Fréquemment, dans la supérette du coin, le « Spar » de la station service, des femmes font leur course en pyjamas.
Ces codes vestimentaires étaient déjà observés en Chine. Certains en concluent que dans ces régions, on peut porter n’importe quoi, aucune gêne n’est perceptible car il n’y a pas ni règle ni goût.
Il est pourtant évident qu’il y a là un code vestimentaire sûr. Les « nord-irlandaises » du Village (le quartier populaire où je vis) perçoivent le pyjama comme une tenue d’intérieur mais pas nécessairement de couchage, ou d’intimité. Après la toilette du soir, ou dans l’entre-deux qui sépare la journée active et le coucher, un espace de confort un peu relâché peut être partagé avec les voisins. On fume sa cigarette accoudée au portail de chez soi. Toute une classe d’objets, nounours, sucette, bavoirs, cycles, jouets, traversent la rue dans les mains des mamans qui viennent discuter les unes avec les autres. Par conséquent, elles étendent la notion d’ « intérieur » à leur voisinage, ainsi qu’aux commerces de proximité.
Même si les vendeurs du Spar ne sont plus Monsieur ou Madame Untel, avec qui l’on parle du temps et des gosses, mais des jeunes précaires qui trouvent là un « job », le magasin a gardé la fonction de l’épicerie de village, qui n’est qu’une extension symbolique de la maison. On peut aller à la supérette en pyjamas parce que ce n’est pas loin du salon, pas loin de la salle de bains où le mari prend sa douche, et juste à côté de la télé devant laquelle les gamins sont collés.
En revanche, les mêmes, quand ils vont au centre-ville, ou au centre commercial, à quelques rues de là, s’habillent proprement. Ce serait mal vu de s’y promener en savates.
Bigoudi or not ?
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Deux remarques : D’abord, en Chine, se vêtir de pyjama pour aller au marché est un trait spécifique de Shanghai, ville où la mode occidentale de pyjama s’est introduite dans les années 30, surtout chez les riches. Aujourd’hui, cette marque de richesse est ambivalente.
Deuxièment, comme chez ces nord-irlandais, ces habits ne sont généralement pas de vrais pyjamas avec lesquels on dort la nuit. C’est une sorte de tenue de chambre, confortable et pratique. Voilà une même aise vestimentaire qui relie les pratiques des Shanghaiens et celles que tu as aperçues.
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Merci Yuxia pour ces remarques eclairantes. Les pyjamas sont aussi le fait des Nankinois, mais c’est peut-etre pour la meme raison qu’a Shanghai: Nankin etait assez occidentalise dans les annees trente, lorsqu’elle etait la capitale tumultueuse et tragique de la Chine.
Maintenant j’avoue que je ne sais pas comment ces voisines dorment. Changent-elles de costumes de nuit, ou ne se vetent-elles, a l’instar de Marylin, que de quelques gouttes de Chanel n.5 ?
Pas de bigoudi, Nenette, en tout cas je n’en ai jamais vu la couleur d’un. D’ailleurs les femmes ne se frisent pas les cheveux dans mon quartier, elles se contentent de les teindre.
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