La France touristique en déclin silencieux

Le tourisme en France se porte encore bien. Mais cette année, un constat s’impose : le pays, pourtant première puissance touristique mondiale, montre des signes de déclin que la sagesse précaire a pu expérimentés de manière concrète.

Cela est apparu clairement dès notre arrivée, en voiture, depuis l’Allemagne où nous habitons, et la Suisse. En descendant les Alpes vers Lyon, où habite la mère du sage précaire, on remarque immédiatement la qualité exceptionnelle des routes et des ouvrages d’art. Mais en y regardant de plus près, on réalise que tout cela est hérité des Trente Glorieuses, période d’intense développement économique et d’infrastructures entre 1945 et 1975. Depuis cette époque, aucun investissement fondamental n’a été entrepris. Ni dans les ouvrages d’art, ni dans les transports. Même les trains que l’on utilise aujourd’hui datent de cette période.

En somme, l’attractivité touristique de la France repose quasi exclusivement sur son passé. Les sites que l’on visite relèvent de l’histoire longue, et les infrastructures encore en fonctionnement sont celles des décennies suivant la Deuxième Guerre mondiale.

Un second constat nous est apparu en passant une nuit en bord de mer, à l’une des plages de la ville de Georges Brassens et de Paul Valéry. L’organisation des lieux est correcte, mais elle semble figée dans les années 1960. Surtout, la plage était loin d’être bondée. Et les visiteurs que nous avons croisés étaient presque exclusivement français, d’un âge moyen assez élevé. Peu de familles, peu de jeunes. Notre hôtel n’était pas mal mais la chambre était minuscule et nous a coûté 200 euros pour une nuit, petit-déjeuner inclus. C’est un prix exorbitant quand on compare avec les autres pays en bord de mer, surtout pour s’entendre dire à 11 heures du matin qu’il faudrait se presser pour partir !

Ce phénomène en dit long : lorsque la génération des baby-boomers aura disparu, une chute du tourisme intérieur et extérieur est certaine. Une chute qui ne sera plus seulement perceptible à l’œil nu, mais bien visible dans les chiffres.

Les jeunes générations, quant à elles, voyagent plus loin. Non pas parce que les plages étrangères sont plus belles, mais parce que les billets d’avion sont peu chers pour les jeunes, et que dans de nombreux pays, le coût de la vie est tellement bas que le surcoût du transport est vite amorti. Pour le coût d’une nuit à Sète au mois d’août, un étudiant français peut passer un mois au bord de l’océan indien.

Il rencontrera des jeunes gens d’autres pays, il sera accueilli avec le sourire, n’aura pas l’impression de se faire dépouiller, pratiquera l’anglais et des idiomes asiatiques, tombera amoureux dix fois et écrira des poèmes à la con sur le soleil qui se couche sur le monde et les étoiles qui ressemblent aux yeux de la fille à moitié droguée qu’il aura rencontrée la veille.

Il est donc urgent de tirer la sonnette d’alarme. Si la France veut conserver sa place dans un secteur aussi stratégique que le tourisme, il est indispensable de réinvestir massivement, et de changer de mentalité. Dans les infrastructures, les services, l’accueil, et dans l’expérience touristique prise dans son ensemble. Le réveil est nécessaire.

Première mesure : baissez les prix

Deuxième mesure : améliorez la bouffe

Troisième mesure : baissez les prix

8 commentaires sur “La France touristique en déclin silencieux

  1. Impossible de laisser un commentaire. Dommage car ton post m’a drôlement mise en colère !

    Moi qui apprécie beaucoup l’esprit du sage précaire, ce billet ne me plaît pas du tout.

    « Depuis cette époque, aucun investissement fondamental n’a été entrepris. Ni dans les ouvrages d’art, ni dans les transports. Même les trains que l’on utilise aujourd’hui datent de cette période. » Totalement faux. Les grands villes sont pleines d’infrastructures actuelles ou complètement transformées (cf. la gare de la Part-Dieu qui a opéré une mue extraordinaire ces dernières années). Et je prends le train toutes les semaines de l’année, et je peux témoigner qu’il y a des petits TER flambant neufs qui circulent.

    Je ne vais pas prendre le temps de commenter chaque paragraphe, mais aucun ne me semble juste.

    J’ai sillonné le sud de la Bourgogne en plein mois de juillet et je peux témoigner avoir eu le plaisir de dormir dans 3 hôtels différents, au confort simple et top pour des prix entre 75 et 90€ la nuit, petit-déjeuner compris. Réservation aux alentours de 18h le jour-même. Très bon accueil.

    Peut-être qu’on peut aller à l’autre bout du monde pour pas cher mais comment défendre ce modèle de tourisme qui bousille tout à commencer par la couche d’ozone ?

    Le sage est-il encore assez précaire ? Quelle idée d’aller au bord de la méditerranée en plein été ! La France regorge de merveilleux petits coins frais, vivants, libres, joyeux. Pourquoi aller à la plage ? Pour méditer sur l’état de la mer en surchauffe ? Et les morts par dizaine de ceux qui n’ont pas le droit d’avoir des visas pour la traverser ?

    Bref, ce billet m’a mis en colère…

    Et la France a peut autre chose à inventer dans les 50 prochaines années que du tourisme ?

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    1. Je suis d’accord avec toi ma chère Cécilia.
      D’habitude je ne vais pas trop en bord de mer, mais je ne suis pas tout seul, je me dois de faire des compromis. Or, quand on s’y rend, voilà les constats que l’on peut faire.
      Il se passe des choses chouettes dans des régions et des villes de France, mais cela ne touche pas le tourisme, et le sujet de mon billet était le tourisme.
      J’espère que tu n’es pas trop fâchée contre moi.

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      1. Je ne sais pas si « on » est d’accord, mais moi je suis d’accord avec les phrases que tu as écrites : des investissements positifs ont été faits dans des lieux comme Lyon et la Bourgogne ; il y a de nombreux coins merveilleux en France, mieux que la côte d’Azur, le tourisme de masse n’est pas une sinécure. Mais ce n’était pas l’objet de mon billet.
        Ce billet était en lien avec les diverses réflexions qui jonchent ce blog sur le tourisme comme un des modes du voyage.

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    1. Comme le pointe Cécilia à propos de Lyon et de la Bourgogne, peut-être que les investissements à désirer sont ceux qui feront de la côte d’Azur un endroit plus écologique. Cela attirerait des touristes plus jeunes et des entrepreneurs moins cupides.

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  2. https://www.tf1info.fr/economie/videos/video-le-tourisme-en-souffrance-dans-le-sud-de-la-france-32205-2384076.html

    il semblerait que ton diagnostic soit exact, la saison 2025 semble très en baisse par rapport à 2024 qui avait vu les jeux olympiques de Paris.

    Moi-même je n’ai pas été honorer ce haut lieu du tourisme que sont les plages de Sète mais j’ai pu constater dans un camping de Tours que de nombreux emplacements restaient inoccupés…

    Tu me diras, le camping à Tours, faut avoir envie.

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    1. Ton commentaire, Ben, raccorde ce billet et le billet précédent : chercher des alternatives à ce tourisme dépressif en aménageant des terrains cachés pour que les amis passent des vacances de luxe sans échanges marchands.
      Nos vacances sur le terrain de mon frère étaient de vraies benedictions. Il faut réunir les conditions pour en inventer de meilleures encore.

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