En ces jours où les journaux français changent de patrons, dans une recherche de succès qui ressemble à une fuite en avant, le Français qui vit au Royaume-Uni a quelque chose à dire.
La presse anglaise, ce n’est pas qu’elle est de meilleure qualité. Bien sûr qu’elle est de meilleure, de bien meilleure qualité que la presse française, mais ce n’est pas cela que je voulais dire.
Ce qui me plaît, c’est que chaque jour, les journaux sont plus que des rendez-vous quotidiens, plus que des informations, plus que du divertissement. Les journaux anglais sont encore plus qu’une institution nationale, plus qu’un rituel individuel et collectif.
Pour moi, et je crois pour beaucoup de Britanniques, le journal du matin est une véritable fête. Une fête pour l’esprit, pour les yeux, pour les mains. Ils sont épais, ils sont brillants, il y a de très belles photos. Il y a encore de vrais reporters, et de très grandes plumes. Il y a presque chaque jour une dizaine de pages de sport. Acheter le Guardian, c’est comme avoir Le Monde et L’Equipe pour un euro cinquante. On en a pour son argent. Sans compter que c’est tous les jours d’un très haut niveau sur chaque rubrique, autant pour l’investigation que pour l’analyse. Autant pour la culture que pour la politique internationale.
Les journaux anglais sont si bons qu’ils n’ont pas besoin de magazines hebdomadaires.
Alors comment font-ils, ces Anglais ? Quelle est leur recette ? Ce n’est certes pas de changer de patrons, et de faire des effets d’annonce. A mon avis, leur succès tient en deux choses simples et difficiles à faire. Premièrement, ils sont en vente partout, dans tous les quartiers, toutes les supérettes, bien en vue, et sur tout le territoire, jusque dans les bleds les plus reculés. Allez trouver Le Monde dans les villages français, vous verrez la différence.
Deuxièmement, les Anglais ont aussi l’opportunité d’acheter des journaux trash, des tabloïds, où le populisme le dispute l’amour des jeunes filles aux fortes poitrines. Cette décharge de mauvais goût, de violence verbale, de racisme, fonctionne comme une soupape de sécurité, et comme une sorte de locomotive pour la presse dans son ensemble. Les Britanniques font très bien la différence, ils savent quels journaux sont de caniveaux, et lesquels sont de qualité, mais leur présence côte à côte incite à la consommation, et ce dans l’ensemble des classes sociales. Car de nombreux consommateurs, au magasin, achètent deux journaux, un pour s’informer et un pour se rincer l’oeil. Un pour l’image sociale, et un pour satisfaire ses bas instincts.
Commençons par regarder les Anglais avant de les imiter. Allons dans les cafés et les foyers. Observons-les feuilleter leur journaux pendant que leur thé refroidit. La délectation se lit sur leur calme visage. Il ne faut pas les déranger, ils se laissent aller à un long moment de jouissance intime, ils prennent soin d’eux, ils entrent en eux-mêmes en sirotant leur thé au lait. Ils oublient tout autour d’eux.
Et nous ne saurons rien de ce qu’ils ont retiré de leur lecture quotidienne. C’était un moment de pur plaisir, quotidien, secret, silencieux.
Pendant mon post-doc à Colchester, je lisais l’hebdo « Punch », maintenant disparu.
J’en ai encore quelques vignettes découpées, que j’utilisais pour un cours de sémantique.
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Ah, il y a donc bien des magazines hebdomadaires, contrairement à ce que je disais dans le billet. Et en plus ils disparaissent.
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Mais ce n’est pas un peu bizarre comme position intellectuelle de faire l’apologie de la presse britannique quand on est français et plus encore de la presse écrite (anglaise) quand on écrit sur un blog (hebergé par un quotidien français qui plus est), c’est presque choquant je trouve ?Mais peut etre que vous êtes pas français mais anglais auquel cas je me tais. voila.
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The English press is very powerful, it is a real living thing. Journalists have real authority, power and real respect – you seem them on Sunday morning (every morning when I think about it) television news programmes on the BBC and Channel 4 News and BBC Newsnight, for example. These are respected programmes via respected institutions so therefore the newspaper journalist is King, which means the newspaper is King and the respect the English press has had was always like that. To gain the support even of The Sun in England can mean you win or lose an election, so for the English the power of the press should not be underestimated. Long live The King!
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Ah ok.
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Pour voir des couvertures de l’hebdo « Punch » :
http://images.google.com/images?q=%22Punch+Weekly+Magazine%22
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Oh que c’est chouette Cochonfucius ! on dirait du Mad, du Hara Kiri…
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http://www.facebook.com/pages/Punch-Magazine/112011808825141
il y’a même une page facebook !
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Je suis bien d’accord avec vous. Si la presse britannique est plus séduisante, c’est peut-être simplement parce que l’herbe est toujours plus verte de l’autre côté de la Manche…
Je regrette le figure d’ Andy Capp ((Daily Mirror, Reg Smythe).
http://www.cartoons.ac.uk/browse/cartoon_item/anytext=Andy%20Capp?page=6
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Avec tout mon respect, Hémophile, l’herbe la plus verte n’est pas toujours chez les autres. La presse anglaise est supérieure à la presse française, ne serait-ce que pour des raisons économiques. Les journaux français sont introuvables sur presque la moitié du territoire de la France, tous les petits villages, les points de vente isolés, alors que les journaux anglais sont partout. Même chose pour les magasins qui les vendent. Le manque à gagner de la presse française est ahurissant.
Résultat, ils vendent peu, ils gagnent peu, ils sont plus dépendants de la publicité et des grands groupes, donc moins indépendants, donc plus conformistes, donc moins intéressants. Ayant moins d’argent, ils font moins appel aux grandes plumes francophones, financent moins de grands reportages, etc. Tout cela fait une presse en crise grave.
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