La photo d’ouverture de ce billet vous paraît peut-être proche de celle qui ouvre le billet précédent ? Il faut croire que sur scène on aime les jambes des femmes et les rapports sexuels simulés. Il s’agit cette fois des Femmes savantes de Molière, mis en scène par Macha Makeieff, celle qui a géré avec son partenaire la troupe des Deschiens sur Canal plus et les nombreuses pièces produites par la compagnie Deschamps.
J’ai vu cette pièce grâce à Hélène qui travaille au théâtre de la Criée à Marseille, dirigé par la même Macha Makeieff. Hélène montait à Lyon pour voir la création de ces Femmes savantes et m’invitait à la rejoindre pour la soirée. Cela se passait au théâtre antique de Fourvière, sur les hauteurs gallo-romaines de Lyon, là où les Celtes autrefois sacrifiaient au rite du dieu Lug (je dis n’importe quoi).
Tous les étés, sur la colline de Fourvière, la ville de Lyon organise un festival au nom érotique et poétique : Les nuits de Fourvière. On dirait un poème de Nerval.
De tout ce festival, je n’ai vu que Les femmes savantes, et ne l’ai pas regretté. Assis sur les gradins en pierre à côté d’Hélène, j’ai admiré les idées de mise en scène originales tandis que la nuit tombait et que les oiseaux faisaient des volutes entre nous et la scène.
On connaît l’histoire de ce classique : dans une famille tenue par un père un peu faible, les femmes sont de fortes têtes et veulent faire régner une ambiance intellectuelle. Des deux filles, l’une veut se marier et l’autre veut la convaincre que le mariage l’enchaînerait à un homme et dégraderait son statut de philosophe au profit d’un rôle de mère et d’épouse.
La mère de famille règne sur la maison avec une autorité castratrice et sa soeur est hébergée à l’année, appartenant elle aussi à la société des Précieuses. Son rôle est le plus comique : vieille fille sans beauté, elle est persuadée d’être courtisée par tous les jeunes homme qui, en fait, essaient de séduire les jeunes filles.
Au milieu de tout ce beau monde apparaît Trissotin, un poète qui écrit des vers sans grâce mais qui fait se pâmer les femmes savantes. Trissotin est naturellement une sorte d’hypocrite qui impose sa loi dans la maison par l’entremise des femmes qui sont sous son empire.
Macha Makeief a fait de Trissotin un travesti, une espèce de Conchita Wurst sortie des années 1970. D’ailleurs, l’ensemble de la pièce est située dans les années 1970, pour jouer sur les ambiguïtés sexuelles de l’époque.
Citation :
» Vous ne sauriez pour moi tenir votre pensée
Du commerce des sens nette et débarrassée ?
Et vous ne goûtez point dans ses plus doux appas,
Cette union des cœurs, où les corps n’entrent pas.
Vous ne pouvez aimer que d’une amour grossière ?
Qu’avec tout l’attirail des nœuds de la matière ? »
Les Femmes savantes, IV, 2 (v. 1190-1195)
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