Je rentre d’une longue promenade dans le quartier où il ne faut pas aller le jour de la Saint Patrick.
Pour beaucoup de gens de la bonne société, c’est un quartier où il ne faut jamais mettre les pieds, no matter what. Entre autres conseils, à mon arrivée dans la ville, on m’avait chaudement recommandé de ne pas y prendre un logement, malgré sa proximité avec l’université. On me disait : « C’est plein d’étudiants ».
Dans mon esprit naïf, les étudiants sont des gens qui discutent, qui draguent, qui boivent, qui font l’amour quand ils peuvent, qui lisent et écrivent. Toutes sortes d’activités qui me semblaient propices à l’exercice tempéré de la sagesse précaire.
Il n’en était rien. Il fallait décrypter les messages. Les « étudiants », pris dans le contexte, cela voulait dire des jeunes gens qui vont à la fac, mais qui se comportent comme des malfrats, qui violent des filles ivres, qui brûlent des voitures, qui jouent au sport gaélique dans la rue, au mépris des voitures et de l’ordre public.
Un ami protestant m’explique que les autres quartiers d’étudiants sont beaucoup plus calmes, mais à la question de savoir pourquoi celui-là pose problème, je reçois cette réponse énigmatique : « I don’t want to speculate. »
Quand un Nord-Irlandais dit qu’il ne veut pas « spéculer », c’est qu’il y a du conflit communautaire sous roche. On en vient vite à comprendre que ce quartier est plein de jeunes Irlandais catholiques, et que les autres quartiers d’étudiants sont plus mélangés, avec une majorité d’étudiants protestants (donc, pour caricaturer, plus proches de la bourgeoisie, plus respectueux d’un ordre qui, mutatis mutandis, travaille pour eux).
Mon ami protestant confirme : « Personne ne veut le dire, mais c’est ce que tout le monde pense, oui. » Le quartier des Holylands est un ghetto de jeunes catholiques sans parents, et le jour de la Saint-Patrick est le grand jour de liberté, de fête orgiaque et de revendication confuse de leur identité d’Irlandais.
Comme tu le dis un peu plus loin, un village gaulois.
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Par Toutatis.
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The more people continue to talk about ‘catholics’ and ‘protestants’ as if they are two actual separate things / entities / peoples, the more people will continue to believe that this is true. What is a catholic? What is a protestant? And how are they supposed to differ? One of the sad facts of the mental illness of this nothing talk, as if it is something real, is that somehow our very welcome guests from other parts of Europe and beyond often get caught up with this sort of debate, this kind of questionning, this form of mental illness.
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Oui, on m’a souvent dit cela, et pourtant, ne pas parler d’un problème ne le fait pas disparaître. Il se trouve que la ségrégation dans les quartiers est plus forte aujourd’hui qu’elle ne l’était pendant les Troubles. Eux-mêmes, les catholiques et les protestants, ne sauraient pas forcément comment se définir, et pourtant il savent où habiter, où ne pas habiter, où boire une pinte, où ne pas mettre les pieds. Ce n’est pas une maladie mentale, c’est une division dans la société, comme il y en beaucoup, et partout.
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