L’Assemblée du Désert

Je ne voulais pas terminer mon expérience cévenole sans assister une fois à l’Assemblée du Désert. Qui dit Cévennes dit Désert. Pour un nomade comme moi, dont les parents ont longtemps vécu en Afrique, le désert des Cévennes a toujours eu une puissance évocatrice. Et qui sait si mon frère, né à Ouagadougou, ne s’est pas installé dans les Cévennes méridionales pour rester en lien avec son Sahara natal ?

Quand j’étais plus jeune, je faisais des randonnées dans les Cévennes en pensant que le terme de désert renvoyait à une terre infertile. Je ne comprenais pas encore qu’il s’agissait d’une référence biblique, que les protestants utilisaient lorsque leur religion était interdite par le roi de France. Ils se cachaient dans des coins de nature et procédaient aux services sur des autels portatifs. Le Désert faisait référence aux Hébreux qui errèrent pendant quarante ans dans le désert, conduits par Moïse.

Chez les huguenots, le mot même de Désert désigne même la période qui va de 1685 (la Révocation de l’édit de Nantes) à 1789 (la révolution française). Un siècle de clandestinité et de nomadisme relatif.

 

Tous les premiers dimanche de septembre, les protestants de France se rassemblent donc dans les Cévennes, dans le village de Mialet. J’ai lu quelque part qu’à Mialet, lors de la guerre des Cévennes, les dragons du roi conduisirent tous les habitants dans l’église et y mirent le feu. J’ai lu ailleurs que tous les habitants de Mialet firent déportés lors de la même guerre des Cévennes. On lit tellement de choses, en des endroits tellement variés.

L’assemblée se déroule dans un hameau où habitait un grand chef camisard, Rolland. Depuis le début du XXe siècle, la demeure natale de Rolland abrite les collections du Musée du désert. Et c’est en contrebas qu’on accueille tous les protestants qui le veulent, tous les premiers dimanche de septembre.

C’est là qu’en 1935, André Chamson avait prononcé son fameux discours sur l’esprit de résistance, dont j’ai parlé ici. Cette année, sont invités des personnalités beaucoup moins célèbres mais non moins protestantes : la pasteure d’Orthez Anne-Marie Feillens, puis une historienne et un historien. On attend, paraît-il, 20 000 personnes de l’Europe entière.

Le sage précaire ne peut pas rater la venue de 20 000 parapillots dans sa région d’adoption. Surtout si dans le lot se trouvent des nord-Irlandais, des Anglais et des Suisses. Quel défilés d’accents en perspective ! Un calvinisme haut en couleur.

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