J’ai des difficultés pour établir la chronologie des faits , et je mélange certainement des dates et des événements qui se sont passés soit en Côte d’Ivoire soit en Haute Volta (actuellement Burkina Faso). Cela ne me paraît pas très important. Voici cependant quelques éléments irréfutables , car attestés par des documents officiels, genre passeport , contrat de travail , livret de famille, etc. Documents que je n’ai pas en ma possession mais qui doivent bien se trouver quelque part!
Arrivé en Côte d’Ivoire à l’été 1962 , je suis rentré en France trois ans plus tard , soit à l’été 1965, pour profiter des 6 mois de congé auxquels j’avais droit . Un bref séjour à l’hôpital de Caen me permet de faire la connaissance de Marie-Pierre. En août 1965, on me propose un poste en Haute Volta. Trop content de retrouver l’Afrique, j’abrège mon congé et, malgré cette récente et importante rencontre qui seule pourrait me retenir en France, je prends le premier avion pour Ouagadougou.
Puis retour imprévu en France, en octobre de la même année pour raison de mariage (je parle du mien!). Dans la foulée, et le plus tôt possible, voyage dans l’autre sens d’un jeune couple accompagné d’un Hubert en gestation. Nous resterons en Haute Volta jusqu’en 1970, en 2 séjours parfois agréables, d’autres fois beaucoup moins, comme l’accouchement très difficile d’Hubert et le rapatriement sanitaire d’ Antoine, même si Claude François était dans le même avion! Les conditions de vie au quotidien n’étaient pas toujours faciles en Afrique pour des Européens (chaleur et problèmes de santé). De plus, mon travail en brousse n’étant guère compatible avec la vie de famille, nous avons décidé d’un commun accord d’arrêter là notre aventure africaine, bien qu’il m’en coutât personnellement! J’aimerais beaucoup que Marie-Pierre raconte comment elle a vécu cette période, et ce qu’elle en a retenu… Elle a sans doute des souvenirs autres que les miens.
Korhogo était une ville importante du nord de la Côte d’Ivoire, placée idéalement près des frontières de la Haute Volta et du Mali , à mi distance entre Bouaké au sud et Bobodioulasso au nord, deux grosses métropoles où se faisaient les échanges commerciaux entre le port d’Abidjan et les pays du Sahel. Les caravanes autrefois et les camions ensuite empruntaient obligatoirement cet itinéraire dont les pistes étaient relativement carrossables, hors saison des pluies bien sûr! Voilà ce qui explique qu’on trouvait de tout ici et qu’on venait de loin pour s’approvisionner. Voici ce qui explique aussi la présence de nombreux Français, installés pour certains depuis plusieurs générations dans cette région et qui faisaient des affaires florissantes.
Lorsque je suis arrivé ici , 2 ans aprés l’indépendance, j’avais l’impression de me trouver dans une colonie, et je me suis demandé si cette indépendance avait été réellement demandée par les Africains et pas seulement octroyée par les Français! En effet , les Africains que je rencontrais, en ville tout au moins, avaient vis à vis des « Blancs » une attitude de soumission et de respect que je ne trouvais pas normale. Il aura fallu que mon activité me sorte de la ville au bout de quelques mois, et me fasse découvrir les villages de brousse, pour vivre une autre relation avec les autochtones. Avant cela, c’est idiot à dire, je trouvais que les Africains se ressemblaient tous. C’est effectivement idiot mais, après tout, pas plus que l’histoire bien connue de l’Anglais qui, débarquant à Calais et croisant une femme rousse, en avait conclu que les Françaises étaient rousses!
Oui, ce serait intéressant de confronter deux mémoires voisines à presque cinquante ans d’intervalle.
Ça donne parfois des variantes étonnantes.
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