Voilà une chanson que tous les Brésiliens connaissent. Une chanson écrite par cette jeune femme dégingandée, et que des foules peuvent reprendre en choeur. Serions-nous capables, nous, de la chanter ? Aucune chance. C’est trop complexe pour nous. Cela fait deux jours que je m’esquinte sur ma guitare sans résultat probant.
Prenons maintenant une jeune personne qui a écouté toute sa vie de la musique populaire anglo-saxonne, le pop/rock à trois ou quatre accords. Serait-elle même capable d’entendre ce doux chant mélancolique ? Je n’y crois pas non plus. La musique brésilienne est trop difficile pour les fans de rock, trop raffinée. Tant sur le plan de la rythmique que de la mélodie, une seule samba fait pâlir les millions de groupes de rock qui recyclent infatigablement les mêmes accords et les mêmes thèmes depuis les années 60. La pauvreté du rock se mesure dans ces instants : un enfant élevé dans une culture normalement riche saura apprécier plusieurs types de musiques, alors qu’un vieil adolescent rocker sera perdu pour tout ce qui n’entre pas dans la lourdeur harmonique de sa culture de base.
Je me permets d’être sans pitié pour la sous-culture « rock » car j’en fais partie totalement. Le rock, c’est moi. La guitare, c’est le seul instrument dont je sache jouer. Les chansons populaires sont les seules émanations musicales que je puisse pratiquer. Si j’étais un musicien, ou si j’écoutais de la vraie musique, je serais beaucoup plus tolérant. Je dirais, moi aussi, qu’il ne faut surtout pas instaurer de hiérarchie entre les genres musicaux. Malheureusement, je suis un fils des Beatles et de Bob Dylan, et j’en crève à petit feu.
Les concerts de rock sont devenus, depuis l’après-guerre, la manifestation la plus lamentable de cette pauvreté culturelle dont la jeunesse se nourrit. Rien n’est plus vulgaire, je crois, sur la surface de la terre : une scène surélevée, où s’agitent quelques jeunes gens sans grande envergure, mais occupant l’espace selon un ordre hiérarchique rigide. Et une foule de jeunes en contrebas, à peine moins doués que ceux devant qui ils se prosternent, qui battent des pieds et de la tête. L’aspect bovin de ces regroupements n’est pas ce qui me révulse le plus. Ce qui me révolte, c’est surtout l’aspect crypto-fasciste du concert de rock, faussement subversif et réellement assoiffé d’obéissance. Les filles veulent toujours coucher avec le chanteur, mais cela n’a rien à voir avec son talent. Elles répondent à l’atavisme le plus dégradant, l’adoration pour le mâle dominant. Toute la culture rock résonne de ce besoin de « leader », de figure charismatique et d’un profond désir d’imbécillité.
La vie culturelle d’un fan de rock est une misère sans joie, et il suffit de lire les articles de Wikipédia pour s’en apercevoir. Le moindre chanteur, le moindre groupe qui a fait exister une petite cinquantaine de chansons, mérite un article au sérieux épouvantable. On décrit en détail l’école où est allé le chanteur, l’influence qu’a eu sa mère sur son oeuvre future, le temps qu’il a passé dans sa chambre à se masturber et à lire les magazines de connaisseurs, tout devient légendaire et digne d’être rapporté. A la différence du blog qui renverse les perspectives de l’autorité en s’attachant aux détails de la vie afin de chanter la vie, la sous-culture rock rejoue et fait prédominer le piédestal, la mise en valeur, la vénération. Souvent, les rockers disent des autres rockers qu’ils sont des « génies ». Or, parler de génie est presque toujours un signe implacable de bêtise. Faire appel à cette catégorie esthétique, c’est avouer qu’on est infichu d’analyser les choses autrement, et c’est surtout ramener le jugement esthétique à un argument d’autorité. Ecoutons Noel Gallagher parler des Smith sur Youtube ; l’indigence du propos et l’esprit de sérieux qui l’anime convaincra chacun qu’on nage en plein délire d’adulation.
Le rock incite à rester adolescent, à se complaire dans la provocation facile, à reproduire le jeunisme qui caractérisait les années 60. Il faut arrêter de respecter le rock. Il faut le prendre pour ce qu’il est, une culture grégaire qui rend les gens aussi cons que le football. Le football, au moins, ne se prend pas pour ce qu’il n’est pas, il ne se monte pas du col, il se dit collectif et populaire, et rien d’autre. Entre un match de foot et un concert de rock, mon coeur ne balance plus depuis longtemps.
Quand on se retrouve seul, pas assez cool pour aller aux concerts de rock, pas assez émotif pour vibrer devant un leader charismatique boutonneux, plus assez gamin pour prendre au sérieux ce qui n’est qu’un divertissement, il nous reste les longues plages de silence qu’offre le voyage, le silence habité par les voix des rues, les avions au-dessus de nous, le trafic des gens et des choses. Et il reste, entre autres, Marisa Monte qui « danse avec la solitude », et qui parle d’une source d’eau pure, quand l’aube apparaît, une eau qui fait disparaître l’amertume chez celui qui la boit : « Apesar de tudo existe / Uma fonte de agua pura / Quem beber daquela agua / nao tera mais amargura ».
J’ai loupé l’aube ce matin. Demain, je n’aurai plus d’amertume.
Olá, como vai?
Et pour traverser votre jounée je vous suggère un peu plus de Paulinho da Viola http://www.youtube.com/watch?v=IEUPH1A7YkM
Abraços,
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Obrigado é tres atraente !
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Magnifique texte. Tu deviens lyrique, tes métamorphoses me submergent.
Par contre, dire du rock qu’il est « une culture grégaire qui rend les gens aussi cons que le football. Le football, au moins, ne se prend pas pour ce qu’il n’est pas, il ne se monte pas du col, il se dit collectif et populaire, et rien d’autre. Entre un match de foot et un concert de rock, mon coeur ne balance plus depuis longtemps. » Non, on ne peut pas dire ça. Le foot, c’est quand même encore vachement plus con que le rock.
C’est pas Deleuze qui disait qu’un cours de philo, ça devrait ressembler à un concert de rock ? Le crypto-fascisme a ses charmes .
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»Et il reste, entre autres, Marisa Monte qui “danse avec la solitude”, et qui parle d’une source d’eau pure, quand l’aube apparaît, une eau qui fait disparaître l’amertume chez celui qui la boit : “Apesar de tudo existe / Uma fonte de agua pura / Quem beber daquela agua / nao tera mais amargura”.
J’ai loupé l’aube ce matin. Demain, je n’aurai plus d’amertume. »
C’est vraiment tres beau.
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Merci Telma pour ce lien, et tous les autres pour le reste.
Ben, je suis navré mais j’ai longuement réfléchi sur la question, et je suis au regret d’affirmer que le football est en fait plus noble que le rock pour deux raisons. Le football ne se rend coupable d’aucune imposture culturelle, les fans de foot chambrent mais ne méprisent personne, alors que les fans de rock se sentent supérieurs à ceux qui écoutent des choses encore plus nulles, comme la variété. On a fait passer le rock pour une culture importante et là je dis qu’on exagère.
Deuxième raison. Le football, dans sa grande modestie, a su mettre à l’honneur une partie du corps longtemps méprisée : le pied. Le rock a rabaissé la musique et la vie culturelle. Le foot, c’est la gloire du pied, le rock c’est la honte de la lutherie.
Enfin, le football, c’est la supériorité de l’Amérique latine, le génie du Brésil, les envolées africaines, le flair français, le fighting spirit britannique. Le rock, c’est l’uniformisation anglo-saxonne. Prenez l’Ipod d’un ami britannique et sondez-le : il n’y aura ni musique classique, ni musique en langue autre qu’anglaise.
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« Prenons maintenant une jeune personne qui a écouté toute sa vie de la musique populaire anglo-saxonne, le pop/rock à trois ou quatre accords. Serait-elle même capable d’entendre ce doux chant mélancolique ? Je n’y crois pas non plus. »
C’est faux. Quand je suis arrivé en Amérique latine à 22 ans, je n’écoutais que du rock. Presque du jour au lendemain, je suis tombé amoureux de la musique latino américaine (surtout cubaine, la plus riche).
Le reste, c’est juste : le rock est la musique latinoaméricaine ce que le babyfoot est au football.
Mais il y a pire qu’un concert de rock : c’est la destruction par le rock de cet art admirable de faire la fête ensemble et de danser ensemble au profit de ces espèces de danses solitaires et idiotes des jeunes européens et américains. Quoi de plus beau que des gens dansant ensemble la salsa, le son ou la samba ? que ces grandes fêtes où les vieux dansent autant que les jeunes ?
Franchement, c’est à pleurer.
Quant au foot, je suis bien d’accord avec Guillaume : qu’il ne se prenne pas au sérieux est une de ses incontestables supériorité. Et je dois dire que le côté rock star de Deleuze me l’a toujours fait méprisé. Deleuze, c’est le rockeur de la pensée (et sur ce coup, je sens que je suis tout seul).
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Voilà que l’envie me prend de défendre le rock… sauf que tout est affaire de frontière et de définition : qu’entend-on par rock ?
Björk, par exemple, est une merveilleuse musicienne (j’allais dire une musicienne géniale…), mais fait-elle du rock ?
Talking Heads, dans ses meilleures années, à fait une musique merveilleuse, mais était-ce encore du rock ?
Il y a des gens tellement bons, tellement talentueux, tellement doués, qu’ils portent au sommet même les genres « mineures ».
Il y a certains footballeurs comme ça, certains rockeurs. Alors il est difficile de jeter tout un genre dans une poubelle.
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Le rock n’a pas besoin d’être défendu ici, d’abord parce qu’il est déjà en position de force et qu’il écrase tranquillement toutes les autres cultures, et parce que, comme je l’ai dit dans le billet, j’en suis moi aussi, et que je connais sa valeur. Talking Heads, je ne sais pas, mais Bjork ne fait pas de rock, non. Mais j’aime bien le rock dans son sens le plus destroy, le plus pauvre artistiquement : The Fall, par exemple, est un formidable exemple de je m’en foutisme qui perdure depuis 30 ans, et ça me plaît. Si c’était resté comme ça, le rock, des pauvres types de Manchester qui montent sur scène avec une compétence zéro en musique, je dirais ok, ça vaut encore le coup. Mais ce côté intello que les rocker se donnent, ce côté « Inrockuptible », ce snobisme qui s’est développé et qui recouvre tout, c’est à gerber.
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« Le côté rock-star de Deleuze ». Là je n’entrerai pas dans cette discussion, sinon pour dire que Deleuze n’est pas un essayiste ou un homme de lettres, mais un philosophe. L’image qu’on a de lui ne doit pas nous embrouiller : on peut le critiquer, mais sur le plan de ses idées, ses concepts, ses théories. Sinon, c’est un débat intéressant, mais plutôt dirigé magazine féminin, avec un dossier « le style des intellos », préférez-vous le côté romantique de l’un, le côté rock-star de l’autre, etc.
Tu l’as toujours « méprisé » Mart ? Intéressant. Un jour, pas maintenant, j’aimerais bien que tu nous expliques pourquoi. Attends que je fasse un billet sur lui, ça ne saurait tarder.
Mais c’est normal que Deleuze prenne le rock pour créatif et subversif. C’est un enfant de l’entre-deux-guerres, Deleuze, tout ça lui échappe complètement et il n’en parle que de loin, comme une chose qui remue grave parmi les jeunes et ça l’amuse d’intégrer ça à sa parole pédagogique, pour essayer de faire un branchement. Cela ne va pas plus loin que des petites expériences, pour montrer une voie possible de créativité, dans les années 60, lorsque le rock n’était pas encore un art de petit-bourgeois. Dans ses livres, à part un éloge de la psychédélie dans Logique du sens (1967), il n’en parle jamais, et ses exemples musicaux sont toujours Schumann, Glenn Gould, Bach, Schoenberg…
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Je sais bien que le rock n’a pas besoin d’être défendu, mais une affirmation tranchée appelle la critique comme le vide appelle le plein. Si on dit « le rock est nul », l’honnêteté intellectuelle impose qu’on cherche aussitôt quel groupe de rock n’est pas nul. En tous cas, moi, c’est comme ça que mon cerveau fonctionne. Et je songe : Talking Heads n’est pas nul, loin s’en faut (ou alors c’est pas du rock, mais alors qu’est-ce que le rock ?). Ce n’est ni je m’en foutiste, ni primaire, ni basé sur l’idolâtrie. On y retrouve une énergie rock, cette énergie qui est la base du succès populaire de cette musique bien avant son simplisme et son snobisme intellectuel. D’où ma conclusion: ce n’est pas le rock qui est nul, c’est la culture rock.
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“Le côté rock-star de Deleuze”.
Je me suis exprimé vite et mal : ce n’est pas la pensée de Deleuze que je méprise, c’est son comportement d’enseignant, sa mise en scène théâtrale de lui-même. On le voit essayer de convaincre par la séduction plus que par le fond, comme le faisait Lacan. Ce sont des comportements de rock star, de gourou, ça n’a rien à voir avec la pensée, rien à voir avec la philosophie. Il fait exactement ce que tu reproches au rock, il mise sur l’idolâtrie – et c’est ça que personnellement je méprise.
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didier wampas est pourtant la preuve que dieu existe
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Moi aussi je deteste »les comportements de rock star, de gourou qui n’ont rien à voir avec la pensée, rien à voir avec la philosophie qui mise sur l’idolâtrie … . » Mais malheureusement c’est un comportement qui a l’heure actuelle est extremement repandue et tres generalisee chez la plupart de nos contemporains, »nouvelles stars » et autres » idoles » de pacotille (comme toutes les idoles d’ailleurs si on reflechit bien) sans que d’ailleurs ils s’en rendent compte.Au fond c’est assez grave cette histoire, ca montre bien comment avec ce systeme d’idolatrie facon rock star on empeche les gens (les jeunes surtout assez influencables)de penser vraiment. Il faut passer par un Maitre, un Gourou, Le Grand Ecrivain Contemporain, Le Penseur de Service …Avec la mode Star AC on nage en plein dedans : cette decerebralisation…mais maintenant meme dire ca ou evoquer ce probleme on passe pour un snob ou pire un bobo qui a la chance d’avoir un bagage culturel et donc desole monsieur mais de quoi vous plaignez vous il vaut mieux se taire je crois, lisez votre Princesse de Cleves bien tranquillment dans votre koin et laissez les jeunes s’abrutir pleaase…kasse toi pauvcon koi …Star AC c’est plus gerbant ce genre d’emission que de lire les inrocks kan meme , quoique…Houellebecq est un parfait exemple de cette deformation malsaine, c’est devenu le mec a Lire -et a-aimer-dans-les- soirees-sinon-te’s-un-ringard -has been qui prefere de pauvres types pas connus (Bouvier ? Barthes ? Borges ? mais c’est ki ces mecs ha ha ha ? plus personne ne lit ca mon pauvre ami ah aha 😉 peut etre que Deleuze etait une sorte de Houellebecq en France dans les annees 60-70, je ne sais pas je n’y etais pas et mes parents non plus…je pense qund meme que Deleuze avait un reel souci de pedagogie quand il faisait son abecedaire a la tele ou cours a Vincennes, et surtout disait moins de conneries que l’autre depressif qui vend des tonnes de bouquins en ayant l’idee marketing geniale _des idees marketings c’est bien tout ce qu’il a e genial d’ailleurs…il faut bien l’avouer- de melanger du cul, de la SF seventies prerechauffe avec un zeste de polemique en flrtant avec la secte des raeliens, non mais quelle blague ! c’est de la litterature ca ? peut etre un peu en cherchant loin mais heureusement qu’il n’ya pas que lui…malheureusement les gens ne lisent que lui…un gourou des lettres francaises contemporaines…pfff.) sans compter les stars de la tele et de la politique of course dont je tairai le nom mais que tout le monde a reconnu : in su ppor table ! ; peut etre que dans trente cinquante ans on etudiera ce phenomene en citant cet article, tres bien ecrit ; ce serait marrant… le chercheur (coucou jeune chercheur (ou vieux…), si tu es la ca va , ca va dire qu’il ya une vie possible apres l’ere de la surmediatisation, de l’idolatrie a tout crin qui craint, de l’epok Carla…de.la houellebecquisation des esprits ect… te fous pas trop de notre gueule surtout, jhe sais c’est la merde en ce moment les gens font n’importe quoi , lisent n’importe quoi, se croit ecrivain en fumant une clope avec l’auriculaire en prenant l’air defonce et ne pensent qu’au fric…oui de la ou tu es c’est sur philosophiquement (litterairement aussi) Deleuze vaut bien mieux qu’un Houellebecq et tute demandes encore comment on a pu passer autant de temps a lire et venerer un cretin pareil, je te laisse a ton travail de theseecouter les classiques du debut vingt et unieme siecle -Bjork , Marisa Monte et autres merveilles que je ne connais pas encore of course- ….
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He les jeunes vous savez qu’en langue allemande il n’y a pas que Tokyo Hotel : Stefan Zweig, Karl Krauss, Hermann Broch,Heiddegger..c’est rock and roll aussi quelque part !
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Sur la prétendue supériorité du foot par rapport au rock : NON. Pour dire que le footeux reste modeste, il faut n’avoir jamais ouvert l’Equipe. L’Equipe, c’est quand même pire que les Inrocks, faut pas exagèrer. Quant à valoriser le pied, bon, si on veut. Le rock valorisait le manche et sa connexion au bas-ventre, c’était quand même plus sexy. D’ailleurs, les filles ne s’y trompaient pas.
Sur Deleuze : c’est dans les années 90, dans son entrevue pour le Magazine Littéraire, si mes souvenirs sont exacts, il parlait des cours, de l’énergie particulière du rockeur en concert et la comparait à celle d’un prof. L’énergie, c’est la force et dans les deux cas, il y avait l’idée de pousser le concept ou le son le plus loin possible, jusque dans le destroy, ce qui demande effectivement l’endurance, le courage et le second souffle quand ça merdouille… La Force. Avec des trucs latinos, plus subtils et plus raffinés, il n’y a peut-être pas la même bourrinitude. Moi, ma star, c’était Iggy Pop, Lust for Life. Il représentait, un peu comme Talking Heads, à l’époque, une sorte de libération de l’énergie brute et c’est un truc irremplaçable.
Sur l’aspect « mainstream » de la culture rock, c’est complètement faux. Il faut être allé en boîte dans les années 90-2000 pour avoir vécu la domination complète de la dance et du rap. Vous le sauriez si vous n’aviez pas été aussi déconnectés des réalités djeun’s, à jouer du Dylan quand tout le monde écoutait de la techno, comme si ça avait été un truc à la mode. Mais c’était la mode de papa : depuis la fin des années 80, le rock est devenu complètement has-been. C’est très récent, le retour du rock comme genre « bankable ». Donc les fans de rock quand on avait 20 ans étaient complètement minoritaires, c’étaient des dandies ou des ringards, au choix.
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Ben, Ben, mon bon Ben, ne me fais pas sortir de mes gonds. Quand je dis rock, je parle de toute musique populaire à trois ou quatre accords. Il est vrai que la techno et l’electro échappent un peu à tout ça, puisqu’au lieu de galvauder la musique harmonique, elles galvaudent plutôt les expériences électroniques, électro-acoustiques et acousmatiques de l’après-guerre en en faisant une machine à faire danser.
Mais entendre des distinctions entre rock, reggae, funck, disco, et autre grunge, new wave, indie, et j’en passe, c’est vraiment une manière de mettre de la connaissance là où il n’y en a pas besoin. Enfin, les gens font ce qu’ils veulent, et d’ailleurs je les connais moi-mêmes ces distinctions, donc je ne prétends pas qu’elles n’existent pas : je dis qu’au fond, c’est la même structure musicale fondamentale, que ce ne sont que des différences d’habillement, d’arrangement sonore, et que pas un seul sous-genre ne nous sort de l’indigence que je dénonce dans le billet.
Maintenant, Mart et Ben, pour ce qui est de l’énergie, de la libération cathartique de celle-ci, je pense que Berlioz est toujours bien plus efficace et dévastateur qu’Iggy Pop ou Talking Heads, et ce pour les siècles des siècles. J’ai dit.
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Moi je pense que Berlioz est AUSSI efficace et devastateur qu’Iggy Pop, the Stooges , Clash ou… Brassens pour ce qui est de la liberation cathartique, la Force est la meme ! Je crois qu’on est tous d’accord …
Je fais de la promo pour une amie specialisee dans la liberation cathartique et qui s’y connait question Force Rock and Rollesque ! : Elle s’appelle Sandie Trash, c’est une francaise, elle est pas connue, pas encore en tout cas, mais je lui vois un destin glorieux et superbe.Elle est fiere de ne rien faire. Elle joue ce soir a La Java , Paris, 19 hOO. Elle ne passera jamais a la Star Ac et pourtant elle gagne a etre surmediatisee.
http://www.myspace.com/sandietrash
Achetez son disque, c’est super.
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« et d’ailleurs je les connais moi-mêmes ces distinctions »
On visualise bien Guillaume à sa table de travail, du Berlioz en sourdine, en train de consulter le « dictionnaire des musiques populaires occidentales / sous-genres électriques et acoustiques, 1955-1999 », par l’abbé Jean-Robert Pianitus, Presse universitaires du Vatican.
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« dictionnaire des musiques populaires occidentales / sous-genres électriques et acoustiques, 1955-1999″, par l’abbé Jean-Robert Pianitus, Presse universitaires du Vatican.
J’y crois pas. Il existe, ce bouquin ? je trouve que le titre est très bien trouvé. Tu devrais écrire un index des titres des dictionnaires des Presses Universitaires du Vatican.
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Ah oui, on visualise bien. Le sage précaire qui essaie de s’adapter aux musiques de son temps et qui ne sort pas de chez lui sans une édition de poche du « Parler des jeunes ».
Moi j’y crois.
Part contre, je ne crois pas à « Berlioz en sourdine ». On ne peut pas écouter Berlioz en sourdine, à la différence de Talking Heads.
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Ce qui serait audacieux, c’est un billet intitulé « Indigence de Berlioz ». Son requiem, par exemple, c’est à la fois sympathique et grotesque tellement c’est grandiloquent. Quand je suis d’humeur sensible, ça me donne des frissons, mais avec un léger sourire dans le fond comme quand je pleure en écoutant une chanson de Mouloudji.
Mais Fred, je sais pas où tu es allé cherché que Talking Heads s’écoute en sourdine : comment résister en écoutant Psycho Killer par exemple à mettre le volume à fond ?
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« Indigence de Berlioz »; C’est une idée d’article trés inspirante; Merci Mart; au passage , j’aimerai savoir si tu as des ecrits lisibles – Virtuels ou sur papiers de ton passage a Cuba ; au fond je ne sais pas trop mais ça m’attire grandement;Je compte y aller prochainenement; et pour des raisons ideologico familiales çà m’interpelle a mort la sirtuation geopolitque de ce pays;tout ce que je peux avoir d’information sur ce pays m’interesse enormement; n’hésite pas a transmettre sur ce blog des références de ton bouqun ou article au sujety de ce pays; Muchas Gracias d’avance; Au passage je pleure aussi n écoutant une chanson de Mouloudji ou Vian voire Férré ouh la Honte; Bah ,quel mal ah ça…Monsieur le Sage Précaaaaaire , je vous fais une leeeeettre (un com aujourd’hui) , que vous lirez peut eeeeeetre si vous avez le temmmmps;;;;je viens de recevouar mes papieeers militaiiiires pour partiiiiir a la gueeeeerre avant mercredi souaaaaar; comme un coquelicot mesdames ! see you les gars;
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« Son requiem, par exemple, c’est à la fois sympathique et grotesque tellement c’est grandiloquent. »
J’hésite à répondre, car je ne sais pas si c’est de l’ironie ou pas. Alors je réponds en me moquant gentiment (je préviens) : Je penche pour l’ignorance de ta part, Mart. « Indigence de Mart quand il parle musique », voilà le sujet de l’article qu’un sage précaire inspiré devrait faire. Comparer Berlioz à Mouloudji, c’est quand on est à court d’idée, et qu’on a regardé vite fait l’article Berlioz sur Wikipédia pour avoir une idée de ce que c’est, et qu’on brode sur l’idée de « sentimentalisme » et de « grandiloquence ».
Je redeviens sincère. Je suis heureux que le sage précaire aime Berlioz, c’est rare car c’est une musique difficile à écouter.
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Parler sur la musique, c’est peut-être structurellement indigent.
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Pardon les gars, je ne disais pas ça pour vous. C’est ce que je ruminais comme réponse qui m’a inspiré cette remarque désabusée.
Non, pourtant, les écrits de Berlioz lui-même sur la musique, que ce soit son traité d’harmonie ou ses chroniques musicales dans la presse de son époque, sont formidables à lire. Cela donne envie d’écouter enfin de la musique.
Très drôle, l’idée des presses universitaires du Vatican et de moi lisant le bouquin en question. Il y a toujours avec Mart un vieux fond religieux, comme structurant l’imaginaire même.
Mais parler musique me lasse, c’est peut-être même la musique qui me lasse.
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« J’hésite à répondre, car je ne sais pas si c’est de l’ironie ou pas. »
La comparaison de Berlioz et Mouloudji, c’est un peu ironique, en effet, mais pas seulement.
Je connais parfaitement le requiem de Berlioz. Je l’ai écouté environ un milliard de fois dans ma vie, il est gravé dans ma mémoire. Ca n’enlève rien au fait que ça me fasse sourire tout en me faisant frissonner. Entre le sublime et le ridicule, il n’y a qu’un pas, disait Napoléon, et le requiem de Berlioz illustre parfaitement cette idée. Après, on est sensible ou non au ridicule, comme on est sensible ou non au sublime. Si on est sensible aux deux, on fait comme moi, on frissonne et on sourit en même temps en l’écoutant.
Mouloudji, TOUTES PROPORTIONS GARDEES, c’est pareil. Comme un petit coquelicot, c’est tout à fait ridicule et tout à fait joli à la fois. C’est touchant et maladroit.Il n’y a que les imbéciles qui imaginent qu’on ne puisse pas réussir et rater en même temps quelque chose.
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« Il y a toujours avec Mart un vieux fond religieux, comme structurant l’imaginaire même. »
C’est pas faux, mais je vais quand même beaucoup moins souvent à la messe que toi.
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Des bus pour le Rock Am Ring 2010
CIRCUIT DU NURBURGRING (D)
25EME ANNIVERSAIRE ! 4-5-6 juin 2010 Déjà annoncé RAMMSTEIN départ de Paris Chalon sur Saône Dijon Grenoble Lyon Mâcon Metz Nancy Reims Thionville possibilité de réserver dès maintenant pour bénéficier des prix avant Noël Le Festival Rock Am Ring est un des plus gros festivals européens. Une affiche à dominante rock et métal, une centaine de groupes, dont les plus grosses pointures du moment, des animations à foison et pas loin de 300 000 personnes sur un week-end, le tout à l’intérieur d’un circuit automobile spécialement
aménagé (le Nürburgring à Eifel en Allemagne)
Informations et réservation
http://www.voyagenbus.com/rock-am-ring-2010-circuit-du-nurburgring-d.html
ou par téléphone au :
04 76 43 30 81
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Ca a l’air bien, en effet. Rock métal, circuit automobile, animations à foison, tout ce que j’aime.
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Je vous sens méprisant, Guillaume. Le rock métal n’est pas une sous-culture, ça vaut largement Johnny. De même les circuits auto, ce sont les tours Montparnasse modernes, des gestes d’architecture. Quant aux animations à foison, elles n’ont rien à envier à la fête de l’Huma. Tout ça, c’est de la vrai culture, du beau. Pas du beau de bobo peut-être, mais du beau de beauf, et boobo ou beauf, ça se vaut. Appelons les les bobeaufs. vous devriez y aller, ça ferait du bien à votre tetête d’intello.
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Je n’ai pas a me justifier mais je ne mettrai jamais sur le meme plan un chanteur de variete politiquement suspect question courbette au pouvoir etabli et l’esprit de liberte qui me semble animer tout bon groupe derock (qu’il soit »metal »’ – kes a dire ? pff n’impote nawak- ou non… qui se respecte… En plus , a part Dave Grohl, AC DC et d’autres trucs undergrounds pirates metal que plus personne ne connait et n’ecoute, ma culture en hard rock est plus que miserable et ca doit faire dix ans que je n’ai plus mis les pieds a la fete de l’huma. Sans doute une erreur je veux bien le reconnaitre, mais il se passe pleins d’autres trucs ailleurs en banlieue qu’a la Courneuve et tout aussi jouissif question programations musicales, theatrales et artistiques en tout genre….Quand a Johnny, le seul que je connaisse n’a rien a voir avec ce chanteur braillard et sarkoziste qu’ecouteront les bobos de l’an 2050 en disant la bouche en cul de poule que c’est un chanteur admiraaaaable aux paroles geniaaales et formidaaables . aaaalumez le feu et sur ce bonsouaaar !
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A part ca ca a l’air bien ce festival,
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Ce blog de mecs n’en finit plus de chuter, mais vous remontez quand même un peu le niveau François (le seul, le vrai, l’unique).
A propos, d’où vient votre nom ? Il me semble que nous sommes de la même famille.
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Merci Laurence , enfin on reconnait ma vraie (un peu…) valeur sur ce blog ! Mais oui on est cousin, c’est sur !
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