
Cécilia et son mari nous ont rendu visite l’autre jour, c’était un plaisir de les voir. Le mari de Cécilia restera anonyme pour des raisons de confidentialité, et aussi pour faire écho au sujet de ce billet. De plus, mes amis ne veulent pas apparaître en tant que couple sur l’internet, j’avais parlé d’eux de cette manière jadis et ils n’avaient pas apprécié. Cela les regarde.
En nous promenant dans le parc du Château d’Ô, Cécilia m’a expliqué pourquoi elle n’aimait pas que j’emploie sur ce blog l’expression « ma femme » ou « mon épouse » lorsque j’évoque Hajer. La conversation était intéressante car Hajer, elle-même, préférait qu’on n’utilisât pas trop son prénom sur internet.
Selon Cécilia, l’expression « ma femme » est non seulement un signe de propriété, mais surtout un signe de culture bourgeoise, vieux-jeu et poussiéreux. Mais alors pourquoi le sage précaire affectionne-t-il cette expression alors qu’il n’est ni bourgeois, ni vieux-jeu, ni poussiéreux ?
Selon moi, c’est l’emploi des prénoms qui renvoie à la bourgeoisie moderne. Quand je lis ce grand bourgeois qu’est Emmanuel Carrère, je dois savoir qui est Hélène quand son nom apparaît. L’emploi du prénom pour désigner des membres de la famille, ou des membres de la hiérarchie, ne renvoie pas à quelque chose de moins hiérarchique et de moins bourgeois, bien au contraire : il s’agit de s’adresser à des happy few qui connaissent les codes de la bonne société et qui ont en tête, intuitivement, le Who’s who? du milieu concerné.
En toute modestie, je trouve qu’il y a quelque chose d’à la fois digne et généreux à dire « ma femme » car cela accueille le lecteur dans un espace neutre où personne n’est censé connaître telle ou telle personne. Cela me fait penser aux Mémoires de Saint-Simon, où le duc mentionne toujours son épouse sous la locution « Mme de Saint-Simon ». Le lecteur y perçoit non pas la soumission d’une épouse mais la personnalité d’une femme responsable qui prend d’énergiques initiatives pour redorer le blason de son mari, c’est-à-dire de la France tout entière.
Plus modestement encore, « ma femme » me fait penser aux épisodes de Columbo à la télévision. La moitié du détective n’apparaissait jamais à l’écran mais Columbo parlait souvent d’elle, généralement à tort et à travers. On l’avait tellement fantasmée et espérée qu’elle finit par devenir l’héroïne d’une nouvelle série télé en bonne et due forme.
Tu pourrais faire comme le comte dont tu nous parles,
et dire « Madame Thouroude »…
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Bonne idée. Madame Précaire par exemple.
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Certes, ce serait plus juste, mais le blog est tout de même nommé « gthouroude.com » . Madame GThouroude peut-être? (Les féministes risquent de se lever en masse et dire que la femme, avenir de l’homme, est réduite à porter le nom et les initiales du mari.) Personnellement, en lisant « Madame Précaire », j’entends la chanson « La Carmagnole » (Madame Veto avait promis/ de faire égorger tout Paris…). De cette chaîne associative, on peut déduire que j’attribue une présence royale à ce personnage qu’est le SP. Sa Madame de coeur y est certainement pour quelque chose!
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Voui, ce serait mieux » Madame Thouroude », un peu désuet et anachronique, juste comme il convient au SP. Celui-ci devrait d’ailleurs organiser un vote sur ce thème.
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Un vote attirerait trop l’attention. Je garde toujours l’espoir que ce blog ne soit pas lu par celle que j’aime. On est plus libre quand on écrit sur des gens qui ne vous lisent pas. C’est pourquoi les écrivains du voyage voyagent d’ailleurs. Et cela explique en partie le fait qu’ils n’ont pas besoin de fiction.
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« les écrivains du voyage voyagent d’ailleurs »
Ils voyagent d’ailleurs et, par ailleurs, ailleurs. Comme dit le proverbe « mon ailleurs est riche ».
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Ou comme André Breton… https://maxencecaron.fr/2010/06/andre-breton-lit-lunion-libre/
« Ma femme, à la langue d’hostie poignardée », c’est quand même autre chose que « Madame Homais »….
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« La moitié du détective n’apparaissait jamais à l’écran mais… »
https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/moiti%C3%A9/52050
J’ai cru un instant que l’inspecteur Columbo était devenu un homme-tronc!
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« Madame Précaire par exemple. » Je reviens sur cette éventualité. Pourquoi pas Madame Sagesse?
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Ou bien, pour évoquer le début de cet épisode,
« Madame d’Oman ».
🙂
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