Jour de marché dans la ville nouvelle

Jour de marché sur l’esplanade Saint-Bonnet, à Villefontaine. Nous sommes à une vingtaine de kilomètres de Lyon, à la campagne, dans ce qu’on appelle une « ville nouvelle », une forme d’urbanisme lancée, je suppose, dans les années 1975, une ville qui s’est lentement peuplée dans les années 80, sans passion et sans faire parler d’elle.

Quand j’étais au collège, mes professeurs disaient que ces villes étaient très moches.

Vingt ans ans plus tard, le bilan humain est magnifique. Toutes les races du monde sont concentrées sur cette petite place du marché. Les commerces de nourriture sont tenues par des gens issus de l’immigration, les banques et les magasins du genre librairie, trucs informatiques, sont tenues par des Français de souche. La bibliothèque du centre Simone Signoret a, comme il se doit, un personnel bigarré.

Toutes ces populations vivent ici sans agressivité. Au contraire, il se dégage une impression d’harmonie tout à fait convaincante. Et je recommande au voyageur de s’asseoir à une terrasse et de regarder les visages, les façons de marcher, les façons de se saluer : un vrai livre ouvert d’ethnologie contemporaine. Je pensais à ce que pourrait en écrire un Nicolas Bouvier, et voici ce qu’il penserait. La ville nouvelle nous présente sur un plateau (l’esplanade), l’un des plus beaux échantillonnages de l’humanité du 21ème siècle que la terre puisse porter. On croit, pour cela, qu’il faut aller en Amérique, ou dans les creuset orientaux, mais parfois, dans un repli de la campagne française, on trouve de ces joyaux anthropologiques. 

Il n’y a pas trop de mélanges, cela dit, mais une tranquille cohabitation. Qu’est-ce donc qui permet cette heureuse cohabitation, alors que tout le monde veut se foutre sur la gueule, si l’on en croit les journaux ? Le marché, bien sûr, la gloire du commerce, l’argent qui coule et qui s’insinue partout, l’argent que tout le monde partage, ainsi que le soleil et l’air qu’on respire. De poche en poche, de mains en mains, l’argent qui brûle comme du feu et qui coule comme de l’eau, qui glisse entre les doigts comme du sable, l’argent qui fructifie comme une terre ou un arbre. 

On parle des marchés d’Asie centrale, celui fameux de Kashgar, des souks du monde arabe et des grandes rencontres de Bénarès, mais qui parle du marché de Villefontaine, Isère ?

8 commentaires sur “Jour de marché dans la ville nouvelle

  1. Eh bien avec moi cela fera trois commentaires. Non, pas d’ironie, Natalia, il faut lire ce texte au premier degré. Je compte même écrire beaucoup plus sur cette ville nouvelle qui réserve pas mal de bonnes surprises.

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  2. « savant », »satirique » et « amérement ironique », trois expressions qui qualifient assez bien le style de l’auteur natalia.Sa modestie habituelle l’oblige à parler de premier degré…A mon avis, il faudrait un blog a part pour parler des villes nouvelles dont l’architecture , la vitalité et le paysage ethnologique me rappellent curieusement certains coins de la banlieue chinoise (je précise que je suis sur Marne la Vallée, prés de Dysney, aux frontiéres de la Brie et de la Seine et Marne, une vraie banlieue « campagnarde » entouré d’un ilot de villes nouvelles donc ; mais la description du billet m’a fait penser à celle ou je vis).La aussi, le marché crée des cohabitations curieuses mais réjouissantes pour le regard entre allemands et hollandais en short venus voir Mickey, japonais et chinois en vadrouilles ou réel habitants de la région (on ne sait plus trop), gitans, français de toutes les couleurs (noir, blanc, métisse, beurs…) franchouillards fringués comme des amerloques qui viennent se plaindre eternellement au bistrot du coin qu’il ny’a plus de jeunesse et « que c’était mieux avant » etc… »et que l’on reconnait plus la région » (qui a changé effectivement radicalement en quelques années), clochards, vrp,étudiants, lycéens, femmes voilées et dévoilées, familles recomposées et décomposées, célibataires de tous poils, surtout un flot continu et gigantesque de nouvelle « middle class » de banlieue bien gentille qui se retrouve chaque samedi au géant centre commercial Val d’Europe (l’un des plus grands d’Europe) pour assouvir sa soif de consommation insatiable (je sais de quoi je parle j’y vais aussi) en braillant qu’il n’y a jamais assez de place pour se garer et que l’essence est trop chére, s’extasiant des derniéres nouveautés de la FNAC OU DES MAGASINS DE MODE, bouffe au mac do , chinois, hippopotamus, bref sait quoi faire de son salaire. Il faudrait le génie d’un zola, d’un queneau, d’un hugo ou balzac peut-être pour faire une description digne de ce nom , le tableau de cette nouvelle masse consommatrice ou toutes les différences semblent s’effacer devant le dieu argent.

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  3. Et oui ca e étonne plus d’un qu’ont peux vivre tous ensembles quand ont a pas la meme éducation,la meme religion,la meme maniére de penser,villefontaine et un trés belle exemple de la France d’aujourd’hui,ci vous passer prés de Lyon venez vous nous voire,nous serons heureux de vous voir!Merci pour cette article sur ma ville natale.

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