
Le 29 mars dernier, le sage précaire a fêté son anniversaire de la meilleure des manière, seul avec la femme qu’il aime. Sans bougie mais avec un délicieux gâteau, sans flonflon mais avec l’apaisement d’une soirée sans pression.
L’année dernière mon anniversaire fut un enfer. Des amis bienveillants étaient chez nous et voulaient me faire plaisir alors que je désirais être seul. Il fallait faire semblant d’être joyeux ce qui est probablement, pour un être humain naturellement joyeux, l’effort le plus difficile à fournir.
Cette année, une simple soirée avec celle qui sait me faire plaisir. Des cadeaux que je n’ai ouverts que le lendemain pour des raisons que je ne dévoilerai pas. Une bouteille de jus de fruit pétillant qu’on a oublié de déboucher. Le paradis.
Un cadeau d’anniversaire est apparu dans la presse : l’annonce de la parution d’un livre qui révèle les relations qu’entretiennent trois écrivains avec l’extrême droite. L’écrivain voyageur Sylvain Tesson est épinglé comme un bon vieux fasciste aux multiples fréquentations inavouables. Voilà qui tire une belle conclusion au travail que j’ai mené un peu seul depuis dix ans. Cela fait dix ans que je repère, dans l’écriture de cet aventurier, une tonalité réactionnaire, un style ampoulé faussement dandy, et des relents de racisme insupportable.
À la réflexion je ne suis pas si seul. Un autre chercheur en littérature des voyages a fait du bon travail sur l’imposture Tesson et je voudrais lui rendre hommage : Jean-Xavier Ridon. Lisez parmi ses articles ceux qui sont parus depuis les années 2015, c’est lumineux.
Le jour de mon anniversaire, donc, je vois le monde médiatique confirmer, sur le plan de l’enquête, ce que j’avais perçu dans les mailles du texte, dans la chair de l’écriture et le grain de la voix. Je sais que personne ne se dira jamais : « Il avait donc raison ce mec que j’ai rencontré dans tel train ou dans tel colloque. » Ce n’est pas ce genre de reconnaissance que l’on obtient. Les satisfactions du chercheur sont plus étouffées, plus solitaires, plus longues en bouche. Le sage précaire et sa meilleure moitié se contentent de se lover dans le noir non sans avoir avalé un entremet au chocolat.

Voir une analyse :
https://www.nouvelobs.com/idees/20230329.OBS71493/houellebecq-moix-tesson-une-extreme-droite-litteraire-selon-francois-krug.html
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Oui, il y a aussi des bonnes feuilles chez Mediapart.
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J’avais effectivement lu cet article sur Médiapart et pensé un moment à l’envoyer à notre bon Guillaume, sans que m’effleure la pensée qu’il puisse être assidu d’une presse de gauche. Ceci-dit je pense que la référence pourrait figurer en note de bas de page.
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Que je mette un article de Mediapart en référence sur mon blog ? Alors qu’ils ne font jamais référence à La précarité du sage sur leur site ?
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Moi je dis : BRAVO Sage Précaire ! On était convaincus de la justesse de ta lecture, on est enchantés que d’autres la confirment !
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Merci Cécilia ! Oui tu as raison c’est cela que j’ai pris pour un cadeau d’anniversaire au fond : l’univers clamait que j’étais un excellent lecteur. Et c’était spectaculaire à la lecture des commentaires publiés sous l’article de Mediapart, où tant de lecteurs se disaient de gauche et affirmaient de rien trouver de réactionnaire dans les livres de Tesson.
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« et affirmaient de rien trouver de réactionnaire »
ne rien trouver… une négation, pas une dégation! ça c’est le la petite coquille, pas de la fôte! Ceci-dit je trouve qu’il y a une forme de bien-pensance de gauche qui conditionne le jugement.
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« Alors qu’ils ne font jamais référence à La précarité du sage sur leur site ? »
Où l’on retrouve là , outre l’humour malicieux, le syndrome de la grenouille voulant être plus grosse que le boeuf. Notre sage toujours « sans prétention » (private joke).
Blagues à part, les références exactes et précises marquent le respect du lecteur tout autant que des auteurs dont on fait ses choux gras. C’est le juste basique pour un « chercheur ».
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Bravo Michel Jeannès, vous êtes mûr pour postuler à la chair de méthodologie de la recherche, au sein de notre Université libérale des arts précaires.
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Je serai très honoré de ce poste ad honorem dans la prestigieuse ULAP.
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