Cela fait quinze ans qu’Antonin Potoski publient des récits qui tâchent de refléter ce que c’est que voyager au début du XXIe siècle. Un heureux hasard fait qu’il fréquente périodiquement aujourd’hui mon pays d’adoption temporaire, l’Oman. La sagesse précaire fait donc son miel de ses écrits tandis que Potoski se trouve à son tour exposé à la sagesse précaire.
Il a d’abord écrit sur le pays Dogon, puis sur le Japon et le Bangladesh. Souvent, il appréhende la géographie sous la forme d’un triangle dont il parcourt les côtés. Ses livres sont en général des récits croisés, et comme frottés, qui s’emportent les uns les autres aux trois pointes de ce triangle.
En ce moment, depuis quelques années, son triangle de vie semble être l’Ethiopie, l’Oman et la frontière Birmano-Bangladaise. Il vit dans dans des allers et venues et ses textes sont des vertiges fixés de ces mouvements et de ces décalages. Il écrit sur le Myanmar en Ethiopie, et sur les montagnes d’Afrique australe à Mascate. Il fait voyager ses textes et propose des collisions entre les sens, les paysages, les personnages et les identités.
Potoski fait tellement d’allers-retours entre ces trois points que dans Nager sur la frontière (Gallimard, 2013), il raconte que pour traverser la frontière entre le Myanmar et le Bengladesh, il s’envole en Oman où il ne passe qu’une soirée. C’est aussi ça le voyage des années 2010, tout le monde le sait mais personne n’écrit dessus : il est parfois plus facile et moins coûteux d’enjamber des océans que de marcher tranquillement jusque chez le voisin.
On s’est vus pour la première fois à Mascate, en septembre dernier. Rencontre au sommet, s’il en est, entre la fine fleur de l’écriture viatique contemporaine et la sagesse précaire internationalisée. Mais de ce sommet il n’est rien sorti d’assez remarquable pour justifier une déclaration publique. Juste les prémices d’une amitié possible qui débouchera peut-être, à l’avenir, sur des collaborations éventuelles (beaucoup de modalisation et d’incertitude, comme il sied aux voyageurs précaires de 2015).
Pense à inviter aussi Jean Rolin !
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» … il est parfois plus facile et moins coûteux d’enjamber des océans … » En dix ans, le prix de mes billets long-courrier entre Pékin et Paris a baissé d’au moins un tiers (un Pékin-Paris-Pékin est plus cher qu’un Paris-Pékin-Paris, mystères de la tarification), et c’est devenu tellement facile avec l’achat sur Internet. Il suffit d’avoir le temps de voyager, et pas de raison de rester chez soi (j’en ai une). Encore faut-il être attendu par quelqu’un à destination, sinon à quoi bon.
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