Je cherche les mots pour vous parler des montagnes d’Oman.
Elles sont omniprésentes dans le nord du pays. Elles sont le cadre de tous les portraits, l’écrin des architectures. Elles accompagnent tous nos trajets, à pied ou en voiture, soit qu’il faille les contourner ou qu’il suffise de les longer.
Mais je cherche les mots. Je ne peux décemment pas dire : « Il n’y a pas de mots ».
Le village où j’habite est connu depuis longtemps car il est la porte d’accès aux fameuses « Montagnes vertes » (Jabal al Akhdar). Ce nom est un peu trompeur car ce que l’on voit depuis la plaine, ce sont des parois sans arbres et sans verdure. Où que l’on vous dépose, entre Mascate et Nizwa, vous êtes environné de géants arides.
Mes montagnes sont magnifiques. Elles sont variées, elles sont multicolores, jouant de toutes les nuances d’ocres, de jaunes, de terres, de gris dorés, de pourpres et de bleus. Pas un arbre et pourtant, des couleurs mouvantes, mates, pleine de puissance retenue.
Je cherchais les mots les premiers jours, quand je marchais dans la plaine poussiéreuse. La vue des montagnes me coupait le souffle. On croit que c’est la chaleur qui coupe le souffle, non, c’est la montagne. La montagne sur le flanc de laquelle se détache votre hôtel. Je me disais : « Il n’y a pas de mot ».
Certaines sont proches mais de petite taille. Elles s’apparentent alors à de gros tas de terre. Mais devant chez moi, c’est un mastodonte qui s’impose calmement, un monstre endormi. Tellement énorme que je le sens tout proche de moi, je sens son souffle. Il bouge comme un ours qui hiberne. Je sais que derrière ce massif, se déploie la chaîne la plus longue du pays, Jabal al Akhdar, la montagne verte. Mais c’est très étrange, cette chaîne ne commence pas par des contreforts, une progression continue ; elle naît d’un coup, elle se déchaîne dans une plaine désertique.
Pourquoi les mots me manquent à ce point ? Depuis le tout début, pourquoi ai-je le souffle coupé par la présence stupéfiante de ces montagnes ? Est-ce cela, l’expérience du sublime ? Ou est-ce parce que l’air pur rend leur vision trop tranchante ?
Elles dévoilent leurs pliures, leurs froissements dans une netteté hallucinée.
Les Omanais ont sûrement des légendes où la montagne joue un rôle, comme notre récit de Roncevaux.
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Peut-être bien, c’est à creuser. J’en suis, à cette heure, à chercher des auteurs omanais, classiques et contemporains. Ne serait-ce pas ironique, pour reprendre ton exemple, qu’un Thouroude trouve un Turold en Oman ?
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C’est la nouveauté qui fait cela, veinard, tous les sens en éveil, c’est bon ça. La suite vite!
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