Il m’a annoncé cela il y a quelques jours, comme s’il n’y avait pas lieu d’en faire un histoire. Mais comment n’en pas faire une histoire ? Il règne sur le rez-de-chaussée presque autant que je règne sur les combles. Après moi, il est le plus ancien colocataire et le véritable ciment de cette maison.
Plus rien ne sera comme avant. Je lui dis qu’il y a une chose qui va me manquer, c’est de l’entendre chanter des classiques indiens. « Ah, tu m’entends depuis ta chambre ? » Non, pas depuis ma chambre, mais quand je suis dans la salle-de-bains, ou quand je descends les escaliers, ou je ne sais où, je peux entendre les mélodies, et je me dis alors que la journée ne peut pas être trop mauvaise.
L’humeur de mon Pakistanais fonctionne pour moi de la même manière que la grenouille sur l’échelle à l’intérieur de son bocal.
Il a pris son billet pour le 7 mai. Quand la propriétaire a appris la nouvelle, elle a plutôt eu une heureuse réaction. Elle a l’intention de désinfecter la chambre du sol au plafond. Elle a dû y entrer plusieurs fois pour vérifier les compteurs de gaz et d’électricité, et l’odeur mêlée au désordre l’a indisposée comme rien d’autre depuis la guerre mondiale. Elle veut changer la moquette, changer le matelas, changer le système d’aération.
Moi, naturellement, je suis en faveur d’une rénovation de la chambre. Mais cela ne me console pas du départ de mon ami pachtoune. Qui me parlera du prophète Mohammed, en attendant ? Qui partagera avec moi les curry, les paratha et les gombos ? Avec qui parlerai-je de religion et des Américains ? Les universitaires étant devenus anti-intellectuels proclamés, et les Lettons étant fermés dans leur taciturne mélancolie, avec qui aurai-je des conversations sur la marche du monde ?
Ah, oui, je compatis.
Mais elle est ainsi, notre vie, faite de rencontres et de séparations. C’est de la sorte que cristallisent les souvenirs.
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Poor you !
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With us, Guillaume – you can have these conversations now with us, your loyal readership!
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Oui, A Geezer, mais sont-ce les commentateurs qui vont chanter des mélodies indiennes, dans la cuisine, les matins incertains ?
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« L’humeur de mon Pakistanais fonctionne pour moi de la même manière que la grenouille sur l’échelle à l’intérieur de son bocal. »
Je dois être stupide, je ne comprends pas du tout l’analogie. Le Pachtoune est à ta cage d’escalier ce que la grenouille est à son bocal. Je ne vois toujours pas. Es-tu en train de nous dire que ta cage d’escalier ressemble à un bocal et ton Pachtoune à un batracien? Ou qu’il coasse?
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Voilà, c’est ça.
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C’est étrange, mais… »Anonyme », il me fait penser à un ancien commentateur habitué de ce blog et qui a disparu depuis -qui écrit pour des guides touristiques cubains, grecs tout ça…- et dont la lettre commençait par M…j’aime bien son style assez drôle en tout cas. Peut être que je me trompe, peut être pas…
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Who knows, Francesco. Moi aussi il me fait penser à un ancien commentateur, mais pas le même.
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Ce blog va me rendre fou (si ce n’est déja le cas, si un peu…). Je me demande maintenant si « Anonyme » et « A Geezer » ne sont pas une seule et même personne…
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Oui, c’est le charme parfois irritant de l’art des commentaires, on ne sait jamais vraiment qui est qui. Il y a quand meme des gens qu’on reconnait facilement. Au bout du compte, ce qui importe ce n’est pas « qui parle ? », mais « qu’est-ce qui est dit ? »
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Oui, et à propos de se demander ce qui est dit, on peut se demander ce qui se passe dans la tête de quelqu’un qui écrit que l’humeur d’un Pakistanais fonctionne comme une grenouille sur une échelle dans un bocal.
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Je m’excuse alors, si j’ai été personellment « parfois irritant » dans cet exercice de haute voltige qui est celui du commentaire. C’est bien de parler d’art car pour moi il en a toujours été ainsi sur ce site ; : un exercice créatif et récréatif aussi parfois sur un nouveau support inédit (et amusant je trouve) qui est celui du blog. Je sais que je n’ai pas à me justifier, mais j’avais envie de le dire, c’est tout.
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