A la fin de la pièce, le public a applaudi à tout rompre. Je me suis demandé si j’avais raté quelque chose. Clairement, une émotion était passé dans la salle et m’avait laissé de côté.
Je voyais une communion entre les acteurs et le public, debout et criant, à laquelle je ne m’attendais pas… Mais soudain je compris.
Ce n’était pas des spectateurs qui remerciaient des acteurs. c’était des Anglais de Liverpool qui envoyaient un message de soutien et d’affection aux Irlandais de Belfast. Les acteurs étaient d’Irlande du nord. Moi, j’avais cru qu’ils imitaient l’accent de l’Ulster, mais non, ils étaient d’authentique survivants des Troubles. Le geste d’un acteur m’a mis la puce à l’oreille : de la main, il invitait le public à aller boire une pinte après le spectacle. Geste typique de l’Irlandais qui joue son rôle de buveur sympathique, jovial et pas fier.
En desendant les marches du théâtre, je me suis dit qu’il y avait un exibitionnisme propre aux îles britanniques (Irlande et Royaume-Uni) : celui qui consiste à surjouer la « niceness« , la gentillesse simple et pas fière. Sincèrement, il y a quelque chose d’étouffant à cette pompe très particulière. On a envie de leur dire : « C’est bon, camarade, je sais que vous êtes sympas, ne faites pas tant d’effort. »
Ce qu’on appelle « une attitude onctueuse »…
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