Suite des aventures de mon père, racontées par lui-même.
Dans le cadre de la réflexion je demandai au comptable de se renseigner sur cette société qui me voulait tant de bien ! Il s’avéra qu’elle avait déjà acheté l’année précédente une petite entreprise comme la mienne et que quelques mois plus tard le chef de ce la dite entreprise se retrouvait au chômage. Comme je n’étais pas déjà très chaud, cette nouvelle me conforta dans l’idée de refuser cette offre. « Comme le charbonnier restez donc maître chez vous » me répétait le comptable qui connaissait bien mon tempérament indépendant.
Je suivis son conseil avisé et bien m’en prit.
Garder mon fond de commerce’ m’aura permis de ne pas me retrouver tout nu suite à une opération hasardeuse que je vais vous narrer maintenant.
L’opportunité se présenta de prendre en charge un chantier important sur la côte d’Azur près de Cannes: l’entretien complet d’un groupe d’immeubles. L’appel du midi, le soleil, les bateaux. Je ne pus résister.
On m’avait mis en garde contre le manque de rigueur et une certaine indolence frisant la désinvolture avec lesquels, clients et employés concevaient leur façon de travailler là-bas. Je le constatai rapidement à mes dépens. Les RDV de chantier ne commençaient jamais à l’heure et tout le monde avait l’air de trouver cela normal (à part moi qui partais à 4h du mat’ pour être à l’heure !) 8h30/9h qu’elle importance ?!
Lors de mon premier contact avec le régisseur en chef il avait répondu avec un grand sourire à ma demande concernant le mode de règlement des factures. A Lyon les paiements se faisaient à 30j/fin de mois. « Vous savez ici, la coutume est de payer les fournisseurs quand les locataires sont à jour de leurs loyers et comme il y a toujours de mauvais payeurs… » Je ris avec lui de cette plaisanterie… mais ce n’en était pas une ! Trois mois après le début de l’activité je n’avais toujours pas été payé malgré les nombreuses relances. Je n’avais plus de trésorerie et il me fallut déshabiller Paul pour habiller Jacques : Prélever dans la caisse de Lyon pour payer le personnel local (une quinzaine d’employés) Il arriva un moment où il me fut impossible d’assurer les salaires. Les banquiers n’étant plus prêteurs, je fis appel aux frères et sœurs qui eurent la gentillesse de me prêter l’argent nécessaire. Je les en remercie encore aujourd’hui.
Je quittai la côte d’Azur, son soleil, ses bateaux, ses mauvais payeurs et retrouvai mes fondamentaux à Lyon. Je repris et développai la clientèle de particuliers que j’avais un peu négligée.
Une dizaine de ramonages effectués chaque jour et payés cash me permirent de remonter la pente.
Les paiements du client honni finirent par arriver (en partie…) et tout rentra dans l’ordre.
L’échec est un mot que j’ai banni depuis toujours de mon vocabulaire, mais n’empêche que là je n’en suis pas passé bien loin.
Certains échecs sont formateurs.
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