Cela commence par du gris et des lignes droites. Des lignes presque contondantes, tranchantes. Gare à vous, vous entrez dans un sanctuaire.
Une esplanade surélevée comme un podium majestueux, et battue par les vents, en bord de fleuve. Pour aller à la bibliothèque, il faut donc gravir des marches, sur du bois glissant. Etudier, c’est d’abord avoir conscience d’un risque physique, d’un certain nombre d’obstacles à franchir. Une vénérable professeure d’université irlandaise, s’est, paraît-il, cassée les deux bras sur ces escaliers, il y a quelques années.
Cela commence donc par du gris, des lignes droites, des risques physiques, de la froideur.
Pendant les mois d’hiver et d’automne, les chercheurs se gèlent sur cette esplanade, et c’est une des belles choses qui montrent l’orgueil de la France éternelle. « Venez chez nous étudier, semble dire l’Etat, mais attention, cela ne sera pas de tout repos. »
Soudain, des arbres!
Etonnamment, la verdure et la forêt sont jetées dans un trou immense. Pour les protéger du vent, sans doute, mais aussi pour créer un contraste, pour créer un mouvement dans l’esprit des usagers. Après le gris, le vert ; après les lignes orthogonales qui affrontent la ville, les lignes mouvantes qui viennent réchauffer le coeur de l’édifice.
Le visiteur croit que les salles seront dans les grandes tours que l’on voit depuis la rue. Il n’en est rien. Dominique Perrault, l’architecte, y a mis les livres. Le chercheur doit, au contraire, descendre de longs escalators, ce qui génère un petit sentiment d’appréhension. L’idée d’aller dans un sous-sol, lorsqu’on étudie à Paris, n’est pas ce qui excite le plus – j’imagine – les étrangers venus de loin pour quelques mois. L’architecte leur dit : « Tant pis pour vous! Descendez donc dans mon antre, et ne dérogez pas aux innombrables règles qui encadrent le privilège que l’on vous accorde de venir étudier ici. »
Et quand les dernières portes s’ouvrent, de lourdes portes coupe-feu, hautes et sombres comme dans un cauchemar gothique, on se retrouve de plein pied avec la forêt. Elle était là pour cela, pour nous, pour les simples usagers.
C’est alors qu’on s’aperçoit que cette monumentalité inhumaine était en fait entièrement tournée vers les individus, les chercheurs du monde entiers, qui ont besoin de calme, de silence, de lumière, d’efficacité dans la consulation des documents nécessaires. Les arbres ne sont pas là que pour faire joli, ils ont une utilité absolue pour les humains : ils apaisent les lecteurs, ils sont visibles depuis les tables de travail et ils libèrent la respiration qui avait été un peu oppressée lors de la descente par les escalators.
La BNF représente magnifiquement l’architecture de notre temps, ou du temps qui vient de terminer. Si une bombe n’est pas jetée au milieu de la forêt, on pourra visiter ce monstre dans cent ans et on se dira : « c’était la fin du XXe siècle. Les architectes créaient des espaces paradoxaux qui provoquaient des sentiments contradictoires. On passait du métal au bois, du chaud au froid, on fixait des vertiges et on faisait des correspondances. Ils nous faisaient entrer dans leur monde, dans leurs rêves, dans leur conception du monde. »
nb: Toutes les photos sont de moi, sauf la première, prise sur le site Wikipedia.
Sur le caractère extra-terrestre de ce bâtiment que je fréquente régulièrement, je me permets de renvoyer ici:
http://www.mezetulle.net/article-28759466.html
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Le croquant, c’est aussi un personnage de Brassens qui va à cheval sur ses sous, et qui achète tout… ou qui voudrait bien
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Brassens maniait relativement bien la langue; il devait savoir que les croquants étaient les paysans révoltés du Périgord, lassés de payer des taxes. C’est en tout cas l’esprit de résistance qui a dû animer l’équipe du Croquant (revue dirigée pendant 22 ans par Michel Cornaton, professeur de psychologie sociale).
Pour plus d’infos sur les croquants:
http://nouvellelanguefrancaise.hautetfort.com/archive/2007/03/01/croquant.html
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Je dois faire une recherche sur la bnf pour demain j’éspère que j’aurais une bonne note…
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Bonne chance à vous Ninette.
Alors, comment s’est passée cette recherche ?
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