Mes derniers colocataires s’en vont

Après le Pakistanais, voilà que les deux Lettons quittent ma maison. Je me retrouve donc seul dans ce logement à deux étages.

J’ai l’impression d’être le vainqueur d’un jeu de téléréalité, où tous les candidats auraient été évincés les uns après les autres, par le décret implacable d’un public omniscient et invisible. J’ai gagné, mais qu’est-ce que j’ai gagné ? Le loisir de me prélasser sans ressentir dans la cage thoracique les boum-boum de la musique techno de mon voisin du dessous.

Le droit de ne pas retrouver la poêle à frire, tous les jours, déborder de frites et de reliefs d’oeufs au plat, sur une cuisinière dégueulasse.

Pour fêter cela, je vais délicatement débrancher le vieux four à micro-onde, et, religieusement, jeter cette merde infâme contre un mur de l’allée, derrière la maison. J’offre à la maison, et aux colocataires futurs, un nouveau four, rien que pour fêter tous ces départs.

Les Lettons ont trouvé une autre maison, dans un quartier plus riant, où ils pensent être heureux. Sans doute est-ce un peu plus cher, mais cela a bien plus de cachet. Ce qu’ils ne savent pas, mais il faut leur laisser la surprise, c’est que les maisons de ce coin sont très froides et bien plus humides que la mienne. Dès le mois d’août, ils seront dans l’obligation de chauffer, ils dépenseront des millions en fuel tout l’hiver, et ils auront la compagnie des limaces.

Et puis surtout, doux Lettons, où que vous mettiez vos pieds, à partir de maintenant, il vous faudra très sûrement laver vos casseroles, tirer la chasse d’eau et passer l’aspirateur.

9 commentaires sur “Mes derniers colocataires s’en vont

  1. ah vos histoires de colocataires vont nous manquer… trouvez en vite d’autres (le lecteur réclame !) Si j’habitais Belfast,je vous aurais sûrement demandé l’hospitalité…et je sais faire le ménage !
    (en réponse à un autre message, nous étions allés à Belfast voir notre fils qui y étudiait pour un an, et visiter les glens of Antrim et l’île Rathlin. ) il rentre aujourd’hui..)

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  2. Ca fait du bien quand ça s’arrête, mais il ne faut pas que ça dure. Cette maison n’est pas faite pour y être seul. D’ailleurs, je ne sais pas si c’est psychologique ou non, mais ce soir, j’ai plus froid que d’habitude.

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  3. …et dis-moi, gentil sage précaire, dois-tu obligatoirement accepter les premiers venus sous prétexte qu’il n’y en aura peut-être pas de meilleurs ; bien sûr je présume que les frais commun seront différent s’il y a plus que moins de locataires pour les partager; les Pachtounes et autres Lettons sont-ils les seuls précaires ;n’y-a-t-il pas quelques petits Canadiens précaires sur la liste des rechercheurs de logis dans ton uni…moi l’été, d’avril à septembre, je loue très facilement ma chambre libre aux anglophones qui passent un trimestre à apprendre le français à l’uni Laval..j’habite rue Saint-Jean ,dans le vieux Québec.

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  4. D’accord avec Fred, ah le vieux Québec. Nous ne devions pas nous voir pour boire un coup à Québec, Mildred ? Ce doit être de ma faute, j’ai dû oublier de te contacter quand je suis passé là-haut.
    Les Canadiens sont les bienvenus dans ma maison, bien sûr, mais ils sont trop riches pour cela. Pour ma maison, il faut avoir besoin de loyers très bas.

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