Cette année au grand Palais, la salon de l’art contemporain « Art Paris Art Fair » mettait la Chine à l’honneur. Moi, j’y étais en qualité d’auteur du catalogue d’une artiste chinoise, dont je parlerai plus bas.
Les grandes stars de la scène chinoise, comme les personnages hilares de Yue Minjun, côtoyaient des artistes émergents, présentés par des galeries privées, qui essayaient de tirer leur épingle du jeu.
Toutes les galeries invitées (invitées contre une grosse somme d’argent quand même) n’avaient pas que des Chinois à montrer, mais c’est cette dimension du marché de l’art qui m’a intéressé pendant le salon : la présence de la Chine dans l’art contemporain. Non seulement les artistes, mais les collectionneurs, les salles de ventes, les musées, les galeries.
Depuis quelques années à peine, on assiste à une entrée fracassante de la Chine et, peut-être, à une reconfiguration totale de monde de l’art, sous son influence.
Au tournant du XXe siècle, c’était les riches Américains et Russes qui faisaient s’envoler les cotes des impressionnistes et des avant-gardes parisiennes. Grâce à eux, les Matisse et les Picasso devenaient riches à leur tour et s’apprêtaient à régner sur l’art de leur époque.
Après la deuxième guerre mondiale, les collectionneurs et musées américains ont imposé le leadership du Pop Art dans le monde, pendant que la Russie s’enfonçait dans une forme d’art réaliste sans autre marché international que les pays communistes, qui ne comptaient pas beaucoup de milliardaires amateurs d’art.
Ce que nous montre l’entrée des Chinois, c’est que si des investisseurs avaient aimé le réalisme soviétique, aujourd’hui, des peintures d’ouvriers stakhanovistes vaudraient aussi cher que les portraits en sérigraphie de Mao ou de Marylin.
Cette prédominance américaine est toujours d’actualité bien sûr. Ce qui se vend le plus aujourd’hui n’est plus Van Gogh ou Monet, mais Jeff Koons. Selon le rapport d’Artprice, Andy Warhol est toujours l’artiste le mieux vendu au monde, et qui « rapporte » le plus d’argent en 2013.
La nouveauté, selon la même source d’Artprice, c’est qu’après Warhol et Picasso, l’artiste le plus vendu de 2013 est un certain Zhang Daqian (1899-1983), suivi de près d’un autre Chinois, Qi Baishi (1864-1957). Deux peintres qui excellaient dans des peintures traditionnelles.
Le classement d’Artprice montre que ce n’est pas un épiphénomène. Des noms chinois par dizaines, sur l’ensemble de la liste des 500 artistes les plus cotés du monde. Et nous ne sommes qu’au début d’un mouvement qui va aller croissant.
J’ai profité d’être au grand Palais pour faire un reportage : j’ai interviewé des artistes, des galeristes, des politiques, des collectionneurs, des journalistes spécialisés, des financiers. Des richissimes investisseurs et des pauvres hères qui essayaient d’attirer l’attention sur leur travail.
L’un des galeristes les plus en vue de la place de Paris m’a dit qu’avec l’arrivée des Chinois, c’est tout l’art contemporain qui s’en trouvait transformé. C’est la « fin du dogme du concept », du ready-made, de la « tradition Duchamp », et la parousie d’un art plus diversifié, décomplexé et indifférent aux normes qui étaient les nôtres jusqu’à présent.
Paradoxalement, dans le stand de la galerie Françoise Besson, ce n’est pas l’artiste chinoise qui a été la plus « vendeuse », mais des artistes français. Ce n’est pas tout d’être Chinois, encore faut-il bankable.
Un artiste chinois que j’aime bien :
http://www.cipmarseille.com/auteur_fiche.php?id=1533
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