Le film vaut beaucoup plus d’être vu que François Bégaudeau d’être entendu. Je le dis pour ceux qui ont pu être rebutés par la faconde de l’écrivain sur les ondes, le film est beaucoup moins donneur de leçon et n’est en aucun cas un documentaire.
C’est son aspect fictionnel qui pose d’ailleurs le plus grand problème. On dit que c’est une chronique, mais pas vraiment. Pour ma part, j’aurais peut-être préféré un documentaire, ou une chronique sans début ni fin. Car, et c’est le sujet de ce billet, on croit peu à l’histoire. Autant le dire, il y a un événement central autour duquel l’histoire tourne : une scène où un élève africain pète les plombs, à cause de quoi il se fera exclure de l’école, ce qui peut entraîner pour lui un retour au bled.
Il y a de nombreuses choses auxquelles on croit peu. Quand le prof est très énervé et donne un coup de pied dans une chaise, on ne comprend pas pourquoi il est si énervé : la fille qui vient d’être insolente, elle l’a été parce qu’elle ne veut plus être une gamine, et on voit bien qu’elle est sage avec lui lorsqu’il lui demande de rester après la classe. Il lui demande de faire ses excuses, et elle s’exécute, que demander de plus ? Le fictionnel va trop loin quand il demande qu’elle répète sa formule d’excuse avec sincérité. D’où vient cette exigence de sincérité, ce protestantisme bizarre (à mon avis, c’est pour toucher le public anglo-saxon, mais j’y reviendrai) ? La fille répète la phrase d’excuse que lui dicte le prof et quand elle sort de classe, elle lance, par provocation : « Je le pensais pas, m’sieur ». D’où le courroux du prof et le coup dans la chaise. Moi, je n’y ai pas cru du tout.
Pas plus qu’à la notion de pétasse. « C’est un comportement de pétasse », dit le prof à ses deux déléguées de classe. Un prof qui se présente comme ayant quatre ans d’expérience dans ce collège n’est pas très crédible quand il parle de cette manière à des filles qui, par ailleurs, sont plutôt coopérantes en classe. Je ne juge pas, chacun parle comme il le peut, mais en tant que spectateur, je me sentais un peu manipulé, je ne pouvais simplement pas y croire.
Je n’ai pas cru non plus à la scène où le prof de techno fait une crise de nerfs dans la salle des profs. Je ne doute pas que cela arrive dans les collèges mais là, cette scène m’a paru tout à fait artificielle et, en quelque sorte, posée là pour son utilité diégétique. Une manière de montrer que c’est un collège difficile. Et là-dedans non plus, je n’ai pas pu me projeter : je trouvais les élèves sympathiques, et même le pétage de plomb du grand ado africain, je n’y ai pas ressenti de menace ni de danger, physique ou moral, pour qui que ce soit.
Je veux bien croire qu’il s’agit là d’une classe fatigante, mais difficile ?
Pour résumer, je ne crois guère à la chaîne dramatique qui structure l’histoire : les jeunes se chambrent entre eux et la tension monte ; les élèves chambrent le prof qui s’énerve ; le prof prononce le mot de pétasse ; l’élève africain en profite pour gueuler ; le prof lâche prise ; conflit ; conseil de discipline ; exclusion. Le spectateur devrait être pris dans une passion contradictoire : d’un côté il faut faire respecter l’ordre, de l’autre l’élève est victime d’une injustice criante. Je n’ai pas ressenti ce double mouvement de l’âme pour la raison suivante.
A chacune des étapes de la chaîne dramatique, je ne comprenais pas ce qui la rendait nécessaire, ni, donc, pourquoi elle devait nous entraîner dans cette situation intenable (un bon fils, un garçon attachant, pris dans les rets d’une réalité trop complexe pour lui, et une société structurellement injuste). Par exemple, je ne comprends pas pourquoi le prof considère qu’il n’a pas le choix et qu’il doit lancer la procédure d’un conseil de discipline. Pourquoi ne dit-il pas non, quand le Principal lui demande son avis sur la question ? Pourquoi le prof n’a-t-il aucune sanction alors qu’il a insulté des élèves lors de la crise ? Pourquoi le conseil de discipline décide-t-il de l’exclusion définitive de l’élève, alors même que le prof a une certaine responsabilité dans les actes incriminés ? Comment se fait-il que, juste après l’exclusion, la classe soit apaisée et réponde gentiment au prof, comme si rien ne s’était passé ?
Le film ne répond pas à ces questions. Au contraire, il nous montre que Souleyman, l’élève africain, est un bon fils, qu’il est sympa, fainéant mais capable de faire des choses chouettes, bref qu’il ne mérite pas ce qui lui arrive dans le film. C’est donc un film qui est en contradiction avec lui-même.
Un film que j’ai beaucoup aimé, malgré tout.
Comment peut-on « aimer beaucoup » un film où on repère tant de faiblesses ?
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Pour la raison – nous en avons déjà discuté – que je suis assez indifférent aux intrigues bien ficelées. Les faiblesses que j’ai repérées sont vraiment dans ce domaine.
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Je n’ai pas vu le film et je ne risque pas de le voir avant longtemps, mais ce qu’il y a, c’est que, d’après ce que tu en dis, le prof a l’air d’être un vrai con, tendance intègriste républicain : qui peut se permettre d’insulter ses élèves en les traitant de « pétasses »? Et depuis quelle supériorité morale? Dans cs conditions, comment apprécier le film ?
Les gens qui s’autorisent d’une croyance en la supériorité morale du maître pour insulter ou même juger leurs élèves, moi, si j’étais inspecteur, je te les mettrais à pied vite fait. Avec mutation disciplinaire à la clé. Je suis sûr qu’il reste encore quelques postes à pourvoir au Lycée français d’Alger, ou mieux, à Nouakchott, Mauritanie.
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Ah oui Alger…pas con…La Mauritanie aussi c’est sympa…La Tunisie encore mieux, malheureusement c’est plein (de profs mutés) en ce moment, une prochaine fois peut-etre…
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Le manque de justesse psychologique, ça appartient à l’intrigue ?
C’est pas un peu de mauvaise foi, ça ?
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Je ne reproche pas le manque de justesse psychologique, Mart, mais la chaîne narrative qui me paraît lâche. Les événements s’enchaînent d’une manière qui ne me convainc pas.
Ben, si le prof émet le mot de pétasse, et qu’en plus il dit plus tard : « … et puis si vous comprenez pas qu’il y a des choses qu’on a le droit de dire et pas vous, etc. », c’est comme lorsqu’il s’offusque lourdement du fait qu’un élève le tutoie, ce n’est pas par conviction. Au contraire, Bégaudeau joue là le rôle d’un prof qui ne se rend pas compte de l’inégalité patente de la situation dont il est lui-même un élément. Bégaudeau ou Cantet (le réalisateur), ou les deux, ont voulu sciemment montrer un prof parfois chouette et créatif, parfois con et paumé, ce qui me plaît assez, car c’est souvent le cas dans le cadre de l’éducation nationale il me semble.
C’est pourquoi je pense que psychologiquement, Mart, le film tient la route.
Mais j’attends avec impatience vos impressions sur le film.
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“C’est un comportement de pétasse”, dit le prof à ses deux déléguées de classe. Un prof qui se présente comme ayant quatre ans d’expérience dans ce collège n’est pas très crédible quand il parle de cette manière à des filles (…) je ne pouvais simplement pas y croire. Je n’ai pas cru non plus à la scène où le prof de techno fait une crise de nerfs dans la salle des profs. Je ne doute pas que cela arrive dans les collèges mais là, cette scène m’a paru tout à fait artificielle et, en quelque sorte, posée là pour son utilité diégétique. » etc.
Pour moi, ça, c’est pas un pb d’intrigue, mais de justesse psychologique.
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Certes. Malgré tout, je crois qu’ils lui ont faire faire cette erreur d’immaturité uniquement pour construire l’intrigue : ce mot de pétasse est un des déclencheur de la crise qui mène à l’exclusion du gamin. Il fallait une erreur du prof, qui soit presque une faute professionnelle, pour montrer que chacun, dans l’histoire, a des torts mais qu’un seul personnage en paie les frais. Le plus fragilisé, le plus précaire, le plus liminaire (sa propre mère ne parle pas français et c’est lui, l’adolescent même, qui traduit les paroles de tout le monde, dans la scène extraordinaire du conseil de discipline) paiera pour tout le monde.
C’est bien une question d’intrigue, mais au sens où l’intrigue propose en même temps une métaphore, ou une réflexion, sur la société.
Cela aurait été trop simple de faire faire cette erreur (le mot « pétasse ») par un prof réac et salaud, alors on la fait faire par un jeune mec sympa et compréhensif, ce qui, dans l’absolu, n’est pas un manque de justesse psychologique.
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« je crois qu’ils lui ont faire faire cette erreur d’immaturité uniquement pour construire l’intrigue »
C’est ça. C’est pourquoi je ne crois pas à cette opposition justesse psy/intrigue. Il n’y a que dans les mauvais films et lesmauvais romans que l’un de va pas de paire avec l’autre.
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je me suis mal exprimé : je veux dire, c’est pourquoi je ne crois pas cette opposition poésie/intrigue, art/intrigue, matière romanesque/intrigue : quand on autonomise ainsi la notion d’intrigue, avec une connotation péjorative, c’est qu’on a en tête les mauvais films et les mauvais romans. Si un film ou un roman est réussi, l’intrigue coïncide avec la matière même de l’oeuvre.
Mais voilà que je reparle tout seul.
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Mais non, Mart, tu n’es pas tout seul. Je suis assez d’accord avec toi, et c’est pourquoi ce film, dont la « matière filmique » est remarquable, n’est pas un film parfait, car son intrigue ne coïncide pas avec elle.
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« ils lui ont faire faire cette erreur d’immaturité uniquement pour construire l’intrigue » Mais où est l’erreur ? Je ne vois pas du tout en quoi le fait de montrer un prof qui insulte une élève en se croyant dans son bon droit est une « erreur ». Ca ne paraît pas du tout improbable, il y a plein de profs qui se croient à la fois assez supérieurs du fait de la supériorité de la culture et en même temps assez proches de leurs élèves pour se croire légitimes dans leurs jugements. C’est une passion de prof, ça, pas un manque de maturité : le jugement, l’évaluation, la hiérarchisation… Dans ces conditions, si c’est effectivement vraisemblable, je ne vois pas où est le problème du point de vue de l’intrigue.
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Quand le débat arrive à ce niveau la j’aime beaucoup : même si c’est vrai que celui sur la musique peut avoir des cotés interessants, ca ca me branche plus . Mais non, bien sur qu’ilk n’ya aucun probléme avec l’intrigue Ben,tout çà c’est fait pour, ce débat sur l’intrigue, siu le récit colle au réel ou non. C’est consubstanciel au film méme cette question, c’est même tout l’interet quelque part a mon avis. tLe truc sur l’intrigue, c’est pas mal, le débat sur en fait savoir si le récit , la narration retranscrit bien la réalité. En fait c’est interessant, ca crée débat, discussion , mais a mon avis le vrai truc, l’ambition réel du film est la : faire reflechir sur la retrasncription , la translation, la traduction , le passage du virtuel au réel (ou le contraire), de l’écrit, du scénario (le livre de Bégaudeau meme si c’esr d’abord un roman d’ailleurs que j’ai préféré au film) au fimé, a l’écran , à l’image (le film de Cantet). Montrer une solitude (en l’occurence le prof de collége) face a une réalité brute et rugueuse a etreindre (ca c’est Rimbaud mais ca ne me semble pas a coté de la plaque que de parler de çà). Ca a l’ai trés con de dire ca , mais je suis sur qu’au fond, le débat sur l’école, ces histoires de prof énervé qui parle de « pétasse », d’éléve trés impliqué en conseil de classe mais disspié en classe tout ca à la limite c’est qu’une premiere étape du film qui peuit nous faire passer soit pour un démago (défendre a tout prix l’image du prof a la Bégaudeau, mais qui peut nier son heroisme en quelque sorte…) soit pour un réac qui n’a rien compris aux « réalités réelles de la vérité vraie » (ca c’est pour rire, mais j’ai lu ca dnas une critique sur ce film pour dire que vraiment la c’est pas du virtuel, le collége c’est du réel , et ca rigole pas maintenant les petits gars -ce qui est assez vrai, puisque je l’ai testé et approuvé aussi a ma maniére dans le monde réel du travail vrai de la réalitée réelle-. A part ça, avez vous remarqué le grain de l’image du film en lui même ? la photographie entre réel ,documentaire , film à la Cousteau et mouvement de caméra néo avant gardiste à la Godard…et puis si vraiment c’était pas un si bon film on n’en parlerait pas. C’est presuqe un film comme les éléves qu’il filme : « adolescent » ! donc plein de contradictions, de paradoxes et c’est çà qui est passionnant, et que d’ailleurs on en parle (sur ce blog et ailleurs) et que l’auteur de ce blog aime beaucoup malgrés tout…. Oui c’est un film qui est en contradiction avec lui même, avec l’intrigue,ses propres personnages qui joue avec le réel, les codes du réel et alors ? Si on avait fait un documentaire plan-plan a la « streap -tease » sauce France 3 ou a la documentaire sauce TF1 ca n’aurait pas été mieux loin de la on se serait fait chier et on en parlerait même pas…bien sur ca pourrait etre mieux, mais faut arrete avec ces désirs d’exigeance sans fin, je trouve que la pour une fois qu’il y’a un bon film sur l’école ayant pour cadre l’école (films qui en frances e comptent sur les doigts de la main ceci dit au passage) c’est bien, si c’était si nul on ne serait pas la à s’escrimer devant son ordinateur pour démontrer en quoi Begaudeau a fait fausse route et est plein de contradictions ou fait chier avec ses interviews (je ne pense pas un mot de cela, je pense que Bégaudeau est trés bien même dans ses interviews et je le dis , je suis jaloux , na ! autant de talents…). Bref , pur moi , le truc du film c’est un truc sur cette idée de retranscription ou de passage comme le dit dit Mart entre art/ intrigue, poésie / intrigue etc…a la limite l’intrigue c’est pas subalterne (bien sur que non) mais presque… mais ca pose ce probléme du passage etde la confrontation : Réel/virtuel , Un / Plusieurs (prof. éléves) , l’aliénation aussi , prsonne n’ne a parlé, il ne faut oas oublié que le titre du film c’est : « Entre les murs ». Moi la premiére fois que j’ai bossé dans un collége (comme pion et un peu prof) j’ai pensé au film : « Vol au dessus d’un nid de coucou ». Le prof fait face a une folie lui aussi : la folie sociale d’éléves bouffés par la télé, la culture « loft », la connerie américanisée made in Bush, la saloperie visqueuse que transmet n’importe quel sit-com (euh non pas toute quand même…) et puis bien sur le malaise social . On demande a un mec de résorber à lui tout seul non pas une fracture mais un gouffre, bref qu’il se prenne pour Superman ! comme Jack Nicholson, il est un peu comme le seul « dernier mohican » détenteur de valeurs et porteur d’une derniére once de civilisation dont il se sent trivbutaire et qui l’anime durant tout le film et son séjour à l’asile…qui finira par le bouffer d’ailleurs…Je peux comprendre que l’on puisse se sentir « manipulé » comme dit Guillaume par ce film, mais je crois que cette « manipulation » est en fait un truc assez interessant (que j’avais aimé dans « Ressources Huaines » )du cinéaste qui n’a pas voulu « coller » betement sur le réel pour faire réflechir seulement sur la réalité dans un monde ou tout est completement « virtualisé ». bIl joue des frontiéres pour mieux sensibliser le spectateur sur d’autres manipulations possibles d’autres médias peut-etre (télé, internet, radio) En ce sens c’est un film complétement impliqué dans notre époque, pleinement contemporain et subtilement subversif .
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Je viens d’aller voir le film et ce ne sont pas les mêmes choses qui m’arrêtent. Ce qui me dérange (et je crois que Ben aurait l’opinion exactement inverse), c’est la culpabilité qui imprègne le regard du réalisateur et le refus d’assumer 1) la position de supériorité inhérente à tout enseignement 2) la cruauté inhérente à toute organisation sociale 3) le désintérêt choquant pour les « bons » élèves, ceux qui ne font pas d’histoire et tentent simplement d’apprendre. Dans le film, certains élèves foutent la merde en permanence et empêchent les cours de se dérouler normalement, au détriment de la majorité silencieuse des élèves. Quand il faut exclure le pire d’entre eux, ou l’un des pires, afin de sauver ce qui peut être sauver (l’enseignement à destination de la majorité silencieuse), alors une culpabilité néo coloniale vient enliser l’esprit du prof dans les marécages du remord et du manque de confiance en soi. « Et si j’avais tord de l’exclure ? Et s’il se fait renvoyer au bled de ma faute ? ». A aucun moment n’est posé la question de l’intérêt de la majorité silencieuse, c’est comme si elle n’existait pas, comme si la brebis égarée valait forcément plus que les brebis restées dans le troupeau. Oubliant la mission centrale de l’école, qui est un service public, et non un service pour l’usage exclusif de Souleymane, l’Africain turbulent.
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Je ne pense pas que « Entre les murs » soit projeté au cinéma de Libreville, le Majestic, avant un bout de temps ( ils en sont à Persépolis, de Satrapi, c’est dire le décalage ), je ne peux parler que en général.
En général, exclure un type qui fout le bordel, je ne dirais pas que c’est vraiment un problème. Mais si c’est le prof qui provoque l’élève et se trouve donc être la cause de l’agitation et, in fine, de l’exclusion, alors c’est un peu différent. Il ne suffit pas de dire que l’interêt général passe avant l’intérêt particulier : si vous provoquez les gens, vous ne pouvez pas dire après : ah, ces sauvages, ils ne savent pas distancier leurs émotions, c’est de leur faute. En l’occurrence, l’intérêt général n’est pas en cause : ce qui l’est, dans ce « cas d’école », à mon avis, c’est la responsabilité d’un prof qui ne sait pas rester à sa place.
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Oui, sauf qu’en l’occurence c’est pas ça qui se passe. A mes yeux, ce prof est déjà une sorte de saint qui donne et qui donne, alors que ceux à qui il donnent passent leurs journées à lui ricaner au visage. Etre prof dans ces condition, franchement, c’est du sacrifice de soi au sens le plus chrétien du terme. Alors, si un jour, il craque l’espace de quelques secondes en disant « ça, c’est un comportement de pétasse », il me semble qu’on peut lui pardonner assez vite. Sauf que là, il culpabiliser à mort. Et tout le monde le regarde comme s’il avait fait une faute gravissime. Les élèves le traitent de gros enculé, et lui il dit « ça, c’est un comportement de pétasse ». Mais c’est lui qui culpabilise, pas les élèves. Et là, il y a quelque chose qui ne tourne vraiment pas rond.
Il y a un siècle, quand j’étais élève, le millième de ce que font ces élèves était déjà parfaitement inimaginable. Mais toute cette culpabilité a déplacer le curseur et, désormais, les élèves se servent de cette culpabilité pour asseoir leur pouvoir sur le prof. Personne n’est gagnant là dedans : ni les élèves bruyants, ni le prof au nez de qui les élèves bruyant ricanent, ni les élèves calmes qui sont les grand sacrifiés de l’histoire.
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Donner et donner, ce n’est pas ça qui confère des droits sur ceux à qui on donne. Si ceux à qui tu donnes te crachent au visage, et refusent ce que tu leur donnes, à qui peux-tu t’en prendre ? Pas à eux, mais à toi, qui es venu donner, comme si ton petit don pourri avait été la chose dont ils manquaient depuis toujours. En vérité, ça me rappelle ma grand’mère, Dieu ait son âme, qui nous offrait chaque Noel, à mon frère et à moi, des pull-over hideux qu’elle tricotait elle-même pour tromper son ennui et que ma mère nous obligeait ensuite à mettre. Qui est le plus chrétien ? Celui qui sait rester à sa place. Le prof est payé pour faire un boulot précis, pas pour jouer à Jésus-Christ au Golgotha. Théologiquement parlant, si le Christ est mort une fois, ça devrait suffire.
Qu’est-ce qui a déplacé le « curseur » ? Pas la culpabilité des profs, ni la putasserie des élèves : il y a un siècle, les petits enfants étaient déja bien assez putes au fond de leur coeur. Quant à la culpabilité… Il y a un prof, l’an passé, qui a collé une baffe à un élève et s’est retrouvé en garde à vue. Grosse indignation syndicale : on culpabilise les profs alors que les élèves sont des sauvages… Le prof en question était paraît-il bourré à chaque cours. Culpabiliser un type qui déconne avec l’autorité qu’on lui confie, moi, personnellement, ça ne me dérange pas non plus outre mesure.
Non, à mon avis, ce qui fait bouger le curseur, c’est le nombre d’élèves qui vont au bac. Il y a un siècle, n’y allaient que les petits bourgeois ou les pauvres méritants, ceux qui avaient intériorisé les règles du jeu ( de toute façon, ils en étaient les gagnants. ) Aujourd’hui, on a des masses, alors pour le petit nombre des meilleurs d’avant, c’est une régression, mais pour la masse des autres, c’est un progrès vers un niveau d’instruction moyen. Pas de quoi grimper aux rideaux.
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« Si ceux à qui tu donnes te crachent au visage, et refusent ce que tu leur donnes, à qui peux-tu t’en prendre ? Pas à eux, mais à toi, qui es venu donner, comme si ton petit don pourri avait été la chose dont ils manquaient depuis toujours. »
Là, tu dis n’importe quoi et tu le sais. Si je prends au sérieux ton petit dérapage, alors j’en déduis que tu penses que les ados de banlieue n’ont pas besoin d’instruction puisqu’ils refusent qu’on la leur donner. A partir de là, difficile de parler.
Mais je suis sûr que ce n’est pas ce que tu penses (ou alors t’es vraiment con).
Après c’est vrai, le nombre d’élèves ne facilite pas les choses. Voire, les rend impossible. Il n’empêche qu’il n’y a pas qu’un pb de nombre, mais aussi un pb culturel, un pb de comportement. C’est pas parce qu’il y a 35 élèves dans la classe au lieu de 25 qu’il est légitime de ricaner à la face du prof. Moi, je ne ricane même pas à la face d’un chien ou d’un chat, alors je ne vois pas pourquoi un gamin le ferait face à un être humain venu faire son travail en lui procurant l’instruction sans laquelle il restera toute sa vie un être mentalement sous-développé.
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La, je me régale, ca c’est du vrai débat surtout on touche le coeur du probléme avec la notion de culpabilité…
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Je n’ai jamais dit que les ados de banlieue, ni les autres, n’avaient pas besoin d’instruction, mais que celle-ci n’est pas un « don ». Un prof, jusqu’à nouvel ordre, ça touche un salaire. C’est pas un martyre, c’est un type qui fait son boulot, rien de plus. Les élèves en général reçoivent un « service » qu’ils rembourseront quand ils paieront des impôts.
Si on donne à prof la posture morale du généreux donateur outragé par l’ingratitude de ses élèves, on se trompe de place, et ce n’est pas un cadeau à lui faire, parce que ça rajoute du pathos à une mission qui est déja bien assez lourde. C’est justement cette sentimentalisation judéo-chrétienne du truc qui l’alourdit. Si tu ne réussis pas à tenir tes élèves, tu entres dans un martyre, alors que c’est seulement une difficulté à gèrer qui fait partie de ton boulot. Si tu commences à te sentir dans la position du martyre, tu te sens obligé de fortifier ta foi, de creuser l’opposition de ta foi en la Culture face à l’inculture et à la mécréance. C’est le complexe du missionnaire, qui fait d’un professionnel compétent, capable de comprendre ses élèves, un grand malade, raidi dans sa soutane idéologique, brandissant l’anathème et excommuniant Aboubacar ( tiens, c’est sénégalais, comme nom ) ou je ne sais qui pour le salut de son âme.
Si je savais utiliser les italiques, je soulignerais « comprendre ». Un prof correct, c’est quelqu’un qui comprend ses élèves, comprend comment ils fonctionnent, et sait éviter la confrontation irréversible dans laquelle il y aura toujours un perdant. Et il est responsable de tous ses élèves, pas de la majorité contre la minorité des emmerdeurs.
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On est d’accord, Ben, un prof n’est pas censé devoir se comporter comme un saint missionnaire. On ne peut donc pas attendre de lui qu’il se fasse insulter sans broncher toute la journée. Si on adopte ton point de vue et qu’on s’en tient au strict point de vue marchand – le prof fournit un service, l’Etat lui verse un salaire – alors je ne vois pas au nom de quoi on peut lui demander d’accepter les insultes sans broncher. On ne demande pas ça d’un plombier, d’un comptable ou d’un dentiste. Dans n’importe quel boulot normal, tu es en droit d’attendre un minimum de respect à ton égard de la part de tes clients.
Là, dans cette classe, il n’y en pas. Ce qu’il y a, c’est un rapport de force et de provocation permanent. Et le prof se fait prendre au jeu de la provocation au lieu de l’ignorer. C’est son erreur. Mais ce n’est pas une erreur si facile à éviter. Tu dis qu’un prof « correct », c’est quelqu’un qui sait éviter la confrontation irréversible. Et moi je dis que dans une classe pareille, ça place la barre du « correct » sacrément haut, probablement hors de portée d’un être humain normal.
Tu es prof, tu dis « Machin stp, peux-tu lire le passage ?' ». Réponse : « Non ». Que fait ton prof « correct » dans un cas pareil ?
Tu plaides pour une normalisation du statut du prof : qq’un qu’on paye pour fournir un service. Très bien. Mais alors faut pas lui demander de faire de l’humanisme. Si Aboubacar ou Durand fout ma merde et empêche le prestataire de service qu’est devenu le prof de fournir son « service », alors la logique c’est de lui fournir les outils pour se défendre contre Aboubacar et Durand.
Le film flotte en permanence entre ces deux points de vue. D’un côté, l’un des profs dit « il faut virer Durand et Aboubacar », et de l’autre le prof François Bégaudeau dit « Donnons lui une dernière chance, soyons compréhensif, pardonnons-lui encore une fois ». Ca hésite tout le temps entre deux lignes. Le tout dans un climat de culpabilité diffuse. Et tout ça crée un brouillard où les règles deviennent illisibles. Et où les élèves provoquent en permanence, cherchant la limite, le point de rupture.
L’impression finale, c’est que la force s’est déplacée du camp des profs dans celui des élèves. Et que ce déplacement est à l’origine du chaos.
Mon idée à moi, c’est que personne ne veut endosser le rôle ingrat et antipathique du dépositaire de l’autorité. On veut être le prof populaire, copain, aimé. Et au final, c’est le mépris des élèves qui arrive.
J’ajouterais une chose : au final du film, il y a une scène hallucinante où on demande aux élèves ce qu’ils ont appris dans l’année. Réponse = soit des choses inutiles et idiotes, soit des théorèmes appris par coeur, soit… rien ». Ce rien revient plusieurs fois. Puis, la pire fouteuse de merde de la classe explique pourquoi ce « rien ». Et son explication est : « parce que les livres que vous nous faites lire sont nuls. Moi, pendant ce temps, j’ai lu un livre passionnant, la République de Platon ». Et là, on est censés être scotchés par son intelligence, contrits par l’inanité de nos programmes scolaires. Car le grande vérité de ce film, c’est : « Si on ne réussit pas à les éduquer, c’est de notre faute, c’est qu’on est nuls, que nos programmes sont nuls, alors que nos élèves sont intelligents ». Encore et toujours cette culpabilité nauséeuse, ce refus post-soixante-huitard de l’autorité. Pour moi, c’est surtout le signe d’une grande immaturité.
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Trés interessant…il n’y a que des individus qui ont cotoyé de prés ou de loin la philosophie moderne, s’en sont imprégnée assez tout du moins pour critiquer ainsi ce pathos, ce « complexe du missionaire » avec autant de lucidité. Mais, pour rajouter un peu de piment au débat, je suis persuadé que la plupart (je dis bien « la plupart », pas tous bien sur, il y’a des cons partout…)des profs aujourd’hui (qu’ils soient en france, en collége, lycée ou ailleurs a l’étranger) sont conscients de cette notion de compréhension à l’égard des éléves, qu’il n’ya pas tant que ça de « martyrs », ou d’imbéciles heureux donnant sans compter et effarouché par la suite de la réponse souvent ingrate (mais évidente pourtant si on tient compte des données sociologiques) de ses éléves. Mais le truc , le hic c’est que malgrés cette « compréhension » ,cette sentimentalisation judéo chrétienne est pourtant trés ancrée, mais est devenu invisible, trés difficile a décripter et à démonter comme pouvait le faire un Nietszche et toute sa lignée de libre penseur .. mais n’a plus rien a voir avec les représentations à la dix-neuviéme siécle comme on se l’imagine,peut etre plus proche du guerrier 14-18, prof poilu partant en salle de classe sous la bénédiction du grand archevéché de l’education nationale, j’exagére comme d’habitude, mais même si le mot n’est jamais prononcé c’est une sorte de « foi » (laique certes) qui guide tous les profs que j’ai rencontré (c’est encore plus fragrant dans le public d’ailleurs et paradoxalement…ou tout le monde est « investi »). Ce qu’on appelle « motivation », « volonté de comprendre les éléves » (une sorte de tolérance moderne qu’aurait detesté Volatire), »dynamisme » tout ça au fond c’est peut-etre une sorte le vocabulaire contemporain d’une nouvelle « religion moderne » propre aux civiliasations neo-libérales et le prof bien dans ses pompes socio-democrates boboisée peut trés vite se faire récuperer et se retrouver dans une sorte de soutane aussi rigide idéologiquement que la précédente (même si elle est plus « cool »…) qu’il a toujours refusée : un truc a la sauce protestante qu’il n’a pas vu venir et qui le voit dans une salle de classe sans qu’il s’en rende bien compte brandir l’anathéme (façon pasteur) à son tour et peut-etre excommunier Aboubacar lui aussi…a ce sujet, je suis persuadé que 1) le protestantisme est l’une des premiéres religions en France (dont le message est le plus imbriqué dans les esprits même chez ceux qui nie en bloc cette vérité ) et a remplacé de façons trés habile via différents sorte de médias la place du discours chiantissime du sentimentalisme judéo chrétien a la papa (ou grand papa c’est selon, bref façon catho) 2) que si l’on veut s’en sortir facon Nietzsche ou antéchrist ou gros rebelle ou ce que vous voudrez -moi personnellemnt je m’en fous- c’est vrai que se tourner vers l’Afrique , Aboubacar etc…c’est loin d’étre con. Ca me parait interessant et ca me semble donner une grande bouffée d’air pur a tout ce pathos lourdissime. Le succés d’un Obama a ce propos est assez révélateur de cette tendance nouvelle…
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Vérification faite, ce n’était pas Aboubacar, c’était Souleymane qui foutait le bordel. Virons-le sans scrupule.
Là où il y a un rapport de force permanent, on n’est plus dans l’apostolat, on est dans la guerre. Je suppose que la plupart des profs se reconnaîtront plus volontiers dans le rôle du soldat que ans celui du missionnaire, mais dans les deux cas ça déforme sûrement un peu la réalité. Quand j’étais jeune, j’étais pion ; une fois un gamin de 5e a fait mine de me mettre un coup de boule. Je lui ai dit: vas-y, frappe, et je te démolis. Finalement, il n’a rien fait. Si il l’avait fait, j’aurais été dans mon tort.
Une autre fois, je me suis fait cracher dessus, dans le dos, pendant la récré, il y avait toute une masse d’élèves qui me tournait autour, et l’un d’eux m’a craché un gros molard vert dans le dos. C’était un peu tendu, à ce moment-là, dans ce collège. Evidemment, je n’ai jamais su d’où ça venait, mais une petite Amelle, mignonne comme tout, est venue me voir après pour me dire qu’elle trouvait ça pas bon, zarma. Elle était vraiment mignonne, cette fille, j’espère que la vie est belle pour elle. Enfin, moi, dans ce cas, si j’avais pu savoir qui m’avait craché dessus, j’aurais tout fait pour qu’il se fasse virer, j’aurais même pu porter plainte. Pas de compréhension.
Mais dans le premier cas, si le gamin m’avait, mettons, cassé le nez, eh bien, ç’aurait été de ma faute. Point. Les deux cas sont distincts : se faire casser le nez, c’est plus grave, mais si tu provoques, c’est toi la cause. On peut sanctionner, mais pas exclure, à mon avis, et c’est le cas du film dont on parlait, me semble-t-il. Le prof se faisait emmerder parce qu’il était sorti de son rôle, il avait insulté une gamine. C’était lui la cause, pas Aboubacar-Souleymane. Réintégrons-les donc tous les deux.
« Prestataire de service », je n’aime pas bien le mot, ça désigne plutôt une mission temporaire, il me semble. J’aime mieux parler de fonctionnaire. Fonctionnaire, c’est noble, comme mot : le type exerce sa fonction, qu’elle qu’elle soit, point, son boulot, c’est d’y rester, comme un petit soldat. Pas de faire le mariole à traiter les filles, zarma.
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Comme tu n’as pas vu le film, tu es pardonné de ne pas avoir vu le film, zarma. Dans le film, donc, il provoque rien du tout. C’est juste qu’à un moment, après avoir pris l’équivalent d’une dizaine de gros molards verts par jour sur la gueule, tous reçus en souriant avec une politesse exquise, il craquotte un peu et dit, dans sa barbe, « ça, c’est un comportement de pétasse ». Moi, je lui pardonne d’avoir craquoté. Et je t’invite à lui pardonner aussi, Ben. Car il en a besoin, François, avec toute sa culpabilité de fonctionnaire judéo-chrétien de gauche. Le craquotage, ça arrive même au meilleurs. Et ça fait pas des très bons films, à mon humble avis.
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Ca c’est pas mal alors…Si j’étais moins paresseux et surtout occupé à d’autres trucs que 1) gagner ma vie 2)soutenir et m’occuper de mes proches et surtout 3)addicted a ce blog je crois que j’écrirai un petit truc dans le genre « mémoire d’un pion » ou « souvenirs d’un surveillant de collége » avec un chapitre en plusieurs sous partie sur le molard vert dans le dos avec les masses d’éléves qui chahutent d’hier (derriére pardon), les petites trahisons , délations, les brimades , les gros porcs adipeux tout de marques vétues qui répondent sans ménagement pret a vous bondir dessus dés qu’on ose les remettre a leurs places, bref, l’ambiance gardien de penitentier en pleine guerre mondiale (j’exagére a peine) qu’il peut y avoir dans une cour de récrée ou pire dans une classe..(a ces moments la on est assez nostalgique de pays lointains…) je pourrai faire un papier collé du récit de Ben en changeant quelques noms et y rajouter quelques anecdotes personnelles,mais j’ai vécu la même situation vraiment du molard vert dans le dos sans que l’on puisse rien faire disons…administrativement…(porter plainte, en parler a ses supérieurs,.c’est le minimun bien sur) mais le probléme c’est que l’on vit dans une société de « l’enfant roi » ou ces chers petits chéris sont sur-protégés et bien sur le savent et en profitent hi hi pas si cons..donc dés qu’on rentre dans le jeu du « tu veux t battres » « t’as un probléme ta » « coup de boulle » on est cuit…c’est un sale jeu ou le pion sort rarmemnt vainqueur sauf, sauf si bien sur il controle ses nerfs (personnelemlnt ce n’est pas mon cas et j’ai explosé mainte fois en plein vol genre la « petasse » du film avec des dédicaces trés spéciales sur les carnets de correspondance ou de nombreux éléves -et leurs parents j’espére ont pu gouter a ma fibre littéraire) ou ‘ avec des parents trés procéduriers dés qu’on ose dire que non votre enfant « n’est pas Superman encore moins Enstein oui c’est lui qui m’a insulté sans réserves, n’a pas obei , n’a pas fait ses devoirs, est mal élevé, etc… » (le tout à dire à haute et intelligible voix genre sergent chef avec de gros yeux exorbités et le sourcil sévére en tapotant du pied d’impatience et de colére rentrée, pouvoir rougir de rage est un plus qui impressionne aussi .) . Savoir dire , pardon gueuler : « vous arretez », « faites moins de bruits », « ton carnet , tout de suite…vite j’attends » , au moins cinquante fois par jour est un plus qui peut vous éviter des ennuis et vous procurer une paix relative uen fois rodée tout au long de l’année.
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Si on reste sur ce qu’en disait Guillaume, il y avait bien un rapport entre un jugement du prof à froid « c’est un comportement de pétasse » et le pétage de plombs de Souleymane. Et même si ça n’existe pas dans le film, on peut bien s’interroger sur la complaisance d’un prof vis-à-vis de lui-même qui le mène à juger et à insulter des élèves, par quoi il sort de son rôle, et qui peut provoquer des réactions regrettables. Le problème n’est pas d’être indulgent ou pas, on peut toujours pardonner n’importe quoi à n’importe qui si ça nous chante. Pour moi, le problème est moral, ou déontologique, si on préfère : qu’est-ce qui pousse un prof à traiter ses élèves de pétasses, qu’est-ce que ça montre sur la mentalité du prof-type théorique ?
Là-dessus, moi, quand j’entends parler de culpabilité de fonctionnaire judéo-chrétien de gauche, ça me donne déja envie de vomir. Je n’ai pas du tout envie d’être indulgent même s’il a des excuses dans son « craquotage ». Je me sentirais plus de solidarité pour Aboubacar ou Souleymane parce que eux aussi ont des tas de raisons de pèter les plombs, qui ne sont pas d’ordre psycho-neuneu comme celles du prof.
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Bref (même si tu n’as pas vu le film), tu défends la position de ceux qui disent que c’est la faute du prof si ça part en couilles, et moi celle qui dit que c’est la faute des élèves.
Comme il n’y a pas de moyen de trancher ce débat de manière infaillible, on peut continuer à ne pas être d’accord pendant longtemps.
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sauf si comme dit Ben on « reste sur ce qu’en disait Guillaume »…ce film est un débat sans fin,
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La pensée 68 revue par Mozinor :
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En attendant, le François B. veut racheter les canaris… étonnant, non ?
http://www.lequipe.fr/Football/20081007_131625_begaudeau-veut-racheter-le-club_Dev.html
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Et voilà un bon article :
http://www.causeur.fr/la-palme-de-la-demagogie,1023
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En voici un meilleur encore Mart : http://www.lemonde.fr/livres/article/2008/10/16/l-antiprof-de-francais_1107500_3260.html
Votez Bégaudeau !
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J’ai vu le fim hier soir, au cente culturel français de Libreville, pas au Majestic qui ne passe que de grosses bouses US. Huit mois de décalage après la sortie en salles en France, c’est quand même pas mal.
En sortant, on a discuté un peu avec des copains. L’un dit : « finalement, le prof, il ne leur apprend pas grand’chose, à ses élèves. » L’autre : « ce prof, il est trop près de ses élèves, il a pas assez de distance. Y parle trop. Y a un moment, y faut arrêter de discuter et rompre le dialogue. »
Moi, j’ai rien dit, parler d’un film juste après l’avoir vu, ça me gonfle. Mais ce film m’a donné des sueurs froides. Si Bégaudeau dans le film n’apprend rien à ses élèves, moi qui suis vachement plus proche que lui de mes élèves, alors qu’est-ce que je leur apprends, aux miens ?
En général, je trouve comme le faisait Mart à l’époque que ce film baigne dans une sorte de culpabilité diffuse assez pénible, mais pas parce qu’on culpabiliserait trop la sanction : au fond, comme disait Guillaume, « les élèves » sont » sympathiques, et même le pétage de plomb du grand ado africain, je n’y ai pas ressenti de menace ni de danger, physique ou moral, pour qui que ce soit ». Pour moi, le malaise reste le même qu’l y a huit mois : pourquoi le prof se sent-il obligé de prendre ça au tragique ? Et pourquoi il « casse » autant ses élèves ? Il y en a, chaque fois qu’ils disent un truc, non seulement le prof ne les écoute pas pour les comprendre, mais il déforme leurs propos pour les tourner en ridicule.
Au fond, en mettant en avant l’opposition entre le prof de lettres, qui culpabilise à cause de la sanction, et le méchant prof d’histoire-géo, qui fait son facho de service, ce film cache le vrai prof qui écoute quand on lui dit un truc, qui reste à sa place et qui essaie de faire son boulot : remplir une fonction.
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Tu as vu la Case de l’oncle Tom, qui dresse un portrait au vitriol de l’Amérique d’aujourd’hui ?
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Non. C’est sorti il y a combien de temps ? il faut compter avec le décalage mais le décalage est lui-même malheureusement variable et, évidemment, la plupart des films qui sortent en France ne vont pas jusqu’en Afrique. Sur le plan cinéma, l’Afrique, c’est le marasme total. Les cinemas ferment les uns après les autres et, même sur le circuit des DVD piratés, il n’y pas grand’chose.
Seuls ceux qui peuvent télécharger des films peuvent en voir, mais on télécharge toujours les mêmes et aprrès, on ne les regarde pas.
Résultat : le cinéma produit en Afrique est invisible. Il y a deux ou trois festivals, un à Yaoundé, un autre à Ouaga, mais la production est faible. Il paraît qu’il y a eu cette année à Cannes un film malien de Cissé, ça s’appelle Min Yé, je crois que c’esrt un superbon film. Ca parle de polygamie, enfin un sujet intéressant. Allez le voir pour moi, ça vous changera de Entre les murs et des histoires de profs de merde.
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Il y’a un film qui est sorti depuis, »La journee de la jupe » avec Isabelle Adjani (prof petant un cable) et Denis Podalydes (en flic , surprenant) qui est , par son scenario (un prof de lettres prend sa classe en otage !) et sa mise en scene, son intensite et ses personnages bien plus fort et plus percutant qu »’entre les murs. ».C’est de la fiction, de la docu-fiction, je ne sais pas, de toutes les manieres c’est bien plus pertinent pour traiter le probleme de la violence dans les ecoles de banlieues. Etre les murs fait un peu »Bambie » a cote…regardez si vous le puvez un jour…
http://www.youtube.com/view_play_list?p=AA43E37E06B183D0&search_query=La+Journ%C3%A9e+de+la+jupe
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Pour le cinéma africain, il faut venir à Angers. Il y a un festival chaque année avec tous les films africains intéressants sortis dans l’année.
Paris, à côté d’Angers, c’est un trou culturel. Et l’Afrique, à côté de Paris, c’est, euh.
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