La vidéo ci-jointe est une petite présentation que j’ai faite pour une université qui demandait un exposé de trois minutes sur une technique d’enseignement « innovante ».
Dans le champs des langues étrangères, le terme d’innovation est centrale, je ne sais pas d’où cela vient ni pourquoi les gens se crispent là-dessus. En réalité c’est dans la gestion de la recherche en général qu’on met en avant l’innovation, mais il y a peu de réflexion sur ce qu’est l’innovation.
Souvent, en didactique des langues, on se dit qu’une « technique innovante » se doit d’être une programmation informatique, ou un logiciel, ou une plateforme numérique, enfin quelque chose qui fasse intervenir de manière décisive les nouvelles technologies.
Le sage précaire n’a rien contre les nouvelles technologies, au contraire : de tous les sages précaires du monde, il fut le premier à ouvrir un blog, en 2005. Il est aussi le premier YouTubeur de toute la galaxie dite « sagesse précaire, sagesse diluée et philosophie en vrac ».
En tant qu’enseignant j’utilise abondamment les techniques de l’information et de la communication (TICE), j’ai la chance d’être formé à ces machines au fur et à mesure de mes déplacements, et je m’en sers sans compter.
En revanche, s’il me faut dire ce que je fais d’innovant, je ne peux pas me faire passer pour un grand informaticien. De plus, je n’ai pas encore observé d’innovation intellectuelle dans l’usage des technologies. L’exercice de grammaire, que vous le fassiez sur une tablette, sur un cahier ou sur une ardoise, il reste le même exercice.
En définitive, on utilise les ordinateurs mais on n’a pas encore détecté d’amélioration du niveau de langue de nos étudiants depuis qu’ils utilisent des ordinateurs. Les TICE sont donc utiles et ne doivent pas être snobées, mais elles ne sont ni miraculeuses ni même indispensables. Je ne reviens pas sur les fameux cadres de la Silicon Valley qui mettent leurs enfants dans des écoles où l’on interdit les tablettes au profit des ardoises et des craies.
Alors après réflexion, je me suis dit que ce que j’ai fait de plus innovant ces dernières années, c’était peut-être ce qui paraît le plus antique, le plus archaïque : chanter, danser, jouer la comédie. Se produire en public. J’appelle cela « les arts de la performance » car il n’y a rien de tel que d’inscrire la langue que vous êtes en train d’apprendre dans une action publique où vous convoquez toute votre personne, où vous vous sentez jugé et scruté, une action où vous vous produisez physiquement et qui produit au final des applaudissements balsamiques. Votre performance vous a transformé intérieurement et extérieurement en un locuteur officiel de cette langue étrangère.
Des « applaudissements balsamiques » ?! Je connaissais le vinaigre…
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Hi hi hi, bien vu Ben. Mais j’y pense, toi aussi tu as fait faire du théâtre à tes petites têtes blondes.
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