Ce que l’on peut retirer des productions que l’on a vues sur scène du festival de théâtre d’Oman, c’est d’abord une étonnante créativité et vitalité de l’art dramatique dans ce pays. Il y a bel et bien, ce n’était pas évident, il fallait le montrer, une communauté assez importante pour faire masse dans la création théâtrale.
Des acteurs, des techniciens, des auteurs, des infrastructures, et même un public. Beaucoup de ce personnnel a suivi des formations à l’étranger, peut-être dans le monde arabe, on pense à l’Egypte, sans doute aussi en Angleterre et en France. On reconnaît l’influence de gens tels qu’Ariane Mnouchkine et Peter Brooks notamment.
Et justement, la mention de ces monstres sacrés de la scène m’amène à dresser un constat provisoire de la créativité des arts de la scène en Oman : une théatralité proche de la danse, de la chorégraphie. Un gros travail sur la physicalité des comédiens et sur les mouvements collectifs dans l’espace. Beaucoup d’usage de la musique sur scène, mais le plus souvent une musique produite par les acteurs eux-mêmes, leurs voix, leurs pas, quelque fois une percussion.
On est donc très loin de ce que des esprits étroits auraient pu craindre : une imitation cheap des spectacles à la mode, du kitsch télévisuel ou des reprises de comédies musicales sentimentales.
Avant et après les représentations, le festival organise des sessions de discussions et de tables rondes où discutent des critiques professionnels, des metteurs en scène et des politiques. Les thèmes abordés sont : la place des femmes dans le théâtre arabe, la création d’un répertoire original ou la constitution d’un public. Après les pièces, les critiques se réunissent pour procéder à des analyses à chaud et des discussions. Il paraît que les critiques arabes n’y vont pas de main morte et n’hésitent pas à exprimer leur déception, leur réserve ou leur enthousiasme.
Je n’ai pas assisté à toutes ses séances, mais je tâche de me rendre à un maximum de rendez-vous, parfois avec l’aide d’un interprète, parfois sans. La plupart du temps je ne comprends pas la communication verbale, alors je m’imprègne du non-verbal, l’ambiance, le ton, les réactions. Cela reste passionnant.
En écho à ce que j’ai écrit précédemment sur le Royal Opera House de Mascate et sur la musique classique en Oman, on peut remarquer que les Omanais se développent avec méthode, sans fuir devant les investissements nécessaires, en se choisissant des partenaires internationaux, et dans un souci de cohérence. Ils donnent l’impression de penser au long terme et ne pas se suffire des subventions et des mannes passagères. On sent une volonté organisée derrière tout ceci, qui préside aussi à la création des universités et des autres structures culturelles.
Dernier exemple : la constitution officielle d’une branche arabe de l’association internationale des critiques de théâtre. Là encore, je trouve assez impressionnant que l’on ait l’intelligence de prendre au sérieux l’activité critique, même si la motivation politique est sans doute marketing. Reconnaître la légitimité d’un discours critique, fût-ce pour le divertissement, et donner les moyens matériel de sa diffusion, est toujours une attitude qu’il convient de saluer.
Sinon, le théâtre arabe contemporain, c’ est bien que ça existe, mais tu penses quoi du vote front national aux dernières élections en France? Ou de la déchéance de la nationalité pour les binationaux supposés terroristes? Je sais pas, moi, fut un temps ou sur la précarité du sage ça cassait du bois vert. C’est Oman qui te rend indifférent ?
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Bonne année 2016 !
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Cher sage précaire, nous n’avons plus de nouvelles depuis plusieurs mois…
Est-ce que tout se passe bien dans ce beau pays d’Oman ?
Peut-être trop accaparé par le travail universitaire ?
Votre fidèle Mkb.
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