Ce qui me plaît, dans cette lettre qu’onze écrivains ont publiée en soutien à Milan Kundera, c’est l’identité de ces écrivains.
Quand j’ai appris la nouvelle, je me suis dit : « Onze ? Pourquoi onze seulement, et qui diable sont ces onze ? » Je me suis dit que cela devrait être des gens qui représentaient la conscience morale du monde actuel, et qu’ils devaient venir d’onze pays différents. Que s’il n’y en a qu’onze, alors il y aurait sûrement Salman Rushdie, Jorge Semprun, des gens comme ça. Chez les Américains, il y aurait sans doute Philip Roth, ou Don Delillo, enfin un des poids lourds dont les noms circulent pour le prix Nobel.
Je ne pouvais pas être plus près de la vérité. La liste est composée de lauréats du prix Nobel de littérature, et de quelques sérieux prétendants à ce titre. Comme Milan Kundera est sur les listes chaque année depuis cinq ou dix ans, on sent comme une Amicale de Nobel qui se constitue et qui exprime une étrange solidarité. Moi, si j’étais sur les rangs pour gagner une telle tombola, je dirais au contraire que Milan Kundera est un sacré salaud, qu’il a trahi notre confiance et je ferais tout pour qu’il soit bel et bien disqualifié.
Sauf que cela me grillerait aussi sec, car pour avoir le prix Nobel, il faut être gentil. Il faut avoir une hauteur de vue qui interdit la méchanceté, il faut être au-dessus de toutes les mêlées. Comme cela doit être fatigant d’être prix Nobel, et comme leurs dîners doivent être ennuyeux. Imaginez une polémique, à table, entre Harold Pinter, Gao Xingjian et Le Clézio. Les verres ne risquent pas de voler, je vous le garantis.
Pour moi, l’affaire Kundera ne fait que renforcer l’affection que j’ai toujours eue pour son oeuvre. Mon colocataire tchèque pense que Kundera est un enfoiré et qu’il aurait très bien pu faire ce dont on l’accuse (avoir dénoncé un dissident lorsqu’il était étudiant). Enfoiré ou pas, ses grands romans, ceux qu’il a écrit en tchèque, sont parmi les plus forts et les plus stimulants de la fin du XXe siècle. Je m’étonne d’avoir si peu écrit sur lui, quand j’y pense, puisque je n’ai jamais rien écrit sur lui. Il doit trop faire partie de mon imaginaire, j’ai dû intégrer son mode narratif à ma façon de voir les choses, et donc, je n’ai rien à en dire. D’où la fin abrupte de ce billet.
Il faut lire ce qui a été écrit avant 1993. Après c’est perdre son temps.
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Votre camembert sort par quel trou ?
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« La lenteur », c’est un trés bon (petit) roman. L’un de mes préférés.
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Citation :
http://www.dico-citations.com/laquo-laissez-nous-un-peu-vous-d-former-ma-tre-et-on-vous-aimera-raquo-mais-vient-le-moment-o-le-ma-tre-re-kundera-milan/
«Laissez-nous un peu vous déformer, Maître, et on vous aimera.» Mais vient le moment où le Maître refuse d’être aimé à ce prix et préfère être détesté et compris.
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D’où la fin abrupte de ce billet. Ah AH.
Chapeau l’artiste.
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