Mon village, Birkat al Mouz

Je n’ai qu’à me louer d’avoir choisi mon habitation près du campus de l’université. Les raisons que j’avais invoquées tiennent toujours : distance pédestre ou cyclable du lieu de travail, beauté des montagnes et des acacias du désert, possibilité de faire des siestes réparatrices, indépendance vis-à-vis des moyens de transport privés et publics.

Ce que je n’avais pas prévu, et encore moins perçu, c’est que la commune où je me trouve recèle aussi un charmant petit village qui me comble de plaisir et d’émotion.

Ce village est excentré par rapport à l’axe maison/université, si bien que je ne passe jamais par son centre lorsque je me rends au travail. Enfin, c’est moi qui suis excentré, pas le village. Mon axe, ma route maison/université et toutes les habitations nouvelles qui sont dues à l’implantation d’une université, ont été créés en plein désert dans les années 2000.

De l’autre côté de la route de Mascate, gît ce formidable village, vieux de plusieurs milliers d’années. Le plus ancien vestige de la vie agricole en mon village, c’est la canalisation qui apporte l’eau claire de la montagne. On appelle ces minces canaux d’eau courante des Falaj 

À Birkat al Mouz, le falaj est surélevé, on y accède par des escaliers en pierre. Des enfants s’y baignent, des pères avec leur fille, des gamins se laissent glisser dans le courant. Plus loin, des Pakistanais et des Indiens s’y lavent ou méditent. Plus loin encore, quand le canal est descendu à hauteur de rue, les femmes y lavent le linge et la vaisselle.

On peut marcher le long des falaj, les rebords bétonnés sont faits pour cela. Je me promène donc dans le sens du courant et vois comment le village est organisé. L’eau me conduit au coeur du vieux village, d’anciennes fermes abandonnées, des quartiers en terre, dont certains sont en ruine. On se croirait en Afrique. Nul doute, à voir l’architecture de certaines anciennes maisons, que les paysans d’ici avaient des liens directs, voire de filiation, avec la population omanaise swahili, du temps où la capitale de l’Oman était située à Zanzibar.

D’ailleurs, dans le souk du centre ville, parmi les vieux qui font passer le temps assis par terre, certains ont un visage très nettement africain. Quelles histoires familiales et nationales pourrai-je me faire raconter ici…

3 commentaires sur “Mon village, Birkat al Mouz

  1. Moi j’ai tout un tas de photos, et il suffit de saisir le nom du village sur un bon moteur de recherche pour en avoir de très belles. Mais je résiste à la séduction par l’image pour l’instant. C’est bien connu, le sage précaire séduit par la parole.

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