Vive la Chine! Célébrons notre amour et notre admiration pour cette culture hors du commun. Chinois, mes grands frères, vous me montrez la voie pour tant de choses.
Il paraît que la Chine a menacé Oslo de représailles au cas où le prix Nobel de la paix serait attribué à Liu Xiaobo, ou à tout autre dissident chinois. Je suis donc ravi de ce nouveau Nobel. On ne peut pas accepter qu’un pays fasse pression de cette façon, et surtout, que le pouvoir économique soit capable de faire taire tout le monde. Heureusement, la Chine n’est pas réductible à ce gouvernement qui met en prison ses intellectuels les plus courageux. La Chine éternelle, aujourd’hui, palpite dans la cellule de Liu Xiaobo.
Comme Gao Xingjian, qui fut le premier Nobel de littérature de langue chinoise, Liu Xiaobo sera un héros avant l’heure en Chine. Avant l’heure car c’est dans quelques années qu’il sera réhabilité.
Comme je l’avais écrit fin 2009, lorsque Liu fut emprisonné, ces personnalités dissidentes sont des héros qui donnent une très belle image de la Chine. Moi, c’est par amour de la Chine que je les admire. Gao dans sa littérature, Liu dans son engagement intellectuel, ne sont pas des imitateurs de l’Occident, vraiment pas, mais ils puisent dans la culture chinoise leur inspiration et leur force pour faire progresser l’art et l’intelligence sinophones. Bien sûr, Liu Xiaobo sera beaucoup plus médiatisé que Gao car clairement dissident, vivant en prison pour avoir seulement rédigé un appel à la démocratisation du pays. Impliqué dans les événements de la place Tiananmen en 1989, et dans le militantisme interne depuis, il peut incarner une conscience qui perdure au sein même de la république populaire.
L’avantage du prix Nobel, c’est qu’il reste toujours d’actualité. Vingt ans plus tard, on peut toujours dire : « Un tel, prix Nobel de cela ». C’est utile pour forcer le souvenir, surtout face à un régime qui est passé maître dans la dissimulation de la vérité. Un jour, de jeunes Chinois s’éveilleront à ces faits intangibles et s’apercevront que plusieurs prix Nobel furent attribués à des compatriotes. Cela les conduira peut-être à lire La Montagne de l’âme ou la Charte 08. En lisant, ils se demanderont pourquoi les auteurs de ces textes furent bannis, car ces textes n’ont rien d’anti-chinois, bien au contraire. Ils se rendront compte alors, peut-être, que les ennemis de la Chine sont d’abord ceux qui empêchent les Chinois de s’exprimer librement.
Le comité Nobel précise que dans la constitution chinoise, la liberté d’expression et de manifester existe. C’est bien de la reconnaître car c’est de l’intérieur de la Chine que les choses vont s’améliorer, non sous la pression des Occidentaux.
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La Norvège s’attend à des relations difficile avec la Chine. En même temps, la Norvège, avec son pétrole, est beaucoup plus autonome que n’importe qui d’autre. C’est donc réjouissant qu »elle se serve de cette manière-là de son indépendance économique.
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Les Norvégiens ont une longue tradition d’indépendance.
Sur ce coup-là, ils ont bien agi.
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ce vacarme n’est pas stérile car il intervient, précisément, juste au moment où le « dissident » se voit attribué le prix Nobel de la Paix, uniquement pour cette raison, qui est un camouflet au Régime contre impérialiste chinois. Enfermée dans sa Cité Inerdite communiste, le régime pékinois se radicalise chaque fois que l’Occident tente d’atténuer la ligne dure et la portée dogmatique du régime post-impérial. Il faut progresser dans la contre-révolution communiste de l’Empire du Milieu et persister dans l’attitude qui consiste à promouvoir les actions en faveur des libertés individuelles et de la démocratie dans ce fabuleux pays.
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Liu Xiaobo 刘晓波 (je le mets en caractères pour que Baidu indexe ce billet) est dans la tradition du lettré confucéen. Son devoir est de se mettre au service du souverain pour contribuer au bien de l’Etat et du peuple. Dans son devoir, il y a l’obligation de réprimander celui qui est chargé de la souveraineté (le fils du Ciel autrefois, les dirigeants du Parti aujourd’hui), quand il dirige l’Etat dans la mauvaise direction. Aussi bien, ses arguments en faveur de la démocratie sont pratiques et modestes. Il s’agit de s’aligner sur la banalité des pays modernes. Les grands principes sont quand même énoncés. Wei Jingsheng (la cinquième modernisation 1978) expliquait que la démocratie est plus efficace que la guerre civile pour choisir les dirigeants et l’assassinat pour les remplacer, et que les représentants du peuple prennent moins de décisions idiotes qu’un dictateur. Comme on n’est plus au temps de Mao, c’est l’argument de la réussite des principes ailleurs et des désordres que le manque de principes cause à l’intérieur qui prime. (Pour ceux qui ont envie de lire le texte en entier: http://www.lefigaro.fr/assets/pdf/Charte08.pdf ). Mais les dirigeants actuels sont debout sur un tout petit tabouret très haut, et ne veulent pas qu’on le fasse trembler.
A part ça, le concert d’applaudissement de ceux qui trouvent très bien qu’on fasse la leçon à la Chine m’agace pas mal. Quand on pense qu’au temps où j’étais au lycée, les penseurs de l’époque expliquaient que l’avenir de l’humanité était chez Mao. Ils ne sont pas tous morts, il y en a même un qui est ministre de Sarkozy; ils veillent à ce qu’on ne réédite pas leurs écrits de ce temps là; et ils félicitent le comité Nobel.
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Merci Ebolavir. Je pense aussi que « faire la leçon à la Chine » est à la fois contre-productif et aberrant quand on sait comment nous nous comportons (la pression que la Chine a exercé sur la Norvège, n’est-ce pas ce que nous faisons avec les pays africains, par exemple ?)
Cette croyance que notre pression sur les dictateurs fait changer les choses en profondeur est littéralement absurde, c’est pourquoi je me fends de quelques billets sur nos « consciences » contemporaines que sont Kouchner, Miller et BHL.
A cet égard, l’entretien avec Marie Holzman dans lemonde.fr d’aujourd’hui est révélateur. Elle a des phrases d’une extraordinaire naïveté, et d’une compréhension étonnamment immature de la Chine.
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Je suis pour la liberté d’ expression quelle qu’elle soit, et la brimer est une barbarie. Soyons cependant honnêtes envers nous-mêmes nos pays ne sont plus à même de donner des leçons. Ceci dit les chinois étant tellement pragmatiques ils se plaignent pour amuser la gallerie, en fait ils font ce que nous attendons d’ eux. Car si ils voulaient ils pourraient demain mettre à genoux la Norvège . Pour nous « les droits de l’homme » pour eux la prospérité.
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Moi ,j’aimerais savoir il y a combien de pays qui mettent les gens en prison pour délit d’opinion; parce que si je comprends bien ce pauvre monsieur est en prison pour un délit d’opinion et rien d’autre.
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