Dans les années 2000, j’ai déjà écrit un récit de voyage le long de la Liffey. Je l’avais conçu comme une descente de la source à la bouche de ce fleuve. C’était l’époque où tout allait bien à Dublin. Aujourd’hui, dix ans plus tard, la crise est passée par là, et tout va beaucoup plus mal.
Il faut tout recommencer, et écrire un récit de voyage déprimant sur Dublin. Mais je dois faire, en quelque sorte, le contraire de ce que j’ai fait dans les années 2000. Ecrire Dublin depuis son fleuve, mais en commençant par la mer où le fleuve se jette, et en remontant le courant, jusqu’à sa source, éventuellement.
S’il est préférable d’aller contre le courant du fleuve, c’est donc parce que Dublin est aujourd’hui sens dessus dessous, que l’Irlande a la tête à l’envers.
Cela tombe bien, la rénovation des Docks est ce qui symbolise le plus la période de croissance économique des vingt dernières années, appelées souvent le Celtic Tiger (« Tigre celte »). On y a construit de nouveaux ponts et passerelles, rénové des entrepôts industriels et élevés des immeubles d’habitation au style international, pour attirer des jeunes familles et des employés de banque.
C’est sur les Docks, enfin, qu’on voit ces squelettes de béton qui forment l’image poignante d’une économie stoppée nette dans son élan.
A partir de là, mon récit pourra se développer comme une involution, jusqu’à la sortie de la ville côté ouest, où le fleuve est campagnard, provincial. Derrière Chapelizod, on se retrouve dans un Dublin presque identique à celui qu’a connu James Joyce.
Mon récit finira sur les rives d’un fleuve qui donnera l’impression que le Celtic Tiger n’a jamais rugi.
Une curieuse involution
http://lesecondsouffle.wordpress.com/2011/07/06/les-carnets-du-bon-dieu-p-daninos-1947/
de Pierre Daninos :
« Anthelme Limonaire portait les stigmates de la vieillesse à sa naissance, et remonta le cours de sa jeunesse à contre courant, dans la France d’après-guerre. »
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