Dans quelques semaines, je vais commencer ma troisième et dernière année de thèse. Le temps passe vite et si je le pouvais, je signerais volontiers un contrat qui me donnerait trois années supplémentaires pour un autre projet de recherche, dans la continuité de celui-là.
Ce dont je voudrais témoigner, rapidement, c’est encore du bonheur que la situation de doctorant boursier procure. C’est vraiment une joie profonde, qu’il faut savoir vivre et sentir palpiter dans chaque parcelle de son corps. Je le disais à des amis qui s’inquiétaient : à la surface, il peut y avoir des emmerdements, du stress, toutes sortes de mécontentements, mais au fond, ce qui domine c’est le bonheur de lire et d’écrire. Le confort d’avoir assez d’argent pour ne pas penser au lendemain, le luxe d’avoir un toit sous lequel le monde entier se rencontre et écoute des comédies musicales indiennes.
Mais c’est une forme de bonheur difficile à faire comprendre. Dans un billet intitulé « Jouissance d’un rat (de bibliothèque) » j’avais tenté de le faire quelques mois après le début de mon doctorat. Quand je relis ce billet, je suis d’accord à cent pourcent et pourrais signer le même texte sans en changer une virgule.
Je discutais avec le thésard le plus cool de l’université, quelqu’un que tout le monde aime et apprécie. Il joue dans un groupe, c’est le mec cool. Il n’a pas fait grand chose pendant trois ans, et c’est maintenant, ayant dépassé la durée de sa bourse, qu’il met les bouchées double pour finir sa thèse. Il m’a dit qu’il avait tenu à faire de cette thèse « un boulot » et non « sa vie ». Y travailler de 9h00 à 17h00, mais pas y passer ses soirées et ses week-ends.
C’est drôle, les gens pensent souvent que lire, écrire, faire des recherches, sont des activités qui se situent à côté de la vie. Moi, quand j’écris, quand je lis, je ne me sens pas moins vivant, tant s’en faut, que quand je fais d’autres choses. Suis-je différent des autres chercheurs ?
Quelles sont les activités qui sont « dans » la vie ?
Après, tu pourrais commencer une deuxième thèse. Tu serais un double thésard…
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Oui, une deuxiéme thése ! » Mon blog, mon génie et mes bons commentateurs : récit d’une aventure philosophique et philosophie du récit d’aventure dans l’espace virtuel . Mon voyage intérieur dans les arcanes de la pensée par le Sage Précaire ou comment rendre vert de jalousie Pierre Assouline (préfacé par Jean Rolin) » voila qui aurait de la gueule !
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Certainement, le métier de chercheur est un art de vivre.
Voir par exemple
http://lutecium.org/stp/cochonfucius/chercheur.html
qui l’évoque à grands traits.
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Je t’envie cette vision du bonheur! Beaucoup s’encouragent en disant qu’Après la pluie, le beau temps, moi par exemple. La perte dans la documentation, la traque d’une idée orignale, les affres de l’écriture, la déception devant des découvertes déjà vieilles, les doutes de la capacité et de l’intelligence…Lire et écrire en soi, quelle joie et quelle source de vie ! Mais lire et écrire dans un cadre qui demande d’atténuer certaines curiosités hors sujet et qui force de suivre une logique dont je ne dispose pas, est loin de constituer hélas ma quotidienneté préférée.
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Oui, Yuxia, tout est résumé dans le poème que Cochonfucius a mis en lien:
Chercher, c’est être explorateur
Du possible et de l’impossible,
Cela tout en étant la cible
De sérieux évaluateurs.
Sur quoi travailles-tu Yuxia? Tu fais une thèse aussi?
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Réponse à Anonyme: Oui, je fais une thèse, mais d’une façon intermitente. Ca veut dire que souvent les autres aspects de la vie constituent des priorités qui m’égloinent de mon travail de dortorat, mais qui m’approche toujours de la « recherche ». Merci pour ce poème que j’ignorais, mais qui dit la réalité.
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