
Nous sommes entre Noël et le jour de l’an. Le sage précaire est en vacances, comme tous ses collègues professeurs. Il professe la philosophie en classe terminale depuis septembre 2022 dans des lycées de France et d’ailleurs. Trois mois d’expérience qui autorisent un petit bilan d’étape.
Que peut-on penser des élèves français des années 2020 ? Doit-on se lamenter sur l’état de notre « école républicaine » ? Le niveau baisse-t-il à un point tel qu’on ne reconnaîtrait plus son pays ?
Après trois mois de travail intense dans l’enseignement de la philosophie, je n’ai pas lieu d’être catastrophé. Les élèves que j’ai eus jusqu’à présent sont sympathiques et bien élevés, et le sont davantage dans le public que dans le privé, je tiens à le dire. Dans le privé, on entend une petite musique néolibérale qui nous susurre à l’oreille que les profs sont au service des familles qui ont payé les inscriptions. Par conséquent, nous sommes encouragés à être très fermes sur la discipline et coulants sur les notes. Les parents aiment les punitions et les retenues, mais ils veulent bien les arrangements entre amis qui permettent à leurs rejetons d’avoir le bac sans en avoir le niveau.
Les élèves du lycée public sont très agréables et malgré des classes trop chargées je ne constate pas d’effondrement du niveau scolaire des Français. Si je les compare avec la classe dans laquelle j’ai été initié à la philosophie, en 1990-1991, je ne peux pas dire qu’ils soient plus stupides aujourd’hui que nous l’étions il y a trente ans. En revanche, en toute modestie, les cours semblent meilleurs : je pense être un meilleur professeur de philosophie que celui que j’avais en terminale dans la région lyonnaise. Il était débutant, si j’ai bonne mémoire, et ne savait pas expliquer les choses avec autant de clarté que moi.
Les élèves cévenoles d’aujourd’hui sont donc tout aussi intelligents que ceux d’hier. Ils sont aussi capables de grandes choses que ceux du siècle dernier. Je suis en train de corriger une centaine copies d’une dissertation (que les élèves ont écrite en devoir surveillé pour éviter le plagiat et la tricherie.) Les notes que j’ai distribuées donnent un aperçu de mon sentiment en la matière. J’ai donné un 19/20, cela dit assez combien je suis satisfait des efforts de certains. Bien entendu, il y a de mauvaises copies, et la majorité se trouve autour de la moyenne. Mais outre le 19, j’ai donné deux 18, quatre 17, cinq ou six 16, une poignée de 15, et ainsi de suite jusqu’au peloton qui tourne entre 9 et 11, et les lanternes rouges qui pourront se réveiller plus tard si elles le souhaitent.
Pas si mal pour un exercice, la dissertation philosophique, qui est sans conteste le plus difficile et le plus exigeant de toutes les humanités françaises.
Note interne à destination de mon ministre de tutelle:
La précarité du sage, Noël 2022.
Pap, quand la philosophie disparaîtra de notre cursus scolaire, ce point de comparaison entre les élèves des deux siècles aura aussi disparu. À bon entendeur salut.
Bonjour le Sage
Guitariste de ton premier groupe de musique (peut-être le seul), j’ai tenté d’assurer maladroitement une rythmique sur ta première œuvre « Les sahéliens ».
Accompagnés de notre ami commun au tuba (qui vraisemblablement était le seul à avoir reçu une éducation musicale) nous avons mangé ce soir là des boulettes de viandes.
La répète n’a duré que 2 heures, le groupe pas bien plus longtemps…
Qui suis-je ?
Ps: tu noteras que mon commentaire n’a rien à voir avec le bilan de ton immersion dans l’éducation nationale, ou peut-être un très léger rapport avec le temps qui passe… ou pas.
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Souvenir embarrassant de nos 12,13 ans. Je ne savais même pas jouer de la guitare à cet âge-là, mais je savais échafauder des projets foireux, ce qui est demeuré une marque de fabrique de la sagesse précaire. Souvenir embarrassant que ma mémoire avait réussi à occulter jusqu’à ce jour.
Je me souviens très bien de toi, de notre ami commun (il ne jouait pas de la trompette plutôt ? ou même du clairon ?), de ta guitare électrique, de la batterie de ton frère, de ta maison où nous formâmes ce groupe légendaire, mais je ne me souviens ni de ton nom, ni de celui de notre troisième musicien. Merci de ton retour, tu as bien fait de te signaler. N’hésite pas à me donner de tes nouvelles en message privé. Je suis certain que ta vie a été palpitante ces trente dernières années.
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Bonjour Guillaume
Et bien je me nomme Nicolas GARIOUD
Et notre complice de l’époque était Damien GASS,
Ma vie en quelques lignes :
Une épouse,
Deux enfants,
Une maison,
Chats, chien,
Quelques crédits qui trainent,
Aucun regret jusque-là,
De l’espoir et des envies pour la suite,
……..
Voilà c’est à peu près tout…
Ah non, quelques guitares aussi !
Ps : je crois bien que c’était du tuba à piston, il faudrait demander à l’intéressé.
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Waou, c’est génial, merci pour les nouvelles. Maintenant que tu me donnes les noms, oui je me souviens de tout. Et où vivez-vous toi et ta famille ?
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Ceux-là ont eu de la chance d’avoir un prof de philo
qui a connu d’autres immersions 🙂
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Pas sûr que tout le monde juge ces jeunes gens chanceux.
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🙂
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