La courte sourate 107 articule la ferveur de la foi et la solidarité sociale. Je cite de mémoire la traduction de Mohammed Houlbad :
Au nom de Dieu, le doux, le miséricordieux
Regarde celui qui ne croit pas au Jugement dernier
C’est le même qui ne prend pas soin de l’orphelin
Malheur à celui qui prie
En pensant à autre chose
Qui prie avec ostentation
Et ne nourrit pas le pauvre.
Fin de la sourate.
Nulle part plus qu’ici la foi est décrite comme inséparable d’un progrès humanitaire. Prier pour la galerie n’est déjà pas glorieux, mais faire le dévot sans faire l’effort concret d’aider les pauvres est carrément considéré comme un péché grave. La versification de cette sourate tresse les deux thèmes de la sincérité du cœur et de la générosité de la main comme deux réalités inextricables. Qui prie avec application partagera son revenu avec la communauté, de manière quasiment automatique. Inversement, l’arrogance et l’avarice vont de pair, la tartufferie et la muflerie aussi, ainsi que la distraction et l’égoïsme.
Qui ne se concentre pas lorsqu’il prie (et l’on pense tous à autre chose pendant une prière, voire à des choses mauvaises), finira par laisser mourir son prochain. Les deux valeurs sont à mon avis interchangeable et peuvent se lire de multiples manières. Par exemple : celui qui ne fait pas d’effort pour combattre la misère finira en enfer, car son égoïsme économique est un signe manifeste que ses prières sont faites « en pensant à autre chose ».
Je suis très touché par cette sourate car je confesse être un homme dilué. Ma faculté de concentration n’est pas très grande et je dois m’y reprendre à plusieurs fois pour être vraiment connecté à ce que je fais. Je vais donner de ce pas de l’argent à des pauvres.
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