Cela fait plusieurs fois que j’entends des amis dire qu’ils ont été déçus par Paris.
Ils y sont allés, soit une journée, soit plusieurs jours, soit ils y passent plusieurs semaines, plusieurs mois, et pourtant, bof, cela ne vaut pas tant le voyage que cela.
Mon premier réflexe fut de penser qu’il manquait à mes bons amis un sens, ou une compétence : peut-être ne savaient-ils pas regarder une ville, apprécier une architecture, lire un fleuve, voyager dans le temps. Peut-être étaient-ils incapables de différencier une cathédrale du XIIIe siècle et un immeuble haussmanien, un arc de triomphe du XIXe et un palais « art nouveau ».
Or, ce ne pouvait pas être l’explication, puisque tous ces amis préféraient à Paris une autre ville européenne. Loin de rejeter les villes dans leur ensemble, mes amis louaient qui Bruxelles, qui Stockholm, qui Bruges, qui Barcelone, qui Londres, qui Liverpool. Il me semble aujourd’hui que tout vaut mieux que Paris. Je n’imaginais que cette ville était si difficile à aimer.
En dehors de quelques amoureux de la France qui ont établi une relation puissante avec la capitale, Paris me semble avoir perdu de son aura, de son charme, de son pouvoir de séduction, et je me demande vraiment pourquoi, surtout quand je la compare mentalement avec toutes les villes citées précédemment. Elles sont toutes formidables, j’en conviens, mais comme aucune d’entre elles n’a la richesse culturelle et historique de Paris, on est en droit de se poser des questions.
Sans doute que dans les modes contemporaines du voyage, est privilégié le goût individuel, l’émotion du moment. L’importance objective d’un lieu, d’un musée ou d’un monument ne fait plus le poids face aux désirs d’être dépaysé, impressionné, diverti.
En même temps, moi, chaque fois que j’y vais, j’y découvre de nouvelles choses qui me dépaysent et m’émerveillent. Mais je m’émerveille un peu partout, donc je ne suis pas une bonne référence.
Il est possible que les gens aient des attentes un peu disproportionnées. Qu’ils imaginent qu’en posant le pied à Paris, ils seront transportés dans une féérie, que des anges apparaîtront, que les cloches sonneront, que des prodiges se produiront sous leurs yeux.
Quand Neige est arrivée à la gare du nord, par exemple, je l’ai emmenée au Sacré Coeur, à quelques minutes de marche. On peut y voir des éléments variés de l’imagerie parisienne : une église en suspension, un manège, des escaliers, des fleurs et des bancs, des chanteurs de rue, une vue dégagée sur la ville. Neige regarda Paris et la trouva très blanche : elle fut surprise de ne pas voir beaucoup de couleurs.
D’abord, comme le nom de la France romantique, on, souvent les étrangers, a constitué une fantasmogorie avant de mettre les pieds sur les lieux réels. C’est ce qui se passe actuellement à l’expo de Shanghai où le pavillon de France continue à charmer les gens par les images romantiques et luxeuses de Paris! Un grand contrast entre la réalité et le rêve choque les gens, par exemple, voir de nombreux noirs dès l’aéroport, par exemple, voir des mendiants si présents dans les lieux touristiques, par exemple, voir des starbuck et des mckdonald très préseents…mais cela n’empêche pas qu’on aime Paris, regrette Paris, surtout lorsqu’on l’a quitté!
C’est très difficile de penser toujours à la culture et à son charme, sauf en compagnie de quelqu’un qui le suscite, le valorise, comme toi.
C’est comme dans la relation d’amour. Plus l’on aime quelqu’un, moins on tolère ses côtés decevants. Assure-toi, je pense que tes amis, aime Paris, mais heureusement pas d’une façon mystique.
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mais pourquoi ce mot sex-appeal?
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Je me rappelle soudain d’un entretien de l’auteur du fameux article « la mort de la culture françaisee », transcrit dans le Monde il y a très très longtemps. Après tant de critiques cuisantes féroces venant de l’auteur américain, le journaliste lui pose les deux dernières questions: – Vivez-vous à Paris? – Oui. -Pourquoi? – Parce que je l’aime, tout simplement.
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Oh moi je ne valorise pas la culture d’un lieu, ni ne suscite aucune émotion esthétique. Moi, j’épuise mes visiteurs, je les fais marcher des heures, je les juche sur des engins à deux roues, je leur fais monter des côtes. Demande à Neige, son weekend à Paris était un enfer, elle est partie sur les rotules. Même chose por Gao Xingjian à Belfast. Sauf le vélo.
Sinon, j’ai employé le mot de sex appeal parce que c’était une des images de Paris que d’être sexy. Mais en fait elle n’est pas sexy, elle est surtout épuisante.
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Je ne sais pas si je serais capable de montrer Paris à Neige au pas de course…
Je pense que (si l’occasion se présente) je ne lui en montrerai qu’un petit fragment.
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Justement, cela ne s’est pas fait au pas de course. Je plaisantais, dans le commentaire précédent.
Au contraire, j’ai précisément évité les transports en commun, privilégié la promenade à pied et à vélo, afin de sentir les quartiers, de ne pas réduire Paris à quelques sites touristiques.
Mais à Neige comme à tous les autres visiteurs, il faut laisser du temps, et le loisir d’y retourner, ce qu’elle a fait quelques semaines après notre weekend.
Parce qu’il y a un équilibre difficile à trouver : ne montrer qu’un petit fragment, c’est courir le risque que le visiteur se sente floué. Exemple : peu de gens apprécient vraiment la tour Eiffel, mais s’ils n’y allaient pas, les touristes auraient l’impression que quelque chose leur manque.
Cochonfucius, quel fragment de Paris montrerais-tu ?
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Ce n’est simplement le syndrome de Paris? Moi, j’aime bien avoir celui de Stendhal!
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Oui, on pourrait creuser cette idée d’un syndrome spécifique à Paris.
Je connais un couple de Coréens qui m’ont dit avoir été surpris d’aimer Paris. Ils s’étaient préparés à trouver ça chiant, plein de touristes, boursoufflé…
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Quel fragment?
Rue de la Harpe, place Jussieu… rue des Ecoles.
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Le syndrome de Paris se manifeste surtout chez des Japonaises, mais est-ce toujours vrai, tandis que le syndrome de Stendhal n’est que pour Stendhal, hélas.
Ce couple Coréen n’est pas typique, peut-être qu’il s’agit d’un voyage obligé. Car si l’on n’attend rien de Paris et prévoit déjà des mauvaises impressions, il vaudrait mieux choisir une autre ville.
Pour moi, ce qui a initié mon amour pour Paris, c’est la phrase d’or de Hemingway:
« If you are lucky enough to have lived in Paris as a young man, then wherever you go for the rest of your life, it stays with you, for Paris is a moveable feast. »
Or, cette phrase prépare aussi beaucoup de malheurs aux touristes aveugles.
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Le syndrome de Paris n’est pas que pour Stendhal, Yuxia. Les médecins de l’hôpital de Florence avaient diagnostiqué pas mal de cas de malaise chez les visiteurs d’églises. On pourrait trouver de ces cas un peu partout, à condition d’avoir beaucoup étudié les oeuvres et les monuments attendus au tournant.
Oui, c’est un bon fragment, Cochonfucius. Il faudrait essayer avec une primo-visiteuse qui n’a jamais mis les pieds en France.
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… et aussi un troquet, « Le pré », au métro Mabillon
(un jour où Cindy tient le bar).
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Ah ? Je note.
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Indications quant à Cindy:
Elle se prépare une file de sept à onze mojitos à gauche de son bar
(à droite pour le client).
Elle est visible le soir, du mardi au samedi vers vingt, vingt et une heures.
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Coucou me revoilou !
Un bon livre a lire sur Paris avant de jouer les guides touristiques ! : http://www.lexpress.fr/culture/livre/metronome-de-lorant-deutsch-un-phenomene-de-societe_914995.html
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« …mais comme aucune d’entre elles n’a la richesse culturelle et historique de Paris… ». Je partage tout à fait votre avis…
Permettez moi de vous remercier: votre vision de Paris m’a beaucoup touchée et émue…
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