
天 长 地 久, 百 头 偕 老
Tian Chang Di Jiu, Bai Tou Xie Lao
Traduit mot à mot : « Ciel grand, Terre vaste, Tête blanche, Vieux enlacés ». Un serment d’amour éternel que les Chinois comprennent intuitivement, et que l’on pourrait interpréter de la manière suivante : « Je te serai fidèle jusqu’à ce que tes cheveux blanchissent, et nous serons deux vieillards unis comme le ciel immense et la vaste terre. »
Ce dicton chinois est brodé sur une œuvre en mousseline de l’artiste Chen Xuefeng, vivant à Lyon depuis quelques années.
J’ai rencontré cette femme et son travail dans la galerie Françoise Besson, à Lyon, en août dernier. En prévision de la grande foire internationale d’art contemporain, Art Paris, qui aura lieu fin mars 2014 au Grand Palais, la galeriste lyonnaise voulait publier un catalogue monographique de l’artiste. J’en ai signé le texte, et pour ce faire, j’ai pris un immense plaisir à explorer l’œuvre de cette artiste singulière.
La jeune artiste franco-chinoise, formée d’abord à l’école des beaux-arts de Kunming avant d’enseigner l’art à Suzhou, et de parachever sa formation à l’école supérieure des arts décoratifs de Strasbourg, est travaillée par les questions de fidélité et de complétude, d’où le serment d’amour éternel que j’ai cité en haut de ce billet. Sans doute parce qu’elle est en situation de déchirement (sa situation d’exil en Europe) et qu’elle expérimente dans sa chair à la fois la nécessité de conserver son identité et l’impossibilité de la garder en l’état. Un grave accident de voiture dans les montagnes du Yunnan n’est pas étranger non plus aux obsessions de la blessure et de la mort.
Son œuvre mélange ardemment la douceur et la violence de la féminité.
Travailler sur son œuvre m’a fait beaucoup de bien, en me replongeant dans la critique d’art. C’est un exercice très gratifiant, même si je l’ai écrit dans la précarité et la pauvreté, sur des tables de bistrots et dans des squats californiens. Ecrire sur des œuvres d’art, c’est encore plus inutile que l’art lui-même, encore moins productif. On se sent devenir esthète, aristocrate, rentier.
Ecrire sur l’art, c’est l’acmé de la sagesse précaire, car c’est la crème du luxe.
« Ecrire sur des œuvres d’art, c’est encore plus inutile que l’art lui-même, encore moins productif. »
Ça me rappelle l’époque où j’écrivais sur des livres reçus en service de presse :
http://lutecium.org/stp/cochonfucius/artslivres.html
Inutile, mais pas inintéressant !
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Très intéressant, tu veux dire. C’est génial toutes ces critiques de livres. J’en ai feuilleté quelques-unes, avec le plaisir de voir qu’il y a pas mal de récits de voyage un peu obscurs.
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