Nous vivons des temps historiques, par définition, mais il est toujours amusant pour l’esprit de se demander de quelle histoire il s’agit.
En ce moment, j’ai la sensation que le sultanat d’Oman vit une période de grande harmonie et de paix qui, avec l’aide du très haut, va perdurer, mais qui pourrait aussi bien se détériorer.
En deux mots, avant 1970, et la prise de pouvoir du sultan actuel, Oman était un pays encore assez pauvre et divisé.
Les grands récits qu’on peut lire, ceux des explorateurs britanniques des années d’après-guerre, décrivent tous un pays parcouru de grandes tensions, des seigneurs locaux régnant sur leur tribu et refusant tout compromis avec les puissances de la « modernité ». A la fin du Désert des déserts, Wilfred Thesiger montre même que mon petit village, Berket el-Maouz, et tout le massif montagneux de la montagne verte, est aux mains d’un imam ouvertement hostile au sultan de Mascate.
Ce qui s’est passé entre les années 50 et aujourd’hui, pour que le pays soit unifié, je ne le sais pas en détail, je suppose que le pétrole et la croissance économique y est pour beaucoup, mais je dois confesser mon manque de lumière. En tout cas, le sultan est aujourd’hui la seule figure de pouvoir légitime dans le pays.
Et ce qui est remarquable, c’est la diversité de la population. La présence d’un monarque absolu et l’unicité des hommages qu’on lui rend donne une impression d’homogénéité anthropologique. De même pour les habits qui définissent l’appartenance nationale, robe blanche pour les hommes, robe noire pour les femmes. En réalité il n’en est rien, et les habits traditionnels sont beaucoup plus bariolés et chamarrés que ceux qui sont portés au quotidien actuellement. Les visages aussi sont variés : Arabes des plaines, Bédouins du désert, tribus de la montagne, à cette diversité s’ajoutent tous les Omanais d’origine africaine.
Il n’est pas rare d’entendre parler swahili, par exemple, et mes amis arabophones me disent que l’arabe parlé ici est mâtiné de mots indiens et philippins.
C’est pour la tolérance et l’apparence d’harmonie qui règne dans ce creuset que j’espère voir durer cette page d’histoire pacifique.
et hop, un petit lien pour toi du groupe de recherche sur les langues sudarabiques d’Oman puisque tu parles de langues
http://omansam.linguist.univ-paris-diderot.fr/
Tu y trouveras peut-être des choses intéressantes sur ton pays d’adoption.
salam
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Y trouve-t-on également des Chinois ?
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