Suite des aventures de mon père racontées par lui-même.
Né poisson, j’ai toujours été attiré par l’univers maritime, donc par la Bretagne qui en est bien le condensé. En effet quelle région française peut s’enorgueillir d’avoir un tel littoral côtier avec autant de diversité ? Je ne suis ni marin pêcheur, ni conchyliculteur, encore moins navigateur au long cours, juste un petit baigneur appréciant plus les caprices de l’océan que le calme sournois de la méditerranée. Et puis c’est la Bretagne qui m’a fait découvrir la voile et j’y ai de nombreux amis.
Quel rapport avec ma vie professionnelle, vous étonnerez-vous sans doute ? Vous comprendrez mieux lorsque je vous aurai parlé d’ANALOGIE et de MAGELLAN.
Lors d’une de mes nombreuses déambulations sur le port de Lorient, je tombai en admiration devant un voilier dont la tête de mât dépassait largement toutes les autres du port de plaisance. C’est d’ailleurs à cette particularité qu’on le repérait de loin. C’était un monocoque d’une quinzaine de mètres baptisé « LA POSTE » et qui venait de participer à la dernière Withbread, course autour du monde en équipage avec escales devenue depuis la Volvo Ocean Race.
Cette aventure ne s’était pas très bien passée et il avait fallu faire appel à Tabarly pour les 2 dernières étapes afin que le sponsor ne fasse pas de crise cardiaque !
Le bateau n’était pour rien dans les problèmes rencontrés par l’équipage. C’était un magnifique engin au profil effilé, dont le plan du pont avait été particulièrement étudié pour la course au large, une vraie bête des mers selon les plaisanciers dont les petits voiliers côtoyaient timidement le babord, le flanc tribord étant réservé à l’accostage.
Mais quel rapport avec le cv, vous étonnerez-vous encore ? Patience, j’y arrive, mais j’ai tellement apprécié cette période qui ne m’a laissé que de bons souvenirs…
Quelque temps plus tard, lors d’une énième déambulation sur le port de Lorient, je retrouvai mon bateau. Il était accosté au même endroit mais avait été rebaptisé « ANALOGIE ». A son bord, un barbu au visage buriné, à l’air avenant, travaillait sur un winch. Je le saluai et il m’invita à monter à bord, ce que je m’empressai d’accepter. J’appris ainsi qu’il était le nouveau propriétaire, que son bateau avait été réaménagé pour accueillir du public et qu’il en avait fait depuis peu un centre de formation qu’il avait appelé MAGELLAN.
Son idée était d’utiliser l’univers maritime comme support de formation pour les entreprises, administrations, collectivités. L’axe principal de cette formation était la cohésion d’équipes. D’une manière générale, les salariés appelés à travailler ensemble étaient formés par des cadres maison ou éventuellement par des organismes extérieurs, mais dans tous les cas, cela se passait en salle avec théories, discussions et jeux de rôle.
N’était-il pas plus pertinent d’utiliser pour leur formation un bateau conçu pour la navigation en équipage et comme formateurs des skippers de renom rompus à la gestion de ces équipages ?
Comme vous pouvez vous en douter, l’idée me parut géniale et plus le capitaine parlait, plus j’avais l’impression que compte tenu de mes antécédents professionnels et personnels, j’avais peut-être ma place dans cette nouvelle structure. Ou étais-je en train de rêver ?
De l’autre côté du ponton se situait la Brasserie Leffe, ce ne pouvait être que de bon augure ! J’invitai mon nouvel ami à y déguster une bière, et c’est ainsi que commença ma collaboration avec la Société Magellan et qui fut aussi la dernière activité sérieuse de ma vie professionnelle (hors ramonage bien sûr.)
Former un équipage en mer, ça fait émerger une superbe conscience collective.
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