ZAD, la vie derrière les barrages, dans les bois, sous les radars

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Les chauffeurs sont de paisibles retraités qui n’ont pas peur d’afficher leur soutien total aux zadistes. Ils ont collecté des palettes ici et là et viennent les apporter aux campements qui en feront bon usage : essentiellement des constructions de cabanes.

Nous discutons près d’un chemin barré, gardé par deux jeunes vigiles employés par une entreprise privée. Quand midi sonne, les deux jeunes gens partent manger, laissant le chemin libre.

Les deux sympathisants retraités considèrent les jeunes zadistes comme des résistants des temps contemporains, et veulent leur apporter autant de (ré)confort qu’il est possible. Ils parlent de ces gamins comme de leurs propres enfants, et mâtinent leurs propos anarcho-gauchistes d’une tendresse paternelle tout à fait touchante.

Nous les accompagnons jusqu’au campement qui se trouve au bout du chemin, à l’orée de la forêt. Nous nous interdisons de prendre du son ou des photos, car nous supposons que les zadistes peuvent être méfiants. A juste titre, les deux jeunes qui nous accueillent sont courtois mais relativement froids : l’un d’eux annoncent tout de suite la couleur, il n’acceptera ni interview, ni prise d’image, ni prise de son. Nous n’insistons pas, préférant jouer la carte de la compréhension. Notre but étant de faire un documentaire, il nous paraît plus urgent d’établir des relations de confiance au préalable.

Les relations avec la presse se passe ailleurs, dans une zone nord appelé « La Maquizade ». Là-bas, nous pourrons exposer notre projet de reportage à des zadistes habilités à traiter avec « les journalistes ».

En revanche, ils sont très heureux d’apprendre que des palettes sont arrivées. Nous partons tous ensemble jusqu’au camion. Nous devisons un peu en marchant. Le jeune homme refuse de me parler de lui, comme si j’étais un prédateur qui allait voler le moindre mot, un charognard qui allait se jeter sur le moindre renseignement. Comme souvent, en communauté assiégée, ont voit tout étranger comme un journaliste potentiel, et tout journaliste comme un ennemi en puissance, qui va dire du mal et désinformer. J’ai connu cela avec les Travellers irlandais, et aussi avec les Souffleurs de rêve des Cévennes. Je ne leur en veux pas, mais je ressens une fatigue physique devant cette méfiance et ces multiples barrages qu’il faut franchir pour établir une relation humaine.

Nous repartons et nous dirigeons vers le campement dit « La Maquizade ».

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