Comme tous les étés, les médias parlent de littérature des voyages. C’est un des thèmes qui revient immanquablement, on voit d’ici les conférences de rédaction, où le patron brandit son agenda : « Bon, cette année, la double page sur le voyage, les aventuriers, tout ça, qui s’y colle ? »
Si j’habitais plus près de Paris et que j’avais de l’entregent, je proposerais bien des dossiers un peu tranchés, mais depuis mon oasis de Birkat al Mouz, je n’ai d’autres ressources que d’écrire des poèmes sur la beauté des choses.
Cette année l’été commence tôt car dès début juin, France Culture lance une série documentaire intitulée Raconter le monde, à écouter en ligne quand vous le désirez et en cliquant ici pour accéder au site de l’émission. A la différence des habituelle enquêtes réalisées par des journalistes qui ne connaissent pas le sujet, et qui l’abordent après avoir fait un sujet sur la chirurgie esthétique et avant de produire quelque chose sur les bars à tapas, ces quatre émissions de radio prennent le temps d’explorer la littérature des voyages et témoignent d’une véritable recherche de la part des auteurs, dont voici les noms tels qu’ils apparaissent sur le site de France culture : « Une série documentaire de Arnaud Contreras, réalisée par Jean-Philippe Navarre, mixé par Alain Joubert« .
Le premier documentaire parle de l’histoire de la littérature des voyages. Le deuxième s’arrête sur la collection « Terre Humaine » de Jean Malaurie chez Plon, celle qui a publié Tristes tropiques de Lévi-Strauss et Le Désert des déserts de Thesiger. Le troisième explore les questions de la colonisation et de la décolonisation des récits. Enfin le dernier part à la rencontre de cinq auteurs d’aujourd’hui, assez peu connus mais qui pourront peut-être former une sorte d’école nouvelle d’écriture du voyage (moi j’en doute, mais les auteurs du documentaire voient les choses ainsi.)
Du fait que je sois devenu, par la force des choses, un spécialiste de cette littérature, je ne peux qu’être insatisfait de son traitement dans un média généraliste. Mais ce n’est pas moi qui suis la cible de ces émissions, ni aucune des personnes qui on passé vingt ans à lire, à écrire et à réfléchir sur le voyage et son écriture.
Plutôt que de partager les réserves et les agacements que je n’ai pas manqué de ressentir ici ou là, je voudrais encourager à écouter ces documentaires car ils sont bien faits, l’arrangement sonore y est très bon, les personnes interviewées ont quelque chose à dire et la littérature viatique y est peinte dans sa variété, sa diversité, son passé lointain, son passé récent, son présent et son avenir. Y sont aussi discutés ses rapports de force, ses formes de diffusion et d’éditions, son dehors et ses limites. C’est assez complet, et ça s’écoute bien en conduisant, en cuisinant ou en faisant la vaisselle.