » des Palestiniens qui n’auraient pas assez d’argent pour payer « des violons à leurs enfants », alors que les dirigeants palestiniens « ont détourné tellement d’argent ». Pas au niveau.

L’émission C Politique sur France 5, présentée par Thomas Snégaroff, s’est concentrée sur l’unique question de la guerre en Europe, coincée entre la Russie et l’Otan. Les invités, spécialistes de politique internationale, ont surfé assez brillamment sur les derniers mouvements de Poutine, de Trump, de Scholz, de Van der Leyen et de Macron, mais de manière concrète et pragmatique.

Finalement, il n’y a que cette émission, sur le service public comme par hasard, qui était au niveau des événements de notre temps et de notre actualité.

Les plans médias et les prix de nos écrivains

La littérature peut aussi s’étudier sous son angle marketing, industriel et commercial. Voyez les opérations de communication qui nous submergent à l’approche de certains livres à paraître.

Souvenez-vous de l’arrivée de certains livres de Michel Houellebecq. Teasing, polémiques, procès, provocations, articles de journaux. Aujourd’hui le soufflé Houellebecq est tombé et je n’ai même pas eu le désir d’ouvrir anéantir (sans majuscule), le dernier roman en date, tellement je savais d’avance ce que j’allais y trouver. Mais la magie a opéré sur moi jusqu’à Soumission (2015). Dix ans et cinq romans pendant lesquels le sage précaire a marché.

Parallèlement, s’installait le phénomène Sylvain Tesson. Une présence dans les médias mais pas seulement dans les pages littéraires, plutôt dans les formats « magazine » les matinales, les Talk shows, les Journaux télévisés. Cela m’a frappé à la parution de Dans les forêts de Sibérie, en 2012. Tesson était invité là où l’on parlait d’actualité politique, ou de problématiques sociales.

Lire : La littérature voyageuse de Michel Le Bris

La précarité du sage, 2008.

Je me souviens de m’être dit deux choses : 1. Apparemment ce livre fait l’actualité. 2. Visiblement, Tesson a changé de catégorie. Il est monté de plusieurs divisions.

Ce changement est peut-être dû à son agent, Azeb Rufin. Les agents négocient les contrats pour leurs auteurs et se prennent 10 % sur les recettes. Tout le monde est gagnant. Le plus puissant des agents français est François Samuelson, dont Le Monde faisait le portrait il y a quelques années :

https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/01/03/francois-samuelson-le-007-de-michel-houellebecq_5404608_3234.html?lmd_medium=al&lmd_campaign=envoye-par-appli&lmd_creation=android&lmd_source=default

Je peux deviner l’année où Tesson a opéré sa mue. 2012, à quarante ans. Il suffit pour cela de regarder plusieurs éléments clés de la carrière mediatique : l’éditeur, les titres de livres, les photos de l’auteur et les émissions où il est invité.

Première partie de carrière : il publie des récits de voyage modestes sous des titres communs, comme On a roulé autour du monde, ou bien Trois mille kilomètres à cloche-pied à travers les steppes. Les photos, rares, présentent un jeune homme sympathique sans aspérité. Éditeurs commerciaux, sans prestige particulier. Peu de télévisions, et uniquement dûes à un piston qui se remarque trop.

Deuxième partie de carrière : signe un contrat chez Gallimard et publie dans la prestigieuse collection blanche. Titres de livres plus littéraires, comme Blanc ou Baïkal mon amour. Ou encore L’année dernière à Marioupol (ok j’arrête). Relooking judicieux, devient top model pour marques de vêtements pour hommes, portraits expressionnistes par des professionnels. Plans médias très bien négociés, sur des plateaux télé où on lui donne l’occasion de faire des tirades de poètes.

Exemple de plateau télé négocié : invité principal du Talk show phare des années 2010 On n’est pas couché samedi soir sur France 2. Pour obtenir cela, il fallait promettre l’exclusivité, etc.

Les résultats ne se font pas attendre : les prix littéraires tombent comme des mouches. Quelques déjeuners aux bons endroits de Paris avec les bonnes personnes, suffisent pour la plupart des prix.

Toutes ces transformations signent la présence d’un agent littéraire assez puissant, mais l’écrivain dont on parle est assez connaisseur de l’industrie (il est tombé dedans comme Obelix dans le chaudron) et a pu se débrouiller avec ses propres ressources pour cette mue publicitaire.

Reportage de la RTS

https://www.rts.ch/audio-podcast/2024/audio/parrain-de-l-edition-2024-du-printemps-des-poetes-sylvain-tesson-accuse-de-banaliser-l-extreme-droite-28074366.html

Un petit « sujet » dans lequel la journaliste m’a interviewé sur la polémique en cours.

Différence de traitements des médias français et francophones. En France, comme ils sont concentrés à Paris, ils n’interrogent que des professionnels des médias parisiens et ça tourne en rond. En Suisse, un.e journaliste n’a pas le même réflexe. En l’espèce, Pauline Rappaz a fait une recherche pour trouver des interlocuteurs légitimes et qui fassent sens. Cela prend plus de temps que ce que font les journalistes parisiens mais je pense que c’est payant sur le long terme.

Soutien aux députés qui ont dormi sous la tente

À l’appel de l’association Droit Au Logement (DAL), une poignée de députés ont passé une nuit sous une tente en compagnie de vrais sans-abris, pour alerter les medias du scandale que représentent les centaines de milliers de Français condamnés à vivre dans la rue.

Les médias ont bien été alertés, et certains d’entre eux ont choisi de se moquer abondamment de cette poignée de députés.

Moi qui suis un homme de droite, tendance abbé Pierre, je proteste contre ces indignes quolibets, et je soutiens l’action du DAL.

Lettre ouverte à une passionnée… de Sylvain T.

Cliché libre de droit généré quand j’ai saisi « Genius Wanderer »

Chère XXX

Merci à vous pour cet échange.

Restons-en là puisque à partir de maintenant nous allons tourner en rond. Vous ne voyez rien de politique chez cet auteur, très bien. Moi, j’ai fait ma part de travail sur ce point et ai publié les fruits de mes recherches en différents endroits. Depuis quelques années, d’autres prennent le relais de ce dévoilement d’une idéologie réactionnaire à l’œuvre dans un courant de littérature de voyage qui se fait passer pour sympathique et humaniste.

Cela étant dit, votre passion me permet de mesurer combien le travail marketing de Tesson, son « story telling » et sa mise en image, a été très efficace. Naturellement l’identité de son père, grand patron de presse et flamboyant journaliste, lui a donné toutes les cartes du jeu promotionnel. Grâce à un carnet d’adresses extraordinaire, Tesson fils a su tirer remarquablement son épingle du jeu. Certes, il est né et a grandi au centre du pays, au centre de la bourgeoisie et au centre d’un monde médiatique dont il a très tôt maîtrisé les rouages. Mais cela ne suffit pas pour trouver le succès commercial. Il a su profiter de manière optimale de ses privilèges en développant un sens aiguë des affaires et de l’entreprise. Selon moi, Tesson n’est pas un bon écrivain mais c’est assurément un très bon homme d’affaire. Sa place serait plus légitime à l’assemblée du Medef qu’au Printemps des poètes. Il a mérité sa place parmi les grands « écrivains médiatiques » qui bénéficient d’une image de marque. Réussir à imposer sa marque, imprimer son image, c’est rare et c’est ce qu’ont réussi à faire les Houellebecq, Nothomb, Beigbeder, Moix, BHL, Onfray, Matzneff, etc. En général, ce sont de mauvais auteurs, mais ce n’est pas automatique.

La tribune, quant à elle (ce n’est pas une petition mais une tribune) n’a rien de scandaleux, et ne demande en rien l’effacement d’un auteur. Il n’y est pas exprimé de haine ni de mépris. Elle n’est sans doute pas écrite comme je l’aurais écrite. D’ailleurs, il ne me serait jamais venu à l’esprit de lancer une telle tribune. Je l’ai signée et je la relaie car je soutiens ceux qui veulent faire déciller les yeux des gens exposés aux médias de masse. Quand on vous assène des centaines de fois, sur toutes les chaines, que Tesson est un génial vagabond, que Houellebecq est un génial visionnaire, que Nothomb est une géniale excentrique, il est normal qu’on se laisse influencer.

Que critiquer n’est pas effacer

La tribune des poètes qui protestent contre la nomination de Sylvain Tesson comme parrain du Printemps des poètes reçoit beaucoup de critiques dans les médias. À la télévision comme sur les réseaux sociaux, journalistes et politiciens apportent leur soutien à l’écrivain le plus médiatisé de sa génération.

Les signataires sont déclarés ineptes du fait qu’ils ne sont pas célèbres : vous êtes des obscurs et vous osez prendre la parole ? Mais pour qui vous prenez-vous ?

Seuls les gens déjà médiatisés ont le droit de dire ce qu’ils pensent. Il y a quelque chose de scandaleux à voir des gueux faire irruption dans les médias.

Malgré leur obscurité, les signataires sont qualifiés de « médiocres », de « ratés » d’auteurs sans talent. Ils ne sont pas lus mais on sait par avance, on sait de toute éternité, que leurs productions sont nulles. La preuve ? Celle de Sylvain Tesson est appréciée des lecteurs du Figaro.

On reproche aux signataires de vouloir « interdire », « effacer » l’écrivain voyageur. On leur fait le reproche de participer à cette fameuse culture de l’effacement, brandie à chaque fois que des subalternes se permettent de proposer une lecture des faits divergente de celle imposée par les médias ou le pouvoir.

Tous ces gens qui travaillent la langue et la poésie se sentent insultés qu’on leur impose un parrain qui combine les deux défauts d’être réactionnaire politiquement et médiocre littérairement. C’est leur opinion. Le fait qu’ils l’expriment est plutôt un signe de vitalité. On les fait passer pour des salauds.

Les signataires n’ont jamais demandé qu’on retire les livres de l’auteur en question des tables de libraires. Ils ne protestent pas non plus contre ses invitations à la télévision.

Ils prennent juste le droit de critiquer la nomination d’un homme à un mandat pour un événement qui les concerne, eux, en première ligne.