
Le président François Hollande est de passage dans la Silicon Valley, cela remue en moi de beaux souvenirs personnels. Tous les médias parlent de Google, de Microsoft, des nombreuses Startups qui font fortune en une nuit, mais pour moi, cette région est avant tout une matière, un climat, des rencontres, des saveurs.
Je me suis réveillé dans la Silicon Valley un peu par hasard. Je n’avais pas prévu de m’y rendre, mais comme j’étais en Californie, j’ai contacté mes amis américains, et des amis européens exilés en Amérique. A ma surprise, je connaissais pas mal de monde sur la côte ouest des Etats-Unis, et en particulier autour de la Baie de San Francisco.
Mes amis M. et L. élèvent leur petite fille dans une grande maison de la fameuse vallée. Californie. Soleil. Chaleur clémente. Universités. Fruits et légumes goûteux. La Californie est à bien des égards l’un des endroits les plus appréciables du monde. C’est une géographie bénie des Dieux. C’est pourquoi les Indiens Ohlone, notamment, y ont vécu heureux pendant des millénaires, et pourquoi nous, Européens, leur avons pris la place.
La Silicon Valley n’est pas une « vallée de silicone », et encore moins une vallée pleine de femmes siliconées. D’abord ce n’est pas vraiment une vallée, mais une bande de terre séparée de la mer par une chaîne basse de montagnes, qui s’étend au sud de la baie de San Francisco, depuis Palo Alto jusqu’à, disons, Edenvale et Los Gatos. Une cinquantaine de kilomètres, le long desquels se concentrent les fameuses entreprises dont tout le monde parle.
Mes amis partaient à New York pour une semaine. Ils m’ont donc, sur un ton naturel, prêté leur maison, et m’ont laissé les clés d’une voiture. En échange de cette générosité, je les ai conduits à l’aéroport et ai effectué quelques menus travaux dans leur jardin.
La palissade en bois qui délimitait la propriété était en mauvais état. Je me suis échiné à la nettoyer, la récupérer et l’enduire d’une teinture protectrice. Tous les matins, je me mettais torse nu et je bossais vaillamment au soleil levant de la Californie. Ces séances de travail manuel me faisaient du bien. Elles me remettaient les idées en place, car la vie de voyageur peut s’avérer anxiogène quand elle ne peut s’adosser à une routine structurée.
J’avais la sensation de payer mes amis par les muscles, par des litres d’huile de coude. La transpiration me faisait du bien, elle calmait mes angoisses et donnait un sens à mes journée.
Puis je passais le reste de mes journées à explorer les environs. J’allais visiter le campus de Google, dans la commune de Mountain View ; admirer les premières églises des missionnaires, à Santa Clara ; les petits musées qui mélangeaient art contemporain et histoire de la Californie. Je ne manquais pas de passer du temps dans les bibliothèques publiques. Je conduisais lentement sur la crête de la montagne qui borde la Silicon Valley, avec vue sur les vignes. Car pour moi, cette région est avant tout un lieu agricole, plus qu’une pépinière d’entreprises innovantes.
Parfois je garais la voiture et m’aventurais quelques heures, à pied, sur les chemins qui se perdaient sur les monts privilégiés de Saratoga.
Le souvenir que je retire de mon séjour à la Silicon Valley est très mystérieux. Je n’arrive pas à faire la synthèse des images qui me viennent à l’esprit.
Un pays qui a des vignes, c’est souvent un bon endroit.
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