Donnant sur le bassin du Grand Canal, le bar était pionnier dans ce quartier. Il est bien placé, mais l’intérieur n’a ni les avantages de la modernité ni le charme des vieux endroits.
Un homme qui ressemble à Hugh Grant vient retrouver son vieux copain le serveur. Le serveur est irlandais, peut-être un des propriétaires, et prétend qu’il est très busy alors que le pub est vide. Hugh Grant est un étranger, peut-être allemand, nordique en tout cas, ayant cette chaleur humaine que les Irlandais trouvent intrusive. Je me dis qu’il doit bien s’emmerder dans la vie, Hugh Grant, pour avoir comme compagnon de Friday night un barman qui nettoie le bar en lui parlant de son boulot.
Un autre étranger entre, habillé d’une chemise à carreaux. Il semble avoir plus d’atomes crochus avec le barman, être moins lourd dans son affection, moins dans le besoin d’amitié. Hugh Grant, lui, se trouve mis de côté. Quand le mec à la chemise à carreaux s’éloigne, Hugh Grant essaie de renouer avec le barman, qui lui fait répéter tout ce qu’il dit, comme si son anglais n’était pas clair. Il répète ses phrases, mais le barman se détourne avant la fin. Hugh Grant réagit en payant une tournée. Quinze euros pour trois pintes.
Quand mes neveux étaient petits, on avait un jeu qui s’appelait « Client à la con ». L’un des joueurs tenait le rôle d’un commerçant fort peu accueillant, barman, épicier, libraire; les clients devaient se tenir sur une jambe. Le premier qui tombe par terre à force de rire, a perdu.
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C’est un sacré jeu en effet. Je ne suis pas sûr d’avoir assez de prestige, ou assez de proximité, avec mes neveux, pour leur proposer ce jeu-là. Mais on ne sait jamais.
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