Comme le montre cette capture d’écran, mon petit récit indépendant se hisse parfois en tête des ventes dans la catégorie « Guide touristique du Brésil ».
Pourtant, Dieu sait que ce n’est pas un guide touristique, mais le sage précaire ne fait pas la fine bouche. Ce qui fait sourire, c’est certainement de se trouver devant le Guide du Routard et Lonely Planet, les deux guides que trimballent des millions de touristes. Il va sans dire que je n’ai pas vendu des millions d’exemplaires, loin de là, mais il est plaisant d’imaginer des voyageurs qui, à Rio, Recife ou Salvador de Bahia, se servent de mon livre comme un vademecum décalé.
Autant on m’a beaucoup parlé des relations familiales qui sont à l’oeuvre dans Lettres du Brésil, ou des émotions variées qui y sont exprimées, autant je n’ai encore jamais entendu de commentaires sur la dimension viatique du récit.
Si, à la réflexion, quelques personnes m’ont dit que leur curiosité avait été titillée concernant le Brésil. Mais nulle part, pour l’instant, de critique massive sur cette question. Pas encore de : « Vous n’avez rien compris à ce pays », ni de « votre vision est européocentrée ».
Cela va peut-être venir si des gens achètent mon livre par erreur, pensant que c’est un meilleur guide que le Routard, contenant de meilleures adresses, et des « bons plans » encore plus chauds. Qui sait ? Peut-être qu’un jour vous verrez ce livre dans les rayonnages des bibliothèques d’auberges de jeunesse, remplis de livres d’occasion laissés par les voyageurs.
Sur un livre d’occasion
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Un vieux poète va chez un bouquiniste et découvre un de ses propres recueils de jeunesse, mais pas n’importe quel exemplaire: celui qui comporte l’ajout manuscrit d’un sonnet inédit en page de garde, pour une belle femme de l’époque.
Il demande le prix.
D’habitude, répond le libraire, je le propose à dix euros, mais là, vu qu’un idiot a écrit sur une des pages, ce sera pour trois euros.
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Est-ce par la faute du mécanisme infiniment subtil qui qualifie les livres dans le catalogue d’Amazon que « Lettres du Brésil » est rangé avec les guides touristiques, ou bien est-ce l’auteur auto-publié qui a collé le « tag » dans son auto-description du livre ? Ce mécanisme subtil constate que tel livre peut être associé à tel autre parce que ce sont les mêmes qui l’achètent. Les voyageurs achètent des guides touristiques et aussi des livres de voyage. Je ne crois pas qu’ils s’illusionnent. Aussi bien, avant que Hachette et Murray inventent les guides utilitaires qui suivent les lignes de chemin de fer, c’étaient les livres de voyage qui servaient de guide à ceux qui suivaient le premier voyageur.
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Voir sur ce point la page
http://laprecaritedusage.blog.lemonde.fr/2011/01/17/jean-de-lery-et-claude-levi-strauss-intertextualite-totemique/
suivie d’intéressants commentaires.
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