J’étais en visite chez un ami hier, le jour où mon entretien d’embauche était prévu.
Comme les employeurs sont en Irlande, l’entretien s’est fait au téléphone. Cela tombait mal, je ne suis pas bon au téléphone. Je me suis malgré tout installé dans le bureau de mon ami, pour que le calme et les livres qui l’habitent m’inspirent une certaine sagesse, et j’ai fait ce que j’ai pu.
Les trois professeurs et conservateurs qui composaient le panel étaient parfaitement aimables et respectueux, ils ne posaient pas de questions pièges, et pourtant j’avais l’impression d’être à côté de la plaque tout le long de la discussion. C’est pendant cet entretien que je me suis rendu compte que je n’avais en fait aucune idée précise de ce en quoi le job consistait. Je n’avais pas mesuré l’obscurité dans laquelle je me trouvais.
Quand on m’a demandé de parler de l’aspect bibliothécaire de l’emploi, j’ai brodé autour de mon amour pour la National Library d’Irlande. C’est un lieu magique pour moi, j’y passais des jours, quand j’étais novice à Dublin, en 1998 ou 1999. J’y lisais des trucs sur Beckett, j’y écrivais des lettres à ma correspondante australienne rencontrée à Sligo. J’y communiquais avec James Joyce qui y a mis en scène une scène de Ulysses. Voilà qui a dû leur faire une belle jambe, à mes employeurs irlandais.
Je suis sorti de l’entretien passablement déprimé, mais dans le même temps, je ne suis pas sûr d’être capable d’une meilleure performance que celle-là au téléphone, en langue anglaise. J’ai fait passer une sorte d’enthousiasme, un enthousiasme d’amateur, et c’est là toute ma force. Au fond, pourquoi emploie-t-on un sage précaire ? Certes pas pour une adéquation parfaite de l’impétrant avec l’administration et l’université, mais plutôt pour la créativité présumée d’un enthousiaste généraliste.
Si j’échoue, et il n’y aurait rien d’injuste à cela, je n’aurai rien de fondamental à me reprocher, et c’est le principal. Si c’est un succès, par contre, j’irai vivre quelques mois à Galway, dans l’ouest de l’Irlande, et quelques mois à Dublin, à l’est. C’en serait fini des vacances cévenoles.
Réponse en fin de semaine.
C’est l’incertitude des recrutements.
Tu n’as pas les dossiers des autres candidats, ni bien sûr la transcription de leurs entretiens d’embauche. Donc… attendons la fin de la semaine.
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Précaire gentil, en fait je te dirais que »je te comprends » en rapport avec la présence de son soi-même dans un entretiens d’embauche ou d’un quelconque autre rapport d’affaire ;comme toi je préfère me déplacer pour conclure;même si je perds des heures; le téléphone et les mails me privent du contenant, je suis une visuelle.J’ai besoin de voir et d’être vue pour conclure une affaire;pour moi le contact humain passe par une poignée de main.Je ne suis pas aussi excessive que toi dans mes paraître mais un fait est que je conjugue ma tenue à l’audience .La première impression est la meilleur;je n’en ai encore jamais déroger et ça m’a porter fruit.Hélas la jeunesse du ouaib l’ignore.
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Bah. J’ai été embauché pas mal de fois, et chaque fois j’ai découvert plus tard que j’avais été choisi pour de mauvaises raisons. J’étais un autre que ce qu’ils croyaient avoir choisi. Nous avons fait quand même, jusqu’à ce que je parte ailleurs, parfois pendant des années. Donc, ne pas se dier « ai-je fait bonne impression sur ces gens importants. » La destinée est distraite ou fantaisiste.
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Je plussoie à l’intervention de Bolivar. Dans la vie, il est rare que le job qu’on prenne soit vraiment conforme à ce qu’on en attendait. Il y a toujours les bonnes et les mauvaises surprises. Pour les profs, c’est peut-être un peu plus balisé au niveau du contenu, quoi que.. Si je regarde mes expériences passées, j’ai toujours fini par faire faire autre chose que ce qui était mis sur le descriptif de poste.. 😀
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Merci les amis, pour ces soutiens variés. Le verdict est négatif, comme quoi avoir le bon profil est une parfaite illusion.
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Gombrowicz, en Argentine, s’était trouvé un petit job comme écriveur de lettres pour un banquier ( crois-je me souvenir). Il y aurait là une piste de travail sérieux pour un précaire, même sage.
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