Whose woods these are I think I know.
His house is in the village though;
He will not see me stopping here
To watch his woods fill up with snow.
My little horse must think it queer
To stop without a farmhouse near
Between the woods and frozen lake
The darkest evening of the year.
He gives his harness bells a shake
To ask if there is some mistake.
The only other sound’s the sweep
Of easy wind and downy flake.
The woods are lovely, dark and deep.
But I have promises to keep,
And miles to go before I sleep,
And miles to go before I sleep.
Ce poème de Robert Frost (1874-1963) me fait penser au cottage de Tullyquilly, où je vais de temps en temps, et où mon ami Daniel m’invite à passer la semaine prochaine. Il ira à Belfast pour enseigner et il me laisse la chaumière où je couperai du bois et nourrirai les poules.Le poète américain possède l’art d’évoquer la nature, les arbres, mais aussi et surtout la présence d’êtres chers qui sont hors de portée et loin des yeux : « A qui est ce bois, je crois savoir / Sa maison est au village pourtant / Il ne me verra pas m’arrêter ici / Regarder son bois s’emplir de neige. »
Qui peut-il bien être, ce « he » de la première strophe ? Ce qui est étrange est que cet homme, qui possède le bois, est assez important pour que le narrateur s’arrête et pour qu’il ait cette pensée, mais pas assez intime pour que le narrateur soit sûr dès le premier coup d’oeil que ces bois sont les siens. Par exemple, ce ne peut pas être son père, à qui il pense. A supposer qu’il soit homosexuel, cela ne peut pas non plus être son amant, car deux fermiers américains gays sauraient reconnaître leurs avoirs respectifs. La fin du poème est pour moi bouleversante, et pour qui pourrait-elle ne pas l’être ? Là aussi, il existe des êtres chers à qui le narrateur a fait des promesses, qui le forcent à faire encore beaucoup de route : « Le bois est plaisant, sombre et profond / Mais j’ai des promesses à tenir / et des lieues à parcourir avant de m’endormir / et des lieues à parcourir avant de m’endormir. »Tout à l’heure, en sortant de la salle de sport, la nuit était sur le point de tomber, et j’aperçois Daniel qui prenait le frais près de la faculté d’histoire. Je lui parle de ce poème de Frost qui irait si bien dans son cottage. Il sourit et me dit qu’il aime beaucoup Frost. Quel poème, dit-il ? Je bafouille : « Whose woods… » et voilà mon Daniel qui récite le poème, avec son accent d’Américain distingué.
De temps en temps, il cale un peu, alors je l’aide d’un mot ou deux, et il reprend sans plus faire d’erreurs. Il le fait avec modestie, comme un bon élève français réciterait une fable de La Fontaine. Il faut que je lui demande si Robert Frost est appris à l’école des Américains, s’il a un statut comparable à nos Prévert et nos La Fontaine.
En attendant, si les universitaires savent encore des poèmes par coeur, alors on peut garder quelque espoir dans l’avenir de l’université.
Merci Guillaume pour ce beau billet .
J’avoue ne pas connaitre ce poete (entendu, mentionné, ça et la pourtant dans des folks songs favorites, -genre simon and garfunkel- , de mes parents mais c’est tout .) Je signale juste que je lis en ce moment du Emerson et que ces vers sonnent parfaitement a mon intonation existentielle du moment, et c »est trés bien car c’est assez relaxant aprés une journée harassante de boulot dans un lycée de banlieue. XIE XIE.
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Admirables quatrains, rimés à la chinoise.
Ils méritent assurément d’être sus par coeur.
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Oui les rimes m’ont intéressé aussi. Elles sont croisées de manière à créer et le mouvement et la fusion.
A ma connaissance, il n’y a pas de folk song composé sur ce poème, ce qui m’étonne, car cela semble écrit pour le banjo et l’harmonica. Je vais en composer une musique moi-même, à la guitare, et cela m’aidera à le retenir. C’est ma méthode depuis l’adolescence, et c’est grâce à elle que je connais plein de poèmes par coeur.
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J’ai dit que je connaissais le nom de Robert Frost grace a Simon and Garfunkel,grace à cette chanson :
Jolie méthode de mémorisation en tout cas.
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ce ne seraient pas des lieues plutôt?
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Mais oui, merci Anonyme, ce sont des lieues, je vais corriger incontinent.
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J’aime beaucoup la fin de ce poème cependant j’ai une traduction de ses paroles qui n’est pas la même et qui me plais beaucoup, c’est « La forêt est belle, Profonde et sombre, mais j’ai des promesses à tenir et du chemin à parcourir avant que je ne sombre, avant que je ne sombre. R. Frost »
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1 lien qui fonctionne ,
Ne sachant si c’était le même-
Beau –
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Autre référence : la dernière strophe est citée dans l’épisode « Fiel, mensonge et vidéo » de la série américaine « Elementary » de la saison 1 de l’an dernier, qui est repassé ce vendredi 30 janvier à 23h30 sur la 6, et qui s’achève sur la dernière strophe du poème que l’on voit dans un cadre offert en cadeau à Sherlock.
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