J’ai vu perdre la France contre l’Angleterre dans un pub anglais, en conversant avec une Française qui détestait le rugby.
A Shanghai, le match en direct était diffusé à trois heures du matin. Pour faire passer les heures, une petite bande de sympathiques Français (au sens large du terme) s’était réunie pour une petite bringue des familles. La jeune femme était là mais n’avait pas l’intention d’aller voir le match, et moi j’avais le devoir de la faire rester avec nous.
Les amis voulaient aller voir le match chez les ennemis, dans un pub qui serait ouvert jusqu’à l’aube, pour les narguer un peu. Ils ne doutaient pas de la victoire des Bleus. La jeune Française n’avait aucune envie de supporter les hordes de supporters, le patriotisme vagissant, les mouvements de foule. Mais j’avais envie qu’elle reste car je savais d’expérience que la défaite de mon équipe avec une présence féminine m’aiderait à me rendre moins grossier, augmenterait ma joie en cas de victoire et adoucirait, voire supprimerait ma tristesse en cas de défaite.
Notre soirée nous entraînait en pente douce jusqu’à l’heure du match, à trois heures du matin. Ses amies et votre serviteur appréciaient sa présence et voulaient la convaincre de ne pas aller se coucher. Elle n’avait pas sommeil, du reste, et aurait volontiers passé la nuit entière à faire des folies dans des voitures, des jardins et sur des plages. Il est vrai qu’on aurait pu partir au bord de la mer, ça nous aurait changé du sport télévisé.
Sa conversation était extrêmement charmante et m’a fait sentir le plaisir de rencontrer des Françaises. Si nous sommes bien souvent, mes compatriotes et moi, pénibles ou arrogants, force est de reconnaître que les femmes françaises possèdent parfois un style, une manière de parler, de regarder, de rire, qui est irremplaçable, inimitable ; il est impossible de résister à ce mélange subtil de douceur, d’intelligence, d’ironie, de sensualité, d’écoute, d’esprit, d’idée et de gentillesse.
Elle a fini par se laisser convaincre, mais jusqu’au bout elle menaçait de rentrer chez elle, où l’attendait je ne sais qui.
Alors que les XV de France dominait sans faire la différence, mon amie passait d’un convive à l’autre. Quand elle commençait à s’ennuyer, je la reprenais sous mon aile et me plongeais dans ses yeux bruns. J’oubliais ainsi Chabal et Wilkinson, Laporte et Blanco (il ne joue plus Blanco, si ?), pour un aller simple dans une rencontre d’où on ne revient jamais. Même passagère, même sans lendemain, la rencontre d’une femme de grande qualité est une richesse irremplaçable. Et cette peau blanche, ce visage si peu rond, si peu caoutchouteux, il y a tant à lire sur le visage d’une Française. J’eus le sentiment qu’on ne pourrait jamais s’ennuyer avec elle.
En sortant du pub, elle convint avec moi que finalement, venir au match avait été une bonne idée. Par dessus tout, nous convînmes que la défaite des Bleus était positive : il n’y aurait pas de finale, et la cote de Sarkozy allait cesser de suivre la cote médiatique des sportifs dépités. Alors que le jour se levait, et que je lui pris la main, oui, nous avions des raisons de nous réjouir.
Bien joué (e), la demi-finale… Une jolie main, au-dessus de la mêlée…
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Bravo pour les jeux de mots, Dominique. Heureux que le sport en question ne soit pas le basket, ça nous évite la suggestion d’une main au panier.
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Une page à garder précieusement quand on a la chance d’être française! Quel bel éloge du visage!
Et quelles judicieuses remarques finales!
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D’accord avec chantal Serrière. Jolie fin suspendue. Mais qu’est-il arrivé après, cher Don Juan des mêlées ? Avez-vous pratiqué le rugby tous les deux, à votre façon ? Avez-vous interprété dans la vie amoureuse ce que sont les passements vers l’arrière dans le rugby ? Les mêlées, les échauffourées échevelées, les slaloms, les feintes et les essais transformés ?
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Moi, à mon avis, vous auriez dû intituler ce blog « femme française ». Votre titre n’est pas approprié. Il rappelle le poème du regretté Léopold Sédar Senghor, sénégalais comme moi, « Femme nue, femme noire ». Je vous le mets ici pour mémoire.
Femme nue, femme noire
Vétue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté
J’ai grandi à ton ombre; la douceur de tes mains bandait mes yeux
Et voilà qu’au coeur de l’Eté et de Midi,
Je te découvre, Terre promise, du haut d’un haut col calciné
Et ta beauté me foudroie en plein coeur, comme l’éclair d’un aigle
Femme nue, femme obscure
Fruit mûr à la chair ferme, sombres extases du vin noir, bouche qui fais
lyrique ma bouche
Savane aux horizons purs, savane qui frémis aux caresses ferventes du
Vent d’Est
Tamtam sculpté, tamtam tendu qui gronde sous les doigts du vainqueur
Ta voix grave de contralto est le chant spirituel de l’Aimée
Femme noire, femme obscure
Huile que ne ride nul souffle, huile calme aux flancs de l’athlète, aux
flancs des princes du Mali
Gazelle aux attaches célestes, les perles sont étoiles sur la nuit de ta
peau.
Délices des jeux de l’Esprit, les reflets de l’or ronge ta peau qui se moire
A l’ombre de ta chevelure, s’éclaire mon angoisse aux soleils prochains
de tes yeux.
Femme nue, femme noire
Je chante ta beauté qui passe, forme que je fixe dans l’Eternel
Avant que le destin jaloux ne te réduise en cendres pour nourrir les
racines de la vie.
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Somptueux. La prose de SP fait pâle figure c’est le cas de le dire à côté de ses vers lyriques.
J’ai une question. C’est quoi être français « au sens large du terme »?
Merci de me répondre.
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Le gouvernement égyptien vient de démissionner. Femme sénégalaise, femme française, homme nu et femme noire, écoutez la victoire en chantant.
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Eh bien! Quel embouteillage sur ce billet, dont le dernier commentaire datait d’octobre 2007. Pendant trois ans, silence radio, et aujourd’hui, des commentaires en rafales.
Je suis d’accord avec femme sénégalaise, que je remercie d’avoir collé le poème de Senghor. Mon titre était en effet un clin d’oeil à ce poème, mais vous avez raison, je vais changer mon titre. « Femme française », ça a plus de gueule.
Français au sens large du terme, ça veut dire avec des origines diverses, voire des passeports entremêlés.
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mais c’est quoi SP ? une marque de lessive ? et qu’est ce que je veux dire, vous allez euh non rien…et sinon Ibn Battuta il n’y a qu’un billet mais c’est tres interessant, c’est fait pour ? si je tape »Bazounga » il n’y a pas mes posts references c’est normal ? les commentaires ne comptent pas dans l’élaboration du billet ?
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Devenir intime avec une inconnue… Situation romantique entre toutes.
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SP, Bazounga, cela veut dire Sage Précaire! Vous êtes nouvelle, ou nouveau, sur ce blog vous. Les commentateurs associés vous accueilleront avec du café et des petits biscuits.
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ah d’accord…hi hi hi c’est sympa ce blog hi hi hi
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