
On me demande parfois pourquoi je pars. Si je suis malheureux dans la nature. Si la vie dans les bois ne me satisfait pas. Si je ne m’entends plus avec mon frère. Si quelque chose me manque. Ce que je vais chercher au loin. Ce que je vais cacher.
Rien de tout cela. Je pars parce que c’est ma vie de partir, comme les nomades.
« Partir, c’est mourir un peu », dit le poète. Le sage précaire est assez d’accord avec le poète. Il meurt toujours un peu quand il quitte un lieu qu’il aime, mais c’est pour naître à nouveau. Et c’est toujours dans l’intention de retourner sur les lieux aimés. Comme les nomades, il va d’oasis en oasis : il en découvre certains, il en revisite d’autres.
Partir, c’est mourir un peu,
C’est mourir à ce qu’on aime :
On laisse un peu de soi-même
En toute heure et dans tout lieu.
Or, pour beaucoup de gens, partir n’est pas mourir : c’est fuir. Inévitablement, on associe celui qui part à un être insatisfait, qui cherche ailleurs un bonheur qui, lui aussi, le fuit.
Là, en revanche, la sagesse précaire s’inscrit en faux. On ne part pas à cause d’une insatisfaction. Mon séjour cévenol, par exemple, il était prévu qu’il dure un an. Il a duré un an et demi. Il n’a jamais été question que je m’installe à la campagne. Non que j’y sois malheureux, bien au contraire, mais j’ai d’autres projets, d’autres voyages à faire. J’ai surtout des rêves à réaliser.
Le rêve a une place central dans la sagesse précaire. Le sage précaire fait ses choix en fonction de ses rêves d’enfant et d’adolescent. Méthodiquement, il prend ses rêves, et il les réalise tranquillement, l’un après l’autre, en leur donnant un cadre concret : cette vie-là, je vais la vivre un an. Ce rôle-là, je vais le jouer un soir.
Ce n’est pas par insatisfaction que je pars, c’est par excès de satisfaction.
Pour le plaisir, relisons ce rondeau d’Edmond Haraucourt (1856-1941), dont la postérité n’a retenu qu’un vers :
Partir, c’est mourir un peu,
C’est mourir à ce qu’on aime :
On laisse un peu de soi-même
En toute heure et dans tout lieu.
C’est toujours le deuil d’un vœu,
Le dernier vers d’un poème ;
Partir, c’est mourir un peu.
Et l’on part, et c’est un jeu,
Et jusqu’à l’adieu suprême
C’est son âme que l’on sème,
Que l’on sème à chaque adieu…
Partir, c’est mourir un peu.
bon vent à vous ! j’espère que vous emportez votre blog avec vous, et donc nous un peu aussi…
J’aimeJ’aime
Oui nath01, je ne vous laisserai jamais tomber. Merci à vous.
J’aimeJ’aime
Pars le coeur léger
Ton corps, ton âme allégés
On t’attend là-bas________
J’aimeJ’aime
Très cher, lorsqu’a trente ans je suis encore reparti »on the road again »avec ma petite marmaille mon père m’a dit cette fois-là ; »pierre qui roule n’amasse pas mousse » ; il ne savait pas si bien dire car je rame encore dépasser la soixantaine pour me constituer un fond de pension convenable pour vivre décemment sans rien demander à ma progéniture lorsque je n’aurai plus l’énergie de me lever le matin, c’est comme ça qu’on vie ; … »est-ce ainsi que les hommes vivent »…
Toût ça est plein de beaux souvenirs et d’amours et d’aminches multiples; toutes ces allée et venue sont ma foi terriblement agréable pour un gentil précaire comme toi qui comme l’écrit ton ami Ben »dont toute la richesse est dans l’avenir, comme toi à qui le globe était destiné », comme disait Machine Angot. »
Il faut bien du courage et encore plus d’envie de voir autre chose encore que ce qui nous entoure pour partir;j’ai aimé partir comme ça un matin sans rien demander à personne, après avoir fait la paix avec autrui; j’espère qu’il en est de même pour toi mon bon Guillaume Thouroude.
J’aimeJ’aime
Ne nous quitte pas…
J’aimeJ’aime
Devrai-je alors partir, de façon plus épique,
Vers un village vierge, aux abords d’un tropique ?
Je ne me crois point fait pour cet exil doré.
L’aurais-je été, par contre, au temps des caravelles ?
Ces lointains, j’aurais pu, je crois, les ignorer :
La terre familière est pour moi la plus belle.
J’aimeJ’aime
Très cher,la première fois que je me suis envolé vers l’exagone, l’internet n’existait pas encore(69-70);dans mon bagage le papier péplum et les enveloppes bleu pâle pré-addresser aux postes restantes ;c’était aux temps des dinosaures…j »avais vingt ans.
J’aimeJ’aime
Bon vent à toi! N’oublie pas à écrire ce qui est intéressant pendant le nouveau voyage.
J’aimeJ’aime
Mon grand-père est mort, il n’est plus là. Partir c’est mourir un peu… Mais mourir c’est partir beaucoup!
J’aimeJ’aime