Voyage pas très loin, d’Alexis Jenni

J’étais à Paris cet été lorsque Le Monde des livres (nouvelle version) a sorti son numéro avec sa révélation de la rentrée. Alexis Jenni et son gros livre sur les guerres de l’après-guerre venait de frapper, et je me disais que c’était beau, un pays où l’on s’enflamme pour un écrivain, pour un livre, une fois de temps en temps.

Comme tout le monde, comme tous les lecteurs du Monde, j’ai su que c’est lui qui aurait le Goncourt.

Celui qui vient de remporter le prix Goncourt était d’abord un blogueur. Un blogueur voyageur si l’on en croit son titre. D’ailleurs, je crois que son roman, L’art français de la guerre, est une traversée des guerres coloniales, et une exploration de l’identité française en tant qu’identité colonialiste. Auquel cas (si c’est bien le cas), ce roman est promis à un réel avenir, non pas seulement comme « reprise provinciale des Bienveillantes de J. Littell » comme des imbéciles l’ont dit, mais comme proposition massive d’une littérature post-coloniale française. Ce n’est donc pas mal vu de s’être dessiné en « Para colonial » dans son propre blog, c’est un joli clin d’oeil.

Tous les billets de son blogs sont des dessins, qu’Alexis Jenny commente légèrement. Parfois, on note chez lui l’oeil du flâneur qui croque ses contemporains dans les cafés, sous la télévision. Point de vue intéressant qui  ne déplairait pas au grands écrivains périphériques tels que Jean Rolin et Iain Sinclair.

 Comme nous sommes tous les deux lyonnais, et que son blog est sous-titré : « J’aime bien aller dans Lyon », je suis enclin à un fort a priori positif. (Curieux comme sous-titre).

Quel que soit mon a priori, Voyage pas très loin d’Alexis Jenni se lit et se regarde très bien. En attendant de pouvoir lire son livre, car à Belfast, évidemment, aucune librairie ne le propose à la vente, il m’est donc toujours possible de me promener sur son blog.

15 commentaires sur “Voyage pas très loin, d’Alexis Jenni

  1. Evidemment, on l’a vu à la télé régionale, ce lauréat tout souriant. Le plus étonnant, c’est qu’il soit prof de biologie, et non de lettres. On voyait ses élèves à la sortie du lycée faire son éloge.

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  2. C’est Jenny ou Jenni?
    En tout cas, c’est sûrement pas un prof d’histoire. Il n’y a jamais eu de « parachutistes coloniaux », contrairement à ce que montre son autoportrait. Les troupes « coloniales », anciennes « compagnies ordinaires de la mer » fondées par Richelieu, soit des soldats d’infanterie embarqués sur des navires, et depuis le XIXe basés dans les colonies, comportaient de l’infanterie et de l’artillerie, mais il n’y a jamais eu de troupes coloniales aéroportées.
    C’est seulement depuis la transformation des anciens régiments coloniaux en « infanterie de marine », en 1967, qu’y ont été incorporé des unités de parachutistes, les célèbres RPIMa, ainsi que de la cavalerie.

    Je connaissais bien le 6e BIMa, basé à Libreville, mais j’ajoute pour le plaisir qu’il reste aujourd’hui, à titre de relique, un unique ancien régiment colonial dans les troupes de marine, c’est le non moins célèbre Régiment de Marche du Tchad, qui est basé fort illogiquement je ne sais où dans l’est de la France, alors qu’il devrait évidemment se trouver à N’Djamena, voire à Faya-Largeau, au lieu de quoi nous n’avons au Tchad que de vulgaires troupes de marine.

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  3. Amis lecteurs,
    il n’est jamais trop tard, pour mes étrennes j’ai reçu le Roman d’Alexis Jenni – Bon le 8 Novembre dernier j’avais fait ma petite revue de presse annuelle, Le Monde: » un Goncourt au goût français », mon Républicain Lorrain: « Jenni le géologue de l’Histoire »,
     » L’art français de la guerre, est une traversée des guerres coloniales, et une exploration de l’identité française en tant qu’identité colonialiste ».
    Je me réjouis de Lire ce Livre…
    A bientôt, je vous donnerai mes impressions.
    Bien Cordialement
    #MichelNoé @Sulpin

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    1. Je suis flatté de voir que vous citez ce blog dans votre « revue de presse annuelle », en le mettant à la même hauteur que le Républicain lorrain et Le Monde.

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  4. Je viens de lire le livre ,il m’a secoué,et bien qu’il y ait pas mal d’inexatitudes,je suis d’accord avec « nenette » je suis tout de même un peu blessé bien qu’apaisé par le beau role attribué aux paras dans le bled,monsieur Jenni,moi j’y étais dans la biffe,celle qui était sur le terrain 24hsur 24,l’opération terminée nous ne rentrions pas à Alger dans les casernes avec une permission de sortie,restaurant, boites,nous étions la sur place et assurions l’occupation,il arrivait que l’un des notres tombe oh certe l’Algérie n’était pas Verdun mais mr jenni nous avons souffert.reprenez votre plume et faite nous un aussi bon travail avec les appelés du bled.j’ai apprécié votre roman il montre bien ce que la guerre surtout coloniale a de pervers

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    1. Merci de ces impressions de lecture, Cyprien. Vous lisez à une allure folle, je dois dire, un pavé de cette épaisseur en 24 heures, je dis chapeau.
      Je suis sûr que M. Jenni va prendre bonne note de votre exhortation.

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      1. Pardon, j’ai commis une erreur en confondant Michel Sulpin et Cyprien. Le premier a reçu le bouquin le 18 janvier, et le deuxième a fini de le lire le 19 janvier. J’espère que Michel Sulpin n’oubliera pas de nous donner ses impressions à lui.
        J’attends aussi les impressions de Ben, qui semble avoir une connaissance inépuisable sur l’histoire de la coloniale.

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  5. pardon de ma confusion,en ecrivant nenette,je me suis trompé,je voulais ecrire Ben.Effectivement sa connaissance des troupes coloniales ou ayant servi dans les guerres coloniales semble bien établie.

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  6. Ah pardon, moi aussi j’étais bien d’accord avec Jenny, je veux dire Nénette, c’est quand même marrant qu’un prof de bio se mette à écrire des livres qui n’ont rien à voir avec les SVT.

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  7. que de pardons,on se croirait dans un acte de contrition.Un prof de bio à le droit d’écrire un roman,même historique.Il y a tres peu de gens qui osent l’exercice si ce n’est pour encencer la vérité officielle.

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  8. Ben a aussi une connaissance des programmes scolaires bien « actualisée », puisqu’il appelle SVT (sciences de la vie et de la terre), ce que j’appelle encore biologie, les ex-sciences naturelles ou même « leçons de choses » : observation, questionnement, analyse, une science du réel

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  9. Dans l’école où j’étais, on appelait encore ça « leçon de choses ». C’était joli, comme si on devait prendre des leçons des choses. Un peu moralisateur, et aussi un peu exagéré. Aujourd’hui, « SVT », ça ne veut pas dire grand’chose non plus : « sciences de la vie », comme s’il y avait une science de la vie. Il y a des sciences de la matière vivante, mais pas de « sciences de la vie » : dans la vie, on tâtonne, c’est pas des sciences. Et les biologistes eux-même ne s’accordent pas sur le concept de vie, la vie n’existe pas, disait Kahn. C’est vraiment surréaliste, ces dénominations de l’Education nationale. Il doit y avoir des poétes ratés parmi les inspecteurs et autres directeurs des programmes.

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  10. « J’étais à Paris cet été lorsque Le Monde des livres (nouvelle version) a sorti son numéro avec sa révélation de la rentrée. Alexis Jenni et son gros livre sur les guerres de l’après-guerre venait de frapper, et je me disais que c’était beau, un pays où l’on s’enflamme pour un écrivain, pour un livre, une fois de temps en temps. » Lire un livre est très simple; mais expliquer l’idée d’un livre c’est la plus complexe. Pire, convaincre quelqu’un de votre idée à propos d’un sujet ou un autre. L’idée de le faire n’a jamais été assez simple qu’aujourd’hui, en lisant un petit texte d’un grand écrivain j’ai réussi à trouver la solution : enseigner c’est la solution la plus rapide pour convaincre ! cette idée est originale !

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